Archives de catégorie : Politique / Activisme

Sacem – « droits internet réservés » = libre attitude ?

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Depuis quelque jours, c’est l’effervescence dans le monde de la musique en ligne : le groupe « Petit Homme » aurait signé le premier accord avec la SACEM pour rester maître de sa diffusion sur internet.

Et ce serait le moyen pour ce groupe de diffuser via une licence ouverte : ce qu’il a fait sur Jamendo avec la licenceCreative commons by-nc-sa 2.5.

Mazette ! La SACEM serait donc compatible avec les licences ouvertes !

Alors, info ou pipeau ?

Prenons les choses dans l’ordre. La possibilité de se réserver les droits internet, n’est pas une nouveauté (n’en déplaise à certains) et je doute que le groupe en question soit pionnier en la matière, mais passons sur ce détail.

Pour comprendre, il faut se référer à l’article 34 des statuts de la SACEM.

Article 34

Nonobstant toute autre disposition des Statuts et du Règlement général, les règles suivantes sont applicables aux auteurs, auteurs-réalisateurs, compositeurs et éditeurs ainsi qu’à leurs ayants droit :

I – Admission à la société – Apport.
L’apport à la société, qui résulte de l’adhésion aux Statuts, peut être :

— Soit conforme aux dispositions des articles 1 et 2 ci-avant et s’appliquer en
conséquence à la fois au droit d’autoriser ou d’interdire en tous pays l’exécution publique et au droit d’autoriser ou d’interdire en tous pays la reproduction mécanique de toutes leurs oeuvres dès que créées ;

— Soit limité à l’une ou plusieurs des catégories de droits ci-après précisées ou à certains territoires pour l’une ou plusieurs de ces catégories de droits, lorsque la gestion de la ou des catégories de droits auxquelles ne s’applique pas l’apport est confiée pour tous pays à une ou plusieurs autres sociétés d’auteurs et lorsque les territoires non couverts par l’apport sont confiés à la gestion d’une ou plusieurs autres sociétés d’auteurs, étant précisé que les territoires de gestion directe de la société hors de l’Union Européenne ou de l’Espace Economique Européen où la société fait des investissements et où les difficultés de gestion rendent l’unité du répertoire indispensable
– tels que le Canada et le Liban – ne sauraient être dissociés de l’apport sauf accord de
la société.

Les catégories de droits sont les suivantes :

1° Le droit de représentation ou d’exécution publique général y compris le droit de représentation des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles ;

2° Le droit de radiodiffusion y compris le droit de retransmission simultanée et intégrale des programmes radiodiffusés par tous moyens de télécommunication et le droit de réception publique desdits programmes ;

3° Le droit de reproduction sur supports de sons y compris le droit d’usage public de ces supports licités pour l’usage privé ainsi que le droit d’exécution publique au moyen de ces supports ;

4° Le droit de reproduction sur supports de sons et d’images y compris le droit d’usage public de ces supports licités pour l’usage privé ainsi que le droit d’exécution publique au moyen de ces supports ;

5° Le droit de reproduction des oeuvres dans des films destinés à la projection dans les théâtres cinématographiques et pour lesquels ces oeuvres ont été spécialement écrites ;

6° Le droit de reproduction sur des oeuvres préexistantes pour la reproduction desdites oeuvres dans les films destinés à la projection dans les théâtres cinématographiques ;

7° Le droit de reproduction mécanique et le droit de représentation ou d’exécution publique pour l’exploitation des oeuvres dans le cadre de services interactifs fournis au moyen de réseaux électroniques avec ou sans fil utilisant les protocoles Internet (IP), WAP (SMS ou MMS notamment) ou autres protocoles similaires ;

8° Le droit de reproduction mécanique et le droit de représentation ou d’exécution publique pour l’exploitation des oeuvres dans le cadre de services non interactifs fournis au moyen de réseaux électroniques avec ou sans fils utilisant les protocoles Internet (IP), WAP (SMS ou MMS notamment) ou autres protocoles similaires ;

9° Les droits d’exploitation résultant du développement technique ou d’une modification de la législation dans l’avenir.

