Archives de catégorie : Politique / Activisme

LOPPSI, mobilisez-vous !

De manière harmonieuse dans toutes les régions de France, des collectifs sont en train de s’organiser pour échanger et agir ensemble contre les logiques induites par la Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure (Loppsi).

Bien que les raisons de lutter contre cette loi soient initialement différentes, tous les collectifs refusent la société de surveillance qu’elle est en train de mettre en place au sein de l’espace numérique et de l’espace public. À plus forte raison quand cette surveillance est sous-traitée ou menée conjointement avec des entreprises privées. Nous nous interrogeons sur cette loi qui réglemente à la fois l’espace public et l’espace numérique. Ce qui nous conduit à penser qu’il existe une volonté de « filtrer » les territoires publics et numériques, de certains « contenus », avec la peur que sur l’espace public, cela soit des Roms et des Sans-papiers…

Avec l’aide du collectif Anti Loppsi, nous avons pu vérifier et comprendre les logiques de cette loi in-sécurisant les principes de la liberté. Loppsi utilise sans ménagement les nouvelles technologies de l’information et de la communication à des fins de surveillance inédite des citoyens (installation de logiciels espions, utilisation accrue de la vidéo surveillance) et invente des nouvelles virtualités entre le citoyen et l’état ; les audiences judiciaires pourront désormais se tenir par « visioconférence », c’est-à-dire que le justiciable incarcéré préventivement sera confronté à ses juges sans quitter son lieu de détention – et sans que les juges ne se déplacent non plus.

Il fallait avoir ça à l’esprit, pour comprendre pourquoi il était nécessaire de s’attaquer à la neutralité du net pour à terme soumettre à la censure cet outil de diffusion de l’information. Au regard des événements qui se passent actuellement en Tunisie et de l’enfermement de blogueurs, on ne peut que s’inquiéter. On dénotera au passage que le blogueur n’est pas toujours un journaliste : c’est souvent un citoyen qui pense et qui écrit.

Le filtrage du Net, promis aux Majors de l’industrie culturelle par le président Nicolas Sarkozy, fait maintenant figure de brouillon devant ce que Loppsi nous réserve.

Les artistes ayant fait le choix des licences libres pour diffuser leurs œuvres sont évidemment concernés par « un internet » qui privilégierait l’accès à des contenus au détriment d’autres. En l’occurrence, les « contenus » des Majors de l’industrie sur les « contenus » autos-produits ou indépendants.

Un grand nombre d’artistes ont pu par internet éditer leurs écrits, leurs musiques, leurs films. Cela a permis à beaucoup d’entre eux de s’affranchir des contraintes esthétiques d’une industrie culturelle ne percevant l’œuvre que comme une valeur marchande ; et ce, au détriment de la diversité culturelle (en plus de sacrifier les valeurs de partage et de liberté).

C’est une banalité que d’affirmer qu’il ne peut y avoir d’Art sans liberté. Pourtant c’est tellement vrai. On a souvent cité Victor Hugo pendant le débat Hadopi : « … l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous. »

Il semble donc naturel que le collectif Libre Accès appelle avec d’autres à défendre l’intérêt public, à plus forte raison quand cet intérêt s’appelle liberté : Non au filtrage des espaces publics et numériques.

Et à participer autant que faire ce peu aux différentes actions en France contre la loi Loppsi, qu’elle soit à Toulouse, à Marseille, à Lyon, où à Paris (manifestation le 15 janvier à 14H – METRO ODEON)…

Plus d’info sur http://antiloppsi2.net

Ont participé à la rédaction de cette tribune : Joseph Paris, Jérémie Nestel, Julien Eisse

Le numérique et le nouveau ministère de la culture au Brésil

Je vous fais part des inquiétudes de nos amis Brésiliens dont les efforts autour de la libre diffusion semblent vaciller face aux usuelles prérogatives des lobbies du copyright (ca ne semble pas être trop différent ici comme là bas).

