Une brève histoire de la lutte contre les pirates

Nous vous livrons avec grand plaisir cette brève histoire de la lutte contre les pirates , avec l’aimable autorisation de son auteur. On ne saurait faire à la fois plus limpide, argumenté (et sourcé), plaisant et vif. On suivra les dernières aventures des méchants, – non, pardon… – (anti-)héros de cette histoire, les gens qui crient très fort et les adopis, sur nonfiction.fr, pcimpact et numerama. Et l’on s’instruira en riant avec Pascal. Et hop, on signera la pétition de SVMlemag.

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Sujet: vous raconterez comment s’est organisée puis développée la lutte contre les pirates de musique et de film sur l’Internet. Vous rédigerez une conclusion sur la base de ces faits donnant votre sentiment.

C’est l’histoire de gens qui crient très fort dans la radio et la télé. Il y a Pascal, et puis un autre Pascal et puis Johnny (celui qui est allé en Suisse en criant, puis il crie plus mais il est resté là bas). Et puis des fois, il y a des moins connus aussi, mais ils crient moins fort. Ils sont tous copains avec le Président de la République, parce que le Président de la République, il sait crier très fort aussi.

Un jour, ils se réunissent et trouvent que tous les gens qui écoutent de la musique et regardent des films avec Internet, comme moi et mes copains, ils font rien qu’à leur faire des misères et à leur voler leur fromage.

Alors ils décident d’envoyer les gendarmes. Ca fait peur parce que les gendarmes, d’habitude, ils s’occupent de gens très méchants, avec des gros révolvers et qui font du mal aux gentils. Là, les gendarmes, ils vont gronder une maman, et puis une jeune fille (avec des boucles) et un professeur aussi. Et ils veulent les mettre en prison avec les gens très méchants avec les gros révolvers.

Mais ça marche pas bien, parce que tout le monde pense que les mamans, les jeunes filles (avec des boucles) et les professeurs, ils sont gentils.

Les gens qui crient très forts et les amis de Sarko, ils disent: “bon, c’est pas grave, on va mettre des tapettes à souris sur la musique et les films”. En vrai, ils appellent pas ça des tapettes à souris, mais des déhèraime.

Ca marchait pas bien, les tapettes à souris: en fait, souvent, ça tapait sur les doigts des gens gentils qui voulaient donner à manger à ceux qui criaient forts. Là où ça fait peur, c’est que les gens qui criaient forts, ils ont dit qu’il fallait envoyer les gendarmes chez tous ceux qui enlevaient les tapettes à souris pour qu’elles arrêtent de casser les doigts des gens gentils. J’ai pas compris pourquoi mais il y a un monsieur important, Hervé Dévé, qui était bien d’accord. Hervé Dévé, il arrêtait pas de dire qu’il voulait donner à manger aux gens qui crient très forts avec les déhèraimes. C’est vrai que si les souris mangeaient tout le fromage, ça faisait plus beaucoup à manger pour les autres.

Là, il y a des gens qui ont dit: faut arrêter les tapettes à souris et donner quand même à manger aux gens qui crient très fort. Ils ont dit d’aller chercher du fromage sur internet pour donner à manger à ceux qui crient et qu’ils arrêtent de crier et qu’ils nous laissent écouter de la musique et regarder des films sur internet. Mais les les gens qui crient très fort, ils ont crié encore plus fort je sais pas pourquoi. Peut être qu’ils étaient habitués à leur vieux fromage, ils en voulaient pas un nouveau.

Hervé Dévé, il s’est battu comme un lion -c’est lui qui l’a dit- pour mettre des tapettes à souris. Et puis les gens qui criaient très forts, ils ont dit, ben non, finalement, c’est pas bien les tapettes à souris.

Et puis comme les gens qui crient très fort, ils sont malins avec plein d’idées, ils en ont eu une autre, d’idée. Ils ont dit: si on peut pas envoyer les gendarmes chez les gens qui écoutent de la musique et regardent des films avec internet, et si on peut pas mettre des tapettes à souris, alors on va leur enlever internet. Mais les gendarmes ils ont pas voulu: ils ont dit qu’ils fallait respecter les droits des hommes, sinon ils allaient être punis. Alors le Président de la République, il a dit, “vous inquiétez pas” aux gens qui crient très forts et il leur a promis des nouveaux gendarmes plus coulants.