Cet article définit 9 catégories de droits et précise que l’on peut limiter à une ou à plusieurs catégories l’apport que l’on fait à la SACEM. C’est donc ce que fit le groupe en question en se réservant les catégories de droits 7 et 8.

Cette possibilité de se réserver les droits internet, Mr Petitgirard nous en avait déjà rebattu les yeux et les oreilles (deuxième table ronde : les nouvelles libertés du droit d’auteur), donnant l’image d’une société à l’écoute de ses jeunes pousses qui rêvent de succès mais aussi de liberté ! Haro sur les plate-formes musicales all over the world 2.0…

Toutes les plate-formes ? Même Jamendo, qui prétend aussi que cette compatibilité existe ?

Liberté liberté chérie… un bel argument pour attirer les nouveaux arrivants dans cet Eldorado numérico-musical déjà bien encombré d’intermédiaires de tous poils promettant monts et merveilles. Mais qu’en est-il de la liberté accordée à ceux qui téléchargent ? Car c’est bien ce dont s’occupent les licences ouvertes comme les Creative Commons. Ce « droit internet réservé » est-il soluble dans la licence CC… ou inversement ?

La réponse est NON, bien sûr.

Pour s’en convaincre, il suffit de reprendre une à une les catégories de droits qui restent gérées par la SACEM. Sont-elles compatibles avec les droits accordés par une licence libre même la plus restrictive comme la CC by-nc-nd …? Je vous laisse jouer chez vous à la maison : imaginez la diffusion de l’œuvre téléchargée dans différentes circonstances : fête de l’école où les enfants vont reprendre à tue-tête le titre phare de notre « groupe pionnier » (bien sûr cela vous rappelle quelque chose…), la diffusion sur les baffles de la bodega des 20 ans pendant les fêtes du village, une compilation produite par un netlabel fan de notre groupe, … et confrontez-la à ces 9 autres catégories de droits (nb : le point 5 ne nous concerne pas).

Résultat : si vous arrivez à la même conclusion que moi vous pouvez éliminer toutes les catégories restantes.

Autrement dit, il faudrait se réserver tous les autres droits et dans ce cas l’inscription à la SACEM serait comment dire…. nulle et non avenue, à moins que ce soit le choix d’une licence libre qui le soit ! Cela dit, c’est parfaitement cohérent avec l’opposition de la SACEM aux licences ouvertes, et aux dernières nouvelles cette position n’a pas changé (voir en bas de page le paragraphe intitulé : Partie relative à la SACEM – Informations relues par la SACEM, octobre 2005-).

En résumé : choisissez votre camp, camarades !

Voilà ! Tout ce bruit pour rien, ou presque … de la publicité à peu de frais pour les différents protagonistes de cette affaire : notre petit groupe, la gentille SACEM et la consensuelle plate-forme de téléchargement Jamendo.

Ok, donc on est d’accord : pas de compatibilité avec les licences ouvertes pour les adhérents de la SACEM même si elle leur accorde un brin de liberté en les autorisant à gérer leur droits sur internet.

Mais, qu’en est-il des droits accordés aux braves gens qui téléchargent les titres en « droits internet réservés »… sans licence ?

Si vous reprenez les catégories de droits conservées par la SACEM, vous vous rendrez bien vite compte que hormis la copie privée, il ne reste pas grand chose. En effet, certains usages non commerciaux sont soumis à rémunération. Et c’est là LA grande différence avec les licences ouvertes.

Et même la diffusion en podcast sur un quelconque site, perso ou pas avec ou sans pub est soumis à l’autorisation préalable du groupe, qui devra rédiger une licence sur mesure : bon courage les gars !