Ce pays en pleine émergence, à tous les niveaux, font une revue sur leur droits d’auteurs ; ce que j’avais pu lire allait plutôt vers l’idée du bien commun ; d’une notion de droit d’auteur plus adaptée au partage, à l’échange…j’en était presque jaloux vu les actualités austères de nos sociétés européennes…à part l’Espagne qui a su dire non à Hadopi… mais soyons clair ca ne durera pas.

Bonne lecture, et ne nous résignons pas au contraire ! Tisser des liens internationaux est un pas supplémentaire qui doit être franchi…a mon avis.

Bonjour à tous!

Le Ministère de la Culture du Brésil, depuis les huit dernières années, a mis en œuvre une politique de « culture numérique » fondée sur le dialogue avec la société et l´ouverture aux nouveaux paradigmes. Ainsi, il a soutenu le développement des logiciel libres, la promotion des licences ouvertes et des  actions pour de nouvelles formes de production et diffusion de la culture.

La nouvelle ministre Ana de Hollanda remet en question ces avancées ; ces quinze derniers jours, le ministère a annulé plusieurs réunions avec  les acteurs et mouvements de la société civile ; notamment ceux qui discutent en ce moment de la révision de la loi autour du droit d´auteur. Autre signe,  ils ont récemment changé la licence Creative Commonns du site (www.cultura.gov.br) pour une « Licence d´Utilisation » sans aucune valeur juridique.

Désormais les acteurs de la société civile brésilienne  s´organisent pour défendre la continuité des politiques pour le numérique qu’ils ont contribué à construire avec le ministère. Ils ont besoin du support de la communauté internationale pour démontrer que le  Brésil n´est pas seule dans ce débat.

Je vous envoie ci-dessous une lettre ouverte pour la Ministre Ana de Hollanda, rédigée par la société civile engagée sur le numérique au Brésil.
La signer et la faire circuler les aidernt grandement en ces heures sombres pour la culture au Brésil ; le lien où  vous pouvez trouver la lettre en français, anglais, espagnol et portugais est : http://www.cartaaberta.org.br/?p=92

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14/11/2010 – Rencontres : Garantir les libertés publiques et préserver les biens communs

ACTA

LIBRE ACCES invite à deux rencontres afin de « Garantir les libertés publiques et préserver les biens communs »

le Dimanche 14 novembre 2010 à 16h00 au Ministère de la Crise du Logement, métro : bourse, 24 rue de la banque 75002 Paris.

Autour : De la défense des libertés publiques et de la loi LOPPSI ( de 16h00 à 17h30), et de la préservation des biens communs et de la loi ACTA (de 17h30 à 19h30 )- avec la participation de Richard Stallman.

Garantir les libertés publiques pour préserver les biens communs (Lutter contre les nouvelles enclosures)

En février 2008, Richard Stallman, fondateur de la Free Software Foundation. et Jean-Pierre Berlan, ancien Directeur de recherche en agronomie à l’INRA. invités par les « Faucheurs Volontaires » et l’association Libre Accès, se rencontraient pour échanger leurs analyses respectives sur la captation des biens communs générée par l’invention, par les juristes des multinationales, de nouveaux « droits » divers de « propriété sur le vivant » (gènes, plantes, animaux), sur les connaissances comme les algorithmes des logiciels.

Jean Pierre Berlan, et Richard Stallman avaient alors appelé les citoyens à résister aux grandes entreprises qui, profitant de la faiblesse de nos démocraties contemporaines, prenaient le contrôle des Etats par l’intermédiaire de traités multilatéraux au sein de l’OMC (Accords ADPIC) et de l’OMPI, imposant de nouvelles lois comme le Digital Millenium Copyright Act aux Etats-Unis, la Directive EUCD en Europe, « La loi de lutte contre la contrefaçon », mensongère à plus d’un titre, votée au Sénat le 17 octobre 2007, permettant à des agents assermentés d’organismes professionnels privés (semenciers, industrie du disque, Business Software Alliance) d’apporter la preuve de la matérialité des « infractions », en ayant le droit d’enquêter, y compris sur Internet, en étant à la fois juge et partie.