Mais attention, ce serait des gendarmes très intéressés aux droits des hommes, aussi. Le Président de la République, il s’intéresse beaucoup aux droits des hommes. En fait, les nouveaux gendarmes plus coulants, ils seraient juste plus intéressés aux droits des hommes qui crient très forts qu’aux droits des autres hommes. Ils s’appellent les adopis. Leur travail, c’est quand quelqu’un crie très fort parce que quelqu’un écoute de la musique sur internet, ils écrivent une lettre à sa maman et puis après ils enlèvent l’internet de toute la famille. Et puis aussi le téléphone et la télévision. Et puis les adopis, ils sont plus forts que Superman, parce que maman, elle a pas besoin de se déplacer ou de parler, elle peut même pas dire que c’est ma faute et moi je peux pas dire que c’est le voisin qui a rigolé avec le wifi pas protégé: l’internet et le téléphone et la télé, ils sont arrêtés tout seul. Fallait pas faire des bêtises avec le fromage des gens qui crient très fort.

Conclusion: je crois pas que les nouveaux gendarmes plus coulants de Nicolas, ils marchent mieux que les tapettes à souris ou les gendarmes de d’habitude. Les gens qui crient très forts, je crois qu’ils doivent aller chercher à manger ailleurs et arrêter de crier, parce que ça fait mal à la tête.

Benjamin, 8 ans – alias Florent Latrive
Photo: peasap sous licence Creative Commons

7 réflexions sur « Une brève histoire de la lutte contre les pirates »

  1. –> FredoZeul :
    pis la techno fait aussi que tu peux convertir sans perte à l’infini aussi,
    et que tu peux faire ça à très très grande échelle …

    Merci pour la p’tite histoire sinon, c’était très sympa

  2. En ce qui concerne les tapettes à souris, je les ai évitées en achetant des CD de groupes suédois et finlandais, y compris quand ils chantent en finnois ou suédois, et souvent, en contactant le groupe, je leur ai fait savoir que grâce aux tapettes à souris, je me suis intéressé à ce qui se passe musicalement chez eux, et que là-bas, c’est vachement moins formatté qu’en France. Finalement, Pascal Pingre devra se passer de mes sous. Quoique je crois bien que je lui en donne quand-même chaque fois que je grave un CD avec mes propres morceaux de fromage.

  3. La différence entre une K7 analogique et un CD ?

    Dans le premier cas, on a affaire à une copie avec distorsion du son, souffle, perte du signal, etc. Le transfert du support original au support K7 se fait en temps réel. Dans le cas du CD, on a affaire à un clone presque indétectable qui prend quelques secondes à fabriquer. Ce n’est donc pas la même chose. Ensuite, avant internet, la diffusion était artisanale, de la main à la main, aujourd’hui par le biais des réseaux P2P, la diffusion est massive et à l’échelle d’une planète. Quand à dire qu’il y a tellement de « drm » sur les cd commercialisés actuellemnt c’est trés abusif. Ce qui est vrai par contre, c’est que les industriels qui ont fabriqué puis commercialisé les techniques et les supports de clonage pour gagner de l’argent sont aussi ceux qui aujourd’hui qualifient de pirates ceux qui les utilisent alors que ces technologies et leurs applications sont légales. Ce qui me fait rire c’est que l’industrie est en train de masquer son changement d’époque avec tous les dégats collatéraux que cela suppose en portant nos regards crédules sur le fait que ce serait le citoyen/utilisateur de technologies légales qui en serait la cause. On dégraisse la chaîne- artistes non rentables, techniciens, personnels administratifs, délocalisation de la production-mais l’industrie continue à se goinfrer tranquillement.

  4. On peut pas dire que c’est pareil, parce que avec les K7, la suggestion (tiens écoute ca) et le prêt venaient de la même personne.
    La tu copie de chez qq un d’autre que tu ne connais pas, donc bon y’a pas QUE la techno qui change.

  5. Il y a quelque chose que me fait doucement rire dans cette histoire. Quand j’étais minot, je copais les disques des copains sur des K7 et les concerts aussi des K7 (mais plus grosse celle-là). personne ne trouvait grand chose à redire. Sauf une fois on j’avais appris au 20 h que les petites et les grosses K7 seraint taxés afin de reverser les droits de copies aux artistes.
    Alors il faudrait qu’un jour quelqu’un m’explique quelle est la différence fondamentale entre recopier un disque sur une K7 et recopier un CD sur un CD vierge ? L’acte est le même, seule la technologie change.
    Bon c’est vrai que je continu a acheter des CD – le problème c’est que je ne peut plus les lires – Ils sont tellement bien protégés que même ma platine salon rechigne a lancer la lecture. Du coup c’est pour ça que le CD est gratuit et que tu achètes juste la pochette 20€.

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