Dernier point, la lecture des commentaires sur l’annonce de cette avancée révolutionnaire sur le blog de PhilAxel est pour le moins édifiante. On a la sensation que l’on veut forcer la main à la SACEM, peu importe le flou juridique et l’absence d’information donnée aux utilisateurs. Les auteurs et les intermédiaires de la musique qui s’y expriment font peu de cas des droits de ces utilisateurs et interprètent les clauses des licences Creative Commons, au gré de leurs intérêts personnels des plus subjectifs.

Or, il y a déjà des cas de réclamations à des sites réels ou virtuels qui pensaient diffuser de la musique libre et qui se sont vus taxés au forfait car un artiste de la liste faisait partie du répertoire d’une société de gestion collective des droits.

Apparemment cela ne pose aucun problème de conscience à ces « révolutionnaires » … eux ne seront jamais inquiétés. Au contraire, ils seront chouchoutés par la SACEM qui (malgré un discours parfois inverse, de type « les auteurs du dimanche »… on n’en est pas à une contradiction près) aura besoin dans le monde concurrentiel dans lequel elle entre, d’affirmer sa suprématie par le nombre de ses adhérents : « voyez combien ils sont nombreux ! »

Rappelons juste que lors d’une intervention pas si ancienne, Mme Kerr Vignale (Direction des Relations Clientèles de la SACEM) a qualifié les licences Creatives Commons de « dangereuses. »

Ici, nous ne cesserons donc pas de répéter encore et encore : tant que la SACEM ne modifie pas sa volonté et donc ses statuts, la compatibilité avec les licences ouvertes, même les plus restrictives, n’existera pas !

Nous ne cherchons pas à forcer la main de la SACEM dans ce sens, en tous cas pas au détriment des utilisateurs. Néanmoins nous apprécierions grandement que l’information donnée par la SACEM à ses membres soit bien plus claire et argumentée, quelque soit le choix des auteurs pour la gestion de leurs droits internet.

« Lettre ouverte à la communauté du libre »

Voici un texte rédigé par Ralamax.net

Militante, militant, utilisateur, sympathisant, curieux du logiciel, de la culture et de l’art libre, cette lettre s’adresse à vous.

Nous avons à vous exposer un projet qui saura sans doute retenir votre attention. Nous avions prévu au début de diffuser un simple communiqué mais nous avons choisi la formule d’une lettre, car l’ambition et l’éthique du projet en question exigent naturellement de s’adresser à vous sur ce ton plus personnel.

Nous avons eu il y a quelques temps une idée folle, c’est une heureuse chose que cette idée se rapporte au Libre et à l’Art car ce sont bien des endroits où sont permises les idées folles.

Nous sommes Ralamax Prod, nous avons déjà produit et distribué quelques films sous licences libres et licences ouvertes (Le Bal des Innocents, A Story of Healing, Good Copy Bad Copy, 3263, Bordel 2.0, A Point) et nous avons aujourd’hui un projet de long métrage : Varsovie-Express.

Considérons dès à présent ce film comme un voyage. La finalité de ce voyage étant de sortir ce film en salles, dvd et sur Internet sous Licence Art Libre. Ou plutôt, il ne s’agit pas d’un film, mais de plusieurs films, car nous allons mettre tous les rushs* à disposition, encourageant la réutilisation et le remontage pour décliner le film en plusieurs versions. C’est une des joies du Libre, que de disposer des autorisations de modification, de transformation et d’adaptation d’une œuvre, mais nous vous proposons de pousser le plaisir encore plus loin en participant avec nous à la réalisation de ce film.

Nous avons voulu que ce film soit collaboratif, qu’il se fasse avec la participation de chacun : mise en scène, repérages, bande originale, décors, storyboard, logistique… Nous avons besoin de vous, chacun peut contribuer avec ses compétences et spécialités.

Nous avons travaillé ces derniers temps sur la mise au point d’un studio de développement en ligne pour accueillir vos contributions, avec l’aide d’une petite communauté qui a testée la version beta du site. C’est maintenant que Varsovie-Express prend son envol.
Le budget définitif du film n’est pas encore établi, néanmoins nous négocions dès à présent des coproductions. Et là aussi nous avons besoin de vous : prenez vous-même l’habit du producteur, vos promesses de don peuvent constituer un apport non négligeable pour convaincre un coproducteur.