Le colloque fut intitulé « les nouvelles enclosures des biens communs : du vivant aux logiciels » par analogie aux « enclosures » qui désignaient le mouvement d’expropriation des terres dévolues à l’usage collectif qui s’est déroulé sur plusieurs siècles et avait précédé et préparé la Révolution industrielle.

Deux ans se sont écoulés. De nouvelles lois telles que la loi HADOPI, LOPPSI 2 , ont amplifié ces « nouvelles enclosures ». De nouveaux accords multilatéraux comme l’Anti-Counterfeiting Trade Agreement (ACTA) changent la donne en ce qu’ils sont désormais négociés hors de toute instance internationale, sans la présence des pays émergents, dans l’opacité la plus absolue.

A l’origine de cet accord : la volonté des firmes pharmaceutiques d’utiliser l’épouvantail de la « contrefaçon » afin de limiter par tous moyens la circulation des médicaments génériques qui échappent aux détenteurs de brevets. Plusieurs navires en provenance d’Inde et à destination de pays du sud qui transitaient par l’Europe ont été bloqués par des douanes en 2008, en ce qu’ils transportaient des médicaments génériques dont les copies étaient légales dans le pays d’origine et dans celui d’arrivée, mais pas en Europe où les règles en matière de brevets sont plus strictes. Mais l’ACTA n’a pas seulement pour ambition d’établir de nouvelles règles multilatérales, au mépris de la subsidiarité, sur les molécules et les médicaments génériques ; elle promeut également la vision extrémiste du « droit d’auteur » des industries du divertissement qui souhaiteraient imposer la responsabilité des acteurs de l’Internet (fournisseurs d’accès, fournisseurs d’hébergement) pour le contenu qui transiterait par leurs services.

En mars 2010 le Parlement Européen, dans un vote à la quasi unanimité, adopta une résolution commune, soutenue par les cinq plus importants groupes politiques qui enjoignait la Commission Européenne à rendre public les documents de négociation de l’ACTA. Ce vote fut suivi, en septembre 2010, d’une « Déclaration majoritaire des députés européens contre le projet d’accord ACTA ».

Bien complexe d’analyser les logiques à l’oeuvre dans des domaines aussi divers que les logiciels, l’internet, l’agriculture, les médicaments, les arts, le tout dans une nouvelle donne internationale de guerre économique entre l’économie de rente sur la « connaissance » et les pays émergents à forte croissance… La venue de Richard Stallman en Europe sera l’occasion de continuer le travail d’analyse initié, il y a deux ans, afin de prolonger le dialogue entre les différentes communautés concernées par ces « nouvelles enclosures », harmoniser les points de vue et tendre vers une convergence.

Pour ce faire, nous vous invitons à deux rencontres :

1. De la défense des libertés publiques et de la loi LOPPSI, de 16h00 à 17h30, pour échanger sur les dangers ce cette loi, avec :

– Jean Baptiste Ayrault de l’association Droit au Logement,
- Mathieu Pasquini Co-président de Libre Accès Inlibroveristas,
- Fabrice Epelboin Read write web
- Michel Sitbon Collectif contre la xénophobie
- Jérôme Thorel Privacy France

Et sont par également invités, Big Brother Awards, l’ntersquat, le syndicat de la magistrature, le CLEJ, Syndicat des Avocats de France, Souriez vous êtes filmés, le comité anti délation, Jeudi Noir, MACAQ.

