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La musique a-t-elle une valeur ?

La valeur intrinsèque de la musique a été réduite à zéro. Alors que l’art contemporain vaut des millions de par sa simple valeur d’exclusivité.

Wu Tang Clan.

C’est ainsi que le Wu Tang Clan défend sa démarche de ne produire qu’un seul exemplaire de sa musique et d’en faire un objet unique, placé dans un coffre d’argent et gardé au Maroc. Voir leur site dédié à leur démarche.

Scluzay
Scluzay

Bien avant eux, Jean Michel Jarre en 1983 avait fait la même chose avec un album sur vinyle à un exemplaire, Music for supermarkets. Il en avait fait un événement sur RTL en ne le diffusant qu’une seule fois à l’époque et en clamant haut et fort « La musique est à tous les auditeurs que ça intéresse, piratez-le ! ». Par la suite, la matrice de pressage de vinyle a été détruite sous contrôle d’huissier.

En économie, la rareté fait la valeur et ces artistes l’ont bien compris. Mais pas n’importe qui peut se le permettre, il faut créer une valeur qui va dépendre d’un seul facteur, votre notoriété. Dans ce cas, qu’est-ce qui a réellement de la valeur ? La musique, ou la notoriété ? Ne se trompe-t-on pas au final de sujet ?

La musique libre, de son coté, est aussi dans cette démarche de valorisation de l’objet, de valorisation du rapport entre public et artistes car la musique en elle-même n’est une représentation d’une idée, d’un univers. Le support de sa mythologie peut être monnayé (pochette de CD, de vinyle, de K7, concerts, spectacles…). La musique est une idée et sa valeur est à la fois trop grande pour être monnayée et trop petite (car, aujourd’hui, duplicable à l’infini) pour l’être.

La valeur de son support est plus souvent déterminée par le coût de production et le revenu espéré que par sa notoriété (à titre d’exemple la Blender Fondation vend le pack dvd de son dernier court-métrage « Tears Of Steel » 27,20 dollars, qui permettra aussi de financer les films suivants, la même logique chez nos amis de l’AMMD ou Chabanne’s Records).

La notoriété est donc une valeur en soi qui travesti les intentions. Beaucoup d’artistes ou de groupes pensent qu’elle doit être plus importante que le reste. Et souvent, cela se traduit au détriment du contenu qui est déformé pour convenir aux besoins de communication. « De la visibilité », article publié en 2007 résume bien cette idée. Mais les radios indépendantes, les labels indés n’on pas attendus 2007 pour dénoncer les « radio edit », versions des « tubes » taillées pour les diffusions radios FM… avant de faire exactement la même chose plus tard avec leurs radios indés, leurs web-radios indés qui utilisent exactement les mêmes outils que les majors.

Pour aller beaucoup plus loin dans ces réflexions sur l’évolution des valeurs des supports de la musique, je ne saurai que trop vous conseiller cet article, en langue anglaise : the price of music. Ou celui-ci qui illustre les différents services de streaming : http://www.socialband.fr/la-remuneration-des-labels-independants-par-le-streaming/

5000$ pour 1 million de vues sur Youtube… ça fait rêver de nombreux commerciaux et publicitaires, pas beaucoup d’artistes.

(Source : http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/wu-tang-clan-vendre-seul-exemplaire-nouvel-album/ )