Le scénario de Varsovie-Express expose le voyage d’un jeune écrivain de Paris à Varsovie. Considérez la présente lettre comme une invitation au voyage…

Ralamax Prod
* Les rushes d’un film sont constitués des documents originaux (bobines de film, bandes sons, cassettes vidéo) produits au tournage et issus de la caméra et de l’appareil d’enregistrement sonore.
Ce sont les documents uniques, bruts, qui seront utilisés au montage et en postproduction.

DADVSI : faudrait arrêter de se la raconter !

Car nous ne comptons pas nous endormir sur ce sujet éminemment important pour l’avenir de la musique libre, nous relayons ce communiqué EUCD.INFO :
Mardi 18 septembre 2007 – Adresse permanente :

À la lecture des dernières prises de position publiques de Christine Albanel sur le dossier des droits d’auteur et d’internet, EUCD.INFO constate que la ministre s’incrit dans la droite ligne de son prédécesseur : elle ment. À croire que son cabinet n’a pas tiré les leçons de l’épisode DADVSI qui a conduit Renaud Donnedieu De Vabres au purgatoire.

Ainsi quand la ministre déclare que la loi DADVSI « a déjà prouvé son efficacité contre les comportements les plus graves – je pense notamment aux pirates qui cassent massivement les systèmes de protection », [1] il s’agit d’une contre-vérité évidente et d’un amalgame inacceptable.

D’une part, malgrè la loi DADVSI, la fréquentation du P2P n’a pas fléchi et tous les systèmes de DRM tombent peu à peu, cassés et re-cassés. D’autre part, cette contre-vérité se double de mensonges par ommission et de démagogie puisque la ministre se garde bien d’aborder les effets réels de la loi DADVSI tant pour la libre concurrence que les droits du public.

La sécurité de développement du Logiciel Libre est clairementfragilisée par cette loi et contourner un DRM est une obligation pour qui veut accéder à la culture avec les outils de son choix et exercer son droit à la copie privée. Point de pirates endurcis donc, simplement des utilisateurs qui refusent une loi stupide et injuste.[2]

Plutôt que de nier cette réalité, il serait temps que le gouvernementadmette qu’il est urgent de réviser la loi DADVSI, en posant l’interopérabilité et la copie privée comme des droits réels. L’insécurité juridique dans laquelle vivent aujourd’hui les auteurs et utilisateurs de logiciels libres touchent jusqu’à l’Assemblée Nationale [3] et la copie privée doit redevenir possible sans risquer les poursuites, surtout que la redevance copie privée a encore été étendue récemment. [4]

À défaut, la ministre risque bien de rejoindre son prédécesseur au panthéon des Pinocchio de la République, les faits étant aussi têtus que les lobbies Gepetto qui l’influencent.

*Références*

[1] Réconcilions la culture et internet – Lire aussi l’interview de la ministre dans le Figaro

[2] La lettre ouverte à la ministre d’un internaute qui s’est dénoncé deux fois pour avoir « cassé une protection », qui n’a pas été poursuivi et est donc étonné des propos de la ministre

[3] L’Assemblée nationale a migré le poste de travail du député vers du logiciel libre cet été. Mais face à l’imprévisibilité de la loi DADVSI, elle n’aurait pas installé de logiciel libre de lecture de DVD, préférant saisir l’autorité administrative créé par la loi DADVSI et installer dans l’attente d’une réponse un logiciel propriétaire connu pour ses spyware. L’autorité n’a toujours pas répondu et ne semble pas tenu de le faire, d’ailleurs. Si cela est avéré (et d’après nos informations cela l’est), cela démontre le ridicule de cette loi vu que le logiciel que l’Assemblée souhaite installer est disponible sur internet depuis des années et des millions d’utilisateurs l’utilisent tous les jours pour lire et faire des copies privées.