2. De la préservation des biens communs et de la loi ACTA, de 17h30 à 19h30, avec

- Richard Stallman, fondateur de la Free Software Foundation
- Jean-Pierre Berlan, ancien Directeur de recherche en agronomie à l’INRA
- Sandrine Bélier, eurodéputée Europe Ecologie, membre de la commission Environnement et de l’Internet Core Group
- Benjamin Bayart, président de FDN
- Christine Tréguier auteur, journaliste.
- Jérôme Martin, Commission Internationale d’Act Up-Paris
- Jérémie Nestel, Co-président de Libre Accès, Trésorier des MACAQ

Animateur : Philippes Charles Nestel (membre de l’APRIL)

Asso Musique Libre ! – comptabilité 2009

Bonjour à tous,

Quelques nouvelles de la comptabilité de l’association Musique Libre !

Nous avons repris tout 2009 et réalisé l’exercice comptable. Pour ce faire, nous avons utilisé les relevés de banque et ventilé les dépenses et les recettes par postes.

Nous avons donc aujourd’hui le compte de résultat et les annexes mais pas le bilan. Pour rappel, le bilan est une photographie de la situation financière de l’association à un instant « T », en l’occurrence à la fin de l’exercice : il permet de connaitre les dettes et les créances de l’association, ainsi que son patrimoine (les trucs achetés l’année d’avant et qui ne sont pas encore amortis, i.e dont la valeur est comptée pour l’année en cours). Pour ce qui nous intéresse, c’est un ordinateur et quatre chaises pour faire court, donc rien de grave, on est dans la moyenne des associations.

SYNTHESE

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Les deux dépenses principales sont :

  • Les déplacements pour des missions (environ 230€/mois en moyenne)
  • Les frais occasionnés par la présence de l’association sur internet (serveurs, noms de domaines etc.) pour environ 240€/mois en moyenne. On note un pic dans les dépenses, vers juin/juillet, qui est lié à l’organisation des RMLL mais qui donne lieu par la suite à un remboursement.

Le total des charges s’élève à presque 10 000€ pour l’exercice 2009.

Les recettes sont réparties autour de plusieurs sources :

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  • Les dons :
    Les dons sont une source historique de l’association qui couvrait jusqu’ici les dépenses courantes : on compte en moyenne 400 €/mois ce qui est super.
  • Les formations :
    Proposées par l’association sous forme de prestation de service, elles représentent en moyenne 70€/mois. Cette faculté qu’a l’association de créer une ressource mériterait d’être développée car en plus de ce qu’elle rapporte financièrement elle procure à l’association une voix et une autorité, par sa capacité de diagnostic du secteur culturel. C’est la façon pour elle de créer de nouvelles adhésions et d’affirmer son militantisme, d’une pierre plusieurs coups.
  • Les ressources liées à l’exploitation des belles bornes Automazic :
    Issues d’un formidable projet associatif, ces ressources résultent de l’exploitation des bornes livrées dans les médiathèques françaises sous deux formes : l’infrastructure serveur et la mise à disposition du catalogue. Les revenus pour l’année 2009 s’élèvent à 470€/mois en moyenne. Les sommes sont créditées moitié sur le compte courant de l’association et moitié sur le compte « fond de soutien » créé en 2009 et dont elle se sert pour soutenir des projets créatifs.

Le montant net du chiffre d’affaires (on ne fait pas rentrer les dons là-dedans) de l’association représente pour 2009 un peu plus de 8000€. En comptant les dons on arrive à peu près à 14000€.

CONCLUSION

Dépenses&Recettes2009

Comme on le voit, la situation de l’association est saine, les dépenses sont inférieures aux recettes.
Au 31 décembre 2009, l’association présente un excédent (i.e est créditrice sur son compte en banque) de 4385,42€.

Il est souhaitable que l’association continue de gérer « familialement » son budget, en consolidant ses adhésions, en continuant de percevoir des dons et en développant les formations pour compenser les dépenses liées à la fonction employeur de l’association (salaire + charges sociales), prévues pour 2010. Pour cette raison également (création d’un poste salarié) pour l’année 2010 nous allons essayer de tenir une comptabilité mixte (entre recettes/dépenses et compta d’engagements en partie double), qui n’est pas obligatoire mais souhaitable, et rendue possible par l’existence d’un bureau physique de l’association à Bordeaux.

