Gratuit c’est pas libre !

Gratuit c’est pas libre !
C’est vrai quoi : il serait temps d’inverser le gimmick facile : ‘libre c’est pas gratuit’, à quoi répondent facilement divers intérêts, et qui se décline d’ailleurs pour peu qu’on y cède en ‘gratuit c’est libre’ ou en ‘libre de droit c’est gratuit’.

Eh ben non ! Et même le fameux « prix libre » ne saurait permettre à d’aucuns d’arguer que « ben quoi c’est libre »… Car en effet c’est précisément et rigoureusement libre, à telle enseigne que si tu files 1€40 pour 2 cds, moi le vendeur suis également libre de te dire : « no blemo, mais tu vois, tu gardes tes 1€40 et je garde mes cds, je suis libre comme toi ». Ah !!

beth'copyleft : 1 logo du copyleft par bituur esztreymCar, soyons sérieux, toute l’entreprise de la musique libre, depuis que Ram Samudrala a écrit la Free Music Philosophy en 1994 puis 1998, et la Free Music Public License en 2000-2001, et depuis qu’apparurent la Licence Art Libre en 2000 puis les Creative Commons fin 2001-2002 (us), et d’autres, est de manifester, non que tout-li-monde-il-y-fait-c’qu’y-veut, mais que le musicien, l’auteur, reprend la main, contre les « intermédiaires », ceux-là mêmes qui dans toute l’histoire du droit d’auteur déséquilibrent (ou tentent de – souvent avec succès – déséquilibrer et biaiser à leur avantage) la relation entre les auteurs et le public.

Quiconque travaille dans le domaine de la « production audiovisuelle » pour faire large, sait que le « libre de droit » n’est pas gratuit : le web regorge de sites de producteurs/distributeurs de « musique libre de droits » que les clients potentiels, producteurs de pubs, de sonorisation, de clips, de sonneries téléphoniques, de « tounes » (à la québéquoise) d’ascenseurs etc., savent être libre de perceptions, mais néanmoins payantes : ces musiques « libres de droits », vendues « au kilo », ou au « Mégabyte », n’entraînent nul engagement de perceptions ou droit d’auteur d’aucune sorte, mais sont payantes ; ces sites ont des catalogues, des tarifs, on raque, et voilou. L’utilisateur paye un tarif, et basta.

Or voici que se méprenant, cherchant la martingale (et comment les blâmer – sauf que : là non…) et découvrant la « musique libre », « dite » ou « réputée » gratuite (et la confondant avec..), d’aucuns s’imaginent pouvoir trouver là la poule-aux-oeufs-pas-bézef, voire nib’. Ben non !

Ne serait-ce que pour la raison, qu’ils n’ont pas encore aperçue, que l’utilisation d’une musique libre (id est publiée sous licence de libre diffusion) suppose que l’oeuvre dérivée, savoir la publicité, le podcast radio, le clip – si la musique qu’ils intègrent est sous licence libre – soit sous même licence : … la pub, le clip, doivent également être sous licence libre… c’est-à-dire librement réutilisable, modifiable, (re)distribuable, etc…

Mais même sans cette condition de viralité de diffusion libre, l’usage des licences de libres diffusion implique le respect de certaines règles. Cela n’a rien à voir avec les « musiques libres de droits » : lesquelles, on contacte le site ou diffuseur, on achète la zik, et basta. Là non : dans le cas de la musique libre, on contacte l’auteur, le label, on se conforme aux termes de la licence, on paye à l’auteur ce que de droit, et l’on rediffuse l’oeuvre dérivée selon les termes indiqués par la licence choisie par l’auteur…

D’où confusion entre « musique libre de droits » et « musique libre » : car ce n’est pas du tout, mais pas du tout la même chose.

La « musique libre » telle que nous l’entendons ici, et que tend à s’en répandre le sens, est la musique dont les auteurs ont choisi d’assurer eux même la gestion (gestion individuelle – et non collective – des droits d’auteurs), et qu’ils ont choisie de diffuser sous des licences de libre diffusion, ou LLD, qui leur assurent la maîtrise de la dissémination.

Il est vrai que ne sont pas encore assurées les conditions publiques, économiques, d’une diffusion, distribution et valorisation économique des oeuvres « libres » ainsi entendues. Ce qui est fort dommage, car des études déjà menées montrent que la répartition de l’attention, diversité et symétrie, dans un régime de distribution et offre « libres », est répartie beaucoup plus équitablement que dans un système concentré tel que celui qui domine encore actuellement.