[4] Redevance copie privée bientôt sur les consoles ?

*Lire aussi*

Le remaquable rapport Cedras, commandé et censuré par le ministère de la culture, notamment car il conclue que la loi DADVSI n’empêche pas la copie numérique illégale mais créé par contre une insécurité juridique certaine

Les commentaires de juristes sur la loi DADVSI publiés dans la réputée revue Dalloz et qui aboutissent à la même conclusion que le rapport Cedras

Le recours de l’APRIL attaquant devant le Conseil d’État le décret punissant de 750 euros d’amende le fait de contourner un DRM, procédure dont ne connaîtra l’issue qu’en mi-2008 vraisemblablement bien qu’ayant débuté en février 2007

*** On lira également cette Lettre ouverte à Christine Albanel par stopDRM.info.

Musique libre et autonomie de la création

Mis à jour le mardi 12 juin 2001

Après s’être violemment opposée à tous ceux qui échangeaient, sur Napster ou ailleurs, des fichiers musicaux de type MP3, l’industrie musicale risque d’être confrontée dans un avenir proche à un défi autrement plus dangereux : la prise d’autonomie de la création musicale par rapport au secteur marchand (1) .

On pouvait en effet considérer que ces fameux « pirates » faisaient, d’un certain point de vue, le jeu des majors en contribuant à asseoir la popularité d’artistes distribués par les grands labels commerciaux : ce qui était perdu en vente était en fait gagné en promotion…

Mais suivant l’exemple du logiciel libre qui déstabilise l’ensemble de l’industrie informatique, certains artistes, compositeurs ou interprètes commencent aujourd’hui à réfléchir à des moyens qui leur permettraient de contourner les contraintes monopolistiques imposées par les majors pour diffuser librement leurs créations à la faveur du développement du réseau Internet.

Dans le sillage de la réflexion menée par certains collectifs artistiques américains comme le Critical Art Ensemble (1) ou Negativland (2), c’est à Ram Samudrala, scientifique et musicien, que l’on doit l’idée de s’inspirer du modèle du logiciel libre pour l’adapter à la création artistique et à la musique en particulier (3).

Au début du mois de mai dernier, l’Electronic Frontier Foundation, principal lobby américain de défense des internautes, reprenait cette idée et annonçait la création de l’Open Audio Licence, licence visant à « promouvoir une communauté de créateurs et d’interprètes qui soient libres de partager et de s’inspirer des œuvres de chacun et à permettre au public d’en profiter et d’en faire profiter d’autres personnes » (4).

Dans un texte récemment publié sur uZine, Ether-Michel Pillequant et Rico Da Halvarez, animateurs du site Musique libre (5) et correspondants en France de Ram Samudrala, expliquent les principe de la « free music public licence » et appellent à la création en France d’un grand festival de musique libre (6) …

(1) Critical Art Ensemble : http://www.critical-art.net/

(2) Negativland : http://www.negativland.com/intprop.html

(3) Le site personnel de Ram Samudrala : http://www.ram.org/ et ses travaux sur la Free Music Philosophy : http://www.ram.org/ramblings/philosophy/fmp/freemusic.html

(4) Open Licence EFF : http://www.eff.org/IP/Open_licenses/eff_oal.html

(5) Le site français Musique libre : http://www.musique-libre.com/

(6) Musique libre ? C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous ! : http://www.minirezo.net/article819.html

Olivier Blondeau

Vers une musique libre…

C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous !
Publié le mardi 29 mai 2001, sur le site uZine.net
par Ether-Michel Pillequant

Sur le mode de la Gnu GPL, s’élabore la FMPL ou free music public license : Rico Da Halvarez, collaborateur et correspondant en France de Ram Samudralah et Ensor, parle.