Nathaniel – Trésorier de l’association

Adoption des nouveaux Statuts et du nouveau Règlement Intérieur

Suite à la dernière Assemblée Générale virtuelle de l’association Musique Libre !, de nouveaux Statuts et un nouveau Règlement intérieur ont été adoptés à l’unanimité.

Comme nous le disions dans notre dernier communiqué, ces modifications profondes de l’executif de l’association visent notamment à lui conférer une représentativité plus large, plus conforme à son objet, ainsi que plus de démocratie interne, avec la création d’un Conseil d’Administration composé de 5 collèges :

  • Membres Fondateurs
  • Musiciens
  • Labels
  • Mélomanes
  • Partenaires

Il reste maintenant à pourvoir ces collèges, en vue de la prochaine Assemblée Générale, qui élira les représentants du Conseil d’Administration.

Lettre Ouverte au sujet de la mission Zelnik

Monsieur le Président de la République,

Vous avez rappelé lors de vos vœux au monde de la culture votre volonté de protéger les œuvres et les artistes ; vous avez exprimé votre bienveillance toute particulière à leur égard.

Cette bienveillance ne peut pas être orientée seulement auprès de ceux qui se revendiquent appartenir à la « filière musicale » ; Au regard du droit d’auteur, chaque citoyen pratiquant un art, naïf ou pertinent, peut disposer des droits de toute cession sur ce qu’il crée et produit.

Cela est particulièrement vrai à l’heure où Internet permet techniquement de diffuser ses œuvres ; cela demande aujourd’hui à la société de s’adapter à ce média qui ne peut plus être discriminatoire.

Parce que nous avons la conviction que cette question doit être centrale, nous comptons sur votre bienveillance pour rappeler le droit pour chacun de pratiquer les arts et de participer à la vie culturelle de son pays ; et plus particulièrement à l’heure du bouleversement numérique.

Nous comptons aussi sur vos actions pour rappeler les valeurs auxquelles nous sommes tous attachés.

Continuer la lecture de Lettre Ouverte au sujet de la mission Zelnik

ddm.gouv.fr annonce : bataille hadopi au fouquet’s

C’est tombé sur le site de la Direction du développement des médias, service du premier ministre, eh eh eh : « les « anti-Hadopi » continuent la « bataille » au Fouquet’s en présentant un livre. »

Cet ouvrage regroupe quarante contributions de tous horizons, auteurs réunis par une commune vision d’internet, du bien commun, de ce que doit être une société digne de ce nom. La bataille hadopi est un moment, un épisode, d’une lutte. Ce moment, est dédié à la mémoire de Francis Muguet, scientifique et hacktiviste du libre et du bien commun, qui est mort soudainement ce mois-ci.

Se procurer l’objet, participer.
Oxyradio était sur place, voici le podcast de la conférence de presse

The Pirate Bay accoste (enfin) au tribunal !

Edit C’est un titre provoc’ pour évoquer le procès du site de partage bittorrent le plus populaire du moment. La provoc c’est l’arme de distraction massive des petits gars suédois de Pirate bay et Pyrat Byran. Du côté des plaignants on ne trouve que des « petites boites de prods indépendantes », Warner Bros, MGM, EMI, Colombia Pictures, 20th Century Fox, Sony BMG et Universal.
Sur le banc des accusés deux opérateurs du site thepiratebay, Gottfrid Svartholm Warg (aka Anakata), Peter Sunde Kolmisoppi (aka Brokep), « relativement » connus dans le milieu du téléchargement bittorrent, avec un membre du bureau pirate (à ne pas confondre avec le parti pirate suédois dont the pirate bay et bureau pirate ne partagent pas les opinions, même si le parti pirate supporte l’action de pirate bay), Fredrik Neij (TiAMO) (dont les serveurs avaient été saisis en même temps), et un homme d’affaire/politique pas trop recommandable (extrême droite), Carl Lundström, qui semble avoir financé indirectement pirate bay il y a un moment. Ce dernier constitue à lui seul le joker des plaignants d’un procès retentissant avant même d’avoir lieu, pour que le procès s’attaque plutôt aux personnes qu’au site, ou qu’à « l’esprit de la technologie » pour reprendre les mots d’un des accusés.