La différence statistique est « blatant » comme disent les anglois : violemment saisissante, pourrions-nous traduire. Jusqu’à maintenant, les conditions dominantes actuelles des circuits de distribution et répartition de l’attention empêchent que se manifeste clairement la vertu macro-économique du libre pour la culture…

Wait and see… Watson est mort ; nous sommes vivants, passionnés et à l’oeuvre.

(note : il est clair – n’est-ce pas, nous l’espérons – sauf pour quelques tanches, que « gratuit c’est pas libre », hein, comme l’illustre a fortiori l’usage par d’aucunes méga-entreprises du téléchargement gratuit pour peu que l’on se fade la pub imposée : n’y revenons pas…)

16 réflexions sur « Gratuit c’est pas libre ! »

  1. yza

    Concernant la licence CC qui n’en n’est pas une.
    La référence est indiqué par le logo CC (en bas à droite du footer…).

    « il n’y a pas de référence de licence sur les titres mp3 »
    Enfin une remarque intéressante, mais c’est prévu.
    Pour faire ca proprement il faut que je modifie un plugin.

    J’ai déjà précisé que j’allais ouvrir un blog.
    C’est pourquoi j’ai assez perdu de temps en bavardage inutile.

  2. @mister buzz
    Effectivement c’est pas le lieu pour débattre de ton faaaaaabuleux site, mais puisque tu prends le risque d’en faire la pub ici….

    Concernant le 3/ je maintiens que CC n’est pas une licence, il n’y a pas de référence de licence sur les titres mp3.

    Et puis mon blog n’est pas une colonne Morris, et celui-ci non plus d’ailleurs.

    Je maintiens donc aussi que tu ne t’es pas intéressé une seule seconde à l’article sur lequel tu produis ton commentaire publicitaire qui fût la cause de ma suggestion énervée, et je le suis encore.

    Effectivement tu peux aller où bon te semble, et même ici au risque de subir mes remarques, qui ne te semble pas constructives (et pourtant petit scarabée ….)

  3. @yza pour qui je me sent obligé d’apporter quelques précisions :

    1/ « gratuitement balancé trois fois en plein milieu sur la 1ère page »
    Un petit test pendant que le blog n’est pas ouvert sur le trafic généré pour les requettes « écouter de la musique gratuitement » et « télécharger de la musique gratuitement ».

    2/ 3 tones d’adsense
    L’unique publicité du blog (qui n’est qu’une image pour l’instant) est la colonne en page d’accueil. Qui devrais à terme, permettre de louer un ftp avec assez de bande passante pour proposer le téléchargement et la diffusion sur un serveur dédié.

    3/ contenu sous licence CC
    Le footer indique que le contenu est diffusé sous licence CC.
    Je ne vois d’ambiguité…

    Concernant la suggestion un tantinet énervée :
    Pas de problémes, apprendre n’est pas une contraite et les critiques ne me dérange pas, à partir du moment ou elles sont fondées et constructives. Bien que l’endroit ne soit pas approprié pour en discuter…

    Par contre en ce qui concerne les sites que je fréquente, et les votre par la même occasion, ce qui à de bien avec internet c’est la diversité…
    Et d’aller ou bon nous semble…

  4. oO
    Bon bah… Mr le buzz du sound…euh comment dire … « gatuitement » balancé trois fois en plein milieu sur la 1ère page sur « Musique » « diffuser » « écouter » et 3 tones d’adsense plus le contenu sous licence CC : c’est un peu court jeune homme !

    …euh… alors voici une suggestion un tantinet énervée : d’abord commence par lire l’intégralité de l’article ci-dessus puis tu te renseignes sur les tenants et aboutissants des licences ouvertes et leurs possibles utilisations sur un site avec pub et après soit tu refais ton « petit blog » soit tu ne reviens pas !

    Et puis, en ce qui me concerne, j’ai déjà trouvé bonheur sur dogmazic et parfois sur un « petit blog » nommé auboutdufil.

  5. J’ai pas de rendez-vous, en ce moment j’essai de monter une association, pour entre autre, pour mener une action en justice contre les États qui soutiennent le principe de propriété intellectuelle tel qu’on le connais en France, pour crime contre l’humanité.