Vers une musique libre…

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne ! Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU. GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux  [1]), c’est-à-dire, un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde. GNU est régi par une licence très particulière, la GNU General Public License, qui garantit à tous :

-  La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
-  La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).
-  La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).
-  La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).
 »

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent). Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit : lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant : le copyleft, ou copyright inversé. Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels (accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs), ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile. A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant) coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce  [2] et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans lequel s’élabore actuellement la Free Music Public License, héritière musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose. Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas une licence du même type pour la musique ? ». J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite en contact. Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL), le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique (on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique. Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises malhonnêtes telles que l’appropriation « commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL, celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la modification (arrangements différents, samples, interprétation différente, remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.) des œuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD : la copie licite ou copyleft. Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à 120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ; de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur, à l’oubli de tant d’œuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL. La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore, si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site. Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y exprimer sur la question, si elle vous intéresse. Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3 a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le consommateur-voleur. Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ? Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité ! Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ? Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs – nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un havane, Serge ? »). Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment, un paquet d’entre nous sont obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte. Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre, d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres : rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanes.

[1] Plus exactement, ce qu’on appelle une distribution Linux est en fait la combinaison du système d’exploitation Linux et d’une flopée d’utilitaires GNU conçus pour ce système (NDLR).

[2] Et beaucoup moins cher chez Ikarios, NDLR.

Ether-Michel Pillequant
Cet article a été publié dans le numéro de février 2001 de la Linha Imaginot dont je remercie les membres pour leur gentillesse ! Voir aussi :
-  musique-libre.com
-  vnatrc-bortch.org

Musique libre ? C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous !

Par Ether-Michel Pillequant

Sur le mode de la Gnu GPL, s’élabore la FMPL ou free music public license : Rico Da Halvarez, collaborateur et correspondant en France de Ram Samudralah et Ensor, parle.

Vers une musique libre…

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne !
Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU.
GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux
[1]), c’est-à-dire,
un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent
bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde. GNU est régi par une licence très particulière, la GNU
General Public License, qui garantit à tous :

  • La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
  • La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).
  • La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).
  • La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont
pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois
les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent).
Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit :
lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant :
le copyleft, ou copyright inversé.
Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement
le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand
nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme
les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels
(accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de
logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman
suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs),
ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile.
A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant)
coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce
[2]
et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour
rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des
logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que
le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans
lequel s’élabore actuellement la Free Music Public License, héritière
musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel
était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose.
Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus
longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par
hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas
une licence du même type pour la musique ? ».
J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce
sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres
mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de
l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite
en contact.
Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence
Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL),
le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur
de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la
musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la
musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique
(on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme
son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique.
Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises
malhonnêtes telles que l’appropriation
« commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté
aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre
copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à
respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de
joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier
informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les
nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre
est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL,
celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens
solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans
le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en
légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la
modification (arrangements différents, samples, interprétation différente,
remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.)
des oeuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le
musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité
pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD :
la copie licite ou copyleft.
Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le
vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à
120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous
de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ;
de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus
de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens
provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur,
à l’oubli de tant d’oeuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de
potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL.
La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001.
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires
sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore,
si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera
certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa
pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que
le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi
nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site.
Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de
Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux
qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y
exprimer sur la question, si elle vous intéresse.
Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des
responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé
des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3
a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le
consommateur-voleur.
Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ?
Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont
engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne
voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle
ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont
fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité !
Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens
techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ?
Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu
électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs –
nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le
contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un
havane, Serge ? »).
Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment,
un paquet d’entre nous sont
obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte.
Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre,
d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système
inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres :
rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanes.

[1] Plus exactement, ce qu’on appelle une distribution Linux est en fait
la combinaison du système d’exploitation Linux et d’une flopée d’utilitaires
GNU conçus pour ce système (NDLR).

[2] Et beaucoup moins cher chez Ikarios, NDLR.

Ether-Michel Pillequant

Cet article a été publié dans le numéro de février 2001 de la Linha Imaginot dont je remercie les membres pour leur gentillesse !
Voir aussi :

  • musique-libre.com
  • vnatrc-bortch.org