Récapituler rapidement comment ils en sont arrivés à un procès pour « facilitation de copie illégale » portant sur une vingtaine de chansons, moins d’une dizaine de films, et quelques logiciels, n’est pas chose aisée.

En 2006 (soit deux ans après la création du site) la police fait une descente dans le datacenter qui héberge les quelques serveurs de thepiratebay, ils en embarquent 180, dont la plupart n’ont rien à voir avec piratebay. Il apparaitra plus tard que cette descente était une entrave à la séparation des pouvoirs en Suède, un lobbyiste américain ayant réussi à convaincre le ministre de la justice suédois de faire en sorte que pirate bay soit stoppé, or le ministre de la justice ne peut pas, en Suède, donner d’ordre strict à la police.

Evidemment les opérateurs de pirate bay avaient fait des backups une fois prévenus par téléphone que la descente allait avoir lieu, avant même de rencontrer la police, laquelle les interrogea en posant plus de question sur leur idéologie ou idées politiques avant de prendre le temps d’essayer de comprendre ce que bittorrent peut bien signifier et comment ça marche.

Or il se trouve que ça marche de telle manière que thepiratebay n’a jamais enfreint la loi suédoise. Evidemment ça tremble dans le gouvernement, le ministre de la justice finit par être blanchi, mais ça fait du bruit, un bruit que savent très bien exploiter les 3 opérateurs du site qui font un buzz de tous les diables, quand la justice demande du temps pour enquêter.

Il aura fallu 2 ans et demi, donc, pour 4 logiciels, 9 films et 22 fichiers musicaux (!). The pirate bay avait remis en ligne 50% des backup 48h après le raid, 4 ou 5 jours après, le « service » était assuré de nouveau. Puis pendant les 2 ans et demi qui ont suivi, the pirate bay est devenu (ironiquement) le plus grand tracker bittorrent du monde, célébrant régulièrement des records de « peers » (partageurs), ajoutant des serveurs à leur réseaux, optimisant le code, créant de nouvelles perspectives pour le protocole bittorrent dont ils modifient le code (oui bittorrent est open-source). En ce moment si on regarde sur leur homepage ils sont régulièrement plus de 20 000 000 « peers » (les zéros ne sont pas anodins) à se partager plein de choses. Il ne faut pas se voiler la face, la plupart du temps des trucs merdiques (grosses productions ricaines, du cul j’imagine, des softs, que sais-je encore), mais, ne pas se voiler la face non plus, beaucoup, beaucoup de culture de qualité. Les grands « releasers » (pirate originel si vous voulez, celui qui achète le DVD pour le ripper et le partager) sont tous présents sur le tracker, et certains se spécialisent, ce qui fait que les classiques du cinéma sont là, la musique un peu rare aussi, les logiciels « abandonware » aussi. Ce n’est peut-être pas LA culture, mais un grand pan est disponible grâce aux partageurs utilisant the piratebay. Sans parler du téléchargement de ce qui n’est PAS pirate comme les distributions GNU/Linux, la musique libre, les logiciels libres. Marginaux sur piratebay certes mais présents.

Tout cela agace terriblement les lobbies américains et internationaux (RIAA, MPAA, IFPI et consorts) qui attendent eux-aussi de pouvoir se mettre sous la dent un « exemple », comme ils tentèrent de le faire maladroitement avec des individus aux Etats-Unis (on se rappellera de l’histoire de Jammie Thomas). S’ils arrivent à faire tomber l’emblématique piratebay, le reste suivra, c’est l’idée. Malheureusement pour eux TPB se porte très bien et respecte la loi. Leur relation aux médias est totalement transparente et leur réactions souvent puériles sont dignes des enfants qu’ils faut éduquer, les arguments, l’intelligence et le cynisme en plus. Du coup la sympathie qu’ils génèrent est mondiale.