    Comme pour monter une asso il faut être au moins deux, je recherche du monde en ce moment. Si ça t’intéresse n’hésite pas à m’envoyer un mail.

  6. Bah psychoslave, tu considères le CPI comme immoral, c’est ton point de vue. N’empêche que, légalement les licences de libre diffusion sont adaptées au CPI, voilà ! C’est pas un avis, c’est pas un choix, c’est un fait…

    Sinon t’as rendez-vous quel jour avec Mme la ministre de la culture pour lui faire par de l’immoralité de la chose sus-nommée ?

  7. C’est l’hopital qui se moque de la charité. Musique libre, musique sous licence libre et musique libre de droit, sont trois choses différentes, là où vous faites volontairement l’amalgame des deux premiers. Et ça déjà été rapporté plus d’une fois.

    Et là aujourd’hui que lis-je? Les méchants font exprès de faire des amalgames entre musique libre et musique libre de droit. Mais c’est les même méthodes que vous employez!

    Une œuvre sous licence libre ne demande pas qu’on ai besoin de l’autorisation de l’auteur pour en faire quoi que ce soit.

    Le problème c’est le concept de propriété intellectuelle, qui va même à l’encontre de ce que déclare la déclaration universelle des droits de l’homme.

    Voila un petit brouillon qui explique ce qu’est une œuvre et pourquoi la propriété intellectuelle est immorale (si la DUDH c’est la moralité) : http://psychoslave.free.fr/fichiers/propri%c3%a9t%c3%a9%20intellectuelle.pdf

    Ce discours de démago vaut pas mieux que celui des majors, c’est toujours une volonté de réprimer la liberté d’expression d’autrui qui est derrière.

  8. Hé oui Aisyk, ça fait un petit moment que je pense que le terme de licences ouvertes est plus adapté.
    Déjà pour éviter les critiques du milieu pur et dur du libre, ensuite parce qu’il n’y a pas de graduation directe sur l’ouverture (un peu, beaucoup, passionnément), et c’est quand même vachement plus sexy que « licence de libre diffusion ».
    Enfin, ça permettrait d’être en accord avec les termes très utilisés par les anglosaxons, « open licenced music » ou open music, ou open licence music, …

  9. Chouette texte, ‘faudrai le gueuler au mégaphone, des fois…
    Sinon, le « some rights reserved » des CC est bien vu, je trouve… mais c’est anglais.

  10. Dans le rapport du CSPLA il est fait mention de « licences ouvertes »… Peut-être que ce serait cette appellation qu’il faudrait prendre…

  11. Cet article rejoint exactement ce qui est mis en débat sur certaines discussions actuelles du forum.
    J’avoue que le mot « libre » mis à toutes les sauces, si galvaudé politiquement, et si ambigu en anglais, commence à me puer au nez. Au point que même le terme de « musique en libre diffusion » ou « sous licence de libre diffusion » ne me satisfait pas. Cela fait un moment que je me dis qu’il faudrait imaginer une autre appellation : mais j’ai pas trouvé (musique sous licence de « mon poing dans ta gueule si tu cherches à m’exploiter », c’est pas très présentable, mais c’est ça l’idée).

  12. Le problème est peut-être lié au fait que free veut dire libre mais également gratuit.

    Ne tendons pas la perche pour nous faire battre en disant que les publicités utilisant des musiques sous LLD doivent être diffusées sous ma même licence. Les publicitaires n’attendent que cela.

  13. licence : CC by-sa, comme tout le contenu texte de dogmazic, il est vrai que ce n’est pas mentionné sur le blog (à faire, merci), mais le blog est un élément du site, donc CC by-sa pareil. 2.0 pour l’instant, très sûrement 3.0 dès que celle-ci sera « portée » en droit français.

  14. Bon article qui gagnerait a être diffusé aussi en dehors des sphères militantes… A propos, quel est la licence de ce texte ?

    Effectivement, il existe un problème, avant tout de vocabulaire : Quand on parle de musique « libre », nous, personnes artistes/intéressées/militants de la libre diffusion entendons « en libre diffusion » mais pour le premier venu, ça peut aussi bien être « libre de droits ».

    Il faudrait en fait je pense, essayer de parler de « musique en libre diffusion » (utiliser le terme prévu pour ça en fait ;-). pour lever l’ambiguïté.

    « musique libre » est plus vendeur, plus connu, mais éviter ce terme trop vague permettrait justement de susciter une curiosité…

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