Les accrocs dans cette relation avec la presse, les médias et le public sont rares mais notables. Une affaire passionnée qui avait vu the pirate bay refuser de retirer un fichier hash (le résumé d’un fichier qui permet d’aller le chercher sur les ordinateurs des « peers ») présentant les photos d’une autopsie d’une enfant, assassiné dans des circonstances sordides, ce qui provoqua une vive émotion en suède. L’argumentation des gamins de TPB était claire, ces images sont légalement disponibles et quelqu’un les partage ce n’est pas illégal ; « je refuse de retirer le fichier (hash, une suite de chiffres et de lettres, pas les photos elles-mêmes) comme je le refuserais de tout autre fichier présent dans le tracker ». Evidemment la passion déclenché par l’affaire leur a fait une terrible image : invité en dupleix téléphonique par une émission télévisée, Peter Sunde, porte parole de TPB, avait décliné l’invitation si les parents étaient présents, arguant que la problématique de ce fichier ne pouvait décemment pas être débattue dans un climat de passion, que c’était une décision rationnelle et qu’il serait facile d’en faire du sensationnel, ce qui ne servait pas la compréhension du mouvement des partageurs. La chaîne de télévision a finalement piégé Sunde en laissant les parents intervenir dans la conversation téléphonique, après lui avoir garanti le contraire. TPB decide alors de ne plus communiquer avec les médias, laissant aux médias la charge de s’informer. Reste que the piratebay proclame n’avoir jamais retiré un seul fichier hash du tracker, à l’exception de quelques fake (faux) reconnus.

L’encre coule donc beaucoup autour de TPB, on les accuse d’être multimillionaires grâce à la publicité sur le site, mais eux rigolent en disant que depuis le raid, les gens comprennent qu’ils sont des pirates et les annonceurs ne se bousculent pas. Il suffit de voir les annonceurs actuels du site pour comprendre que ce n’est pas vraiment ce qui leur rapporte de l’argent, d’ailleurs rien n’en rapporte au vu de la maintenance des dizaines de serveurs que TPB exploite (dont un est maintenu dans un coffre fort, on ne sait jamais ; d’autres sont contractuellement dans des endroits inconnus des opérateurs). L’argent est le deuxième accroc de communication de TPB qui a bénéficié un temps du soutien indirect d’un homme d’affaire d’extrême droite, soutien pécuniaire évidemment : c’est cet homme d’affaire prompt à créer la passion que la partie adverse a attaqué aussi pour éventuellement enfoncer un peu TPB dans ce jugement. Les documents que j’ai consulté concernant cette affaire n’était pas très clairs pour moi, étant pour une bonne part disponibles uniquement en suédois, mais la « ficelle est grosse » comme dit dans numerama.

Ensuite ils font carrément réagir des gouvernements : récemment le gouvernement Italien a demandé aux fournisseurs d’accès de couper/filtrer l’accès au site thepiratebay. Entre temps les pirates ont réagi et eu gain de cause. Au Danemark, après une décision de justice à l’encontre du plus gros fournisseur d’accès, comme un effet boule de neige, tout les FAI danois coupent/filtrent thepiratebay. Evidemment il n’est pas facile d’interdire l’accès à un site dans un réseau décentralisé, et dès que thepiratebay est filtré dans un pays (la plupart du temps par filtrage DNS) ils publient une page dans la bonne langue pour expliquer comment continuer à joindre le site souvent via une manipulation très simple (sous GNU/Linux) ou en recommandant des services type DynDNS. Une récente étude portant sur les statistiques du tracker de TPB montre une chose tout à fait surprenante : 33% des échanges de fichiers sur le tracker (la plus grosse part unique pour un pays) proviennent d’un pays ou l’accès à pirate bay est interdit et coupé/filtré : la Chine. Plus énorme encore, pour les technophiles, TPB représente le tracker qui à lui seul assure 50% du trafic bittorrent sur le réseau, de sorte que cette centralisation fait peur à des chercheurs qui se disent que si thepiratebay tombe (ce qui ne sera pas pour demain) par effet de domino beaucoup de serveurs très petits devront prendre le relais et tomber eux aussi, pour les plus fragiles. Ce qui aurait un impact considérable sur le trafic bittorrent (et au passage sur le téléchargement de DVD Linux légaux disponibles plus rapidement en bittorrent).
Leurs manières « d’incorruptibles » et le ton des emails qu’ils renvoient aux avocats américains voulant imposer la loi américaine partout dans le monde, en ont fait, sans doute malgré eux, mais ils s’en accommodent fort bien, les porte-parole des internautes partageurs, et le procès qui s’ouvre est historique au sens où il définira la nouvelle limite pour les autorités dans leurs moultes tergiversations pour sauver l’industrie (inadaptée) du disque, ou permettre à Hollywood de continuer à (littéralement) se « gaver ». DADVSI, Hadopi, riposte graduée, filtrage du net, abandon de la neutralité du net, marchandisation totale du réseau, tout ceci prendra à l’évidence une nouvelle tournure à l’issue du procès. Soit pire encore, si c’est possible, soit de manière plus saine et pondérée, à l’instar de l’Espagne qui à encore récemment affirmé en justice que l’utilisation du P2P à titre personnel est légale. Ou encore en écoutant un ancien haut placé de chez EMI qui estime, aujourd’hui qu’il n’est plus en fonction, que les DRM et le filtrage ne servent à rien !

Voilà donc aujourd’hui que s’ouvre le procès. Après avoir demandé à ce qu’il soit retransmis sur le net en vidéo (obligation de transparence nécessaire à leur yeux), ou que la salle d’audience aie les dimensions qui permettent à plus de monde de venir y assister, deux demandes rejetées, TPB obtint au moins la transmission audio temps-réel du procès, laquelle est traduite immédiatement en anglais, mise en ligne : un site dédié couvre le procès, un twitter balance les news minute par minute, un bus converti en centre de presse stationne non loin du tribunal, des concerts et des « talks » sont organisés dans la rue, le soutien est massif et l’intêret des partageurs du monde entier est énorme (au point de faire défaillir le serveur qui sert de blog). The pirate bay sait organiser un spectacle, ils ne cessent d’ailleurs de le répéter depuis un moment, en substance « en février l’état finance un spectacle public, c’est le spectacle du procès de pirate bay, venez nombreux »

Certains membres de TPB et du bureau pirate ont tenu une conférence de presse sélective ce dimanche 15, certains médias (dont ils jugent que les questions seraient une perte de temps), vous pouvez en lire un bon résumé dans torrentfreak.com et aussi sur Numérama (qui semble avoir pris la mesure de ce procès et le couvre assez bien).

Pour mieux comprendre les gaillards, ce qui leur est arrivé et leur manière de réfléchir, regardez-donc Steal this film part 1 (et la 2e partie aussi très intéressante et moins axée sur TPB), et voguez directement sur leur site, il me semble qu’en cherchant « pirate bay » sur pirate bay on trouve des choses intéressantes.

De ce que j’ai pu lire de la première journée d’audience, c’est que le procès s’oriente sur les personnes et peu sur la technologie, ce qui est fort dommage, espérons que les bonnes questions sauront surgir plus tard.

Edit : Post écrit hier, qui est déjà « obsolète » pour partie. La deuxième journéea éte’pleine de rebondissements, et surtout une grosse surprise : le procureur se voit obligé d’abandonner la moitié des charges retenues contre piratebay, tout ça pour incurie technologique…
(Pendant ce temps ce cher Luc Besson…)

dF