C’est poppins, du parti pirate, qui nous a alertés : un événement inédit dans la musique libre, ces jours-ci du 1er au 5 février 2009, est donné en création mondiale à Montpellier l’opéra de Valentin Villenave et Lewis Trondheim, Affaire étrangère. Valentin Villenave a écrit la partition avec Lilypond, logiciel libre sous GNU GPL, sur un livret de Lewis Trondheim, et l’ensemble de l’opéra, je cite aKa qui fait écho à l’événement sur le framablog, « est placé sous une licence originale, créée m’a-t-il semblé pour l’occasion, la Libre Opera License v.0.2, savant mélange de GNU GPL et de Creative Commons by-nc-sa ».
Allez lire sur le blog de Valentin l’histoire de cette oeuvre, de sa rencontre avec Trondheim, et toute l’aventure : « Alors, voilà. J’avais vingt ans ; je voulais écrire un opéra. Et changer le monde… ». Le très clair et sobre site de l’opéra donne tous les éléments, on peut y télécharger la partition, le code source, réserver sa place pour ce soir 5 février, dernière de la création mondiale en attendant d’autres représentations.
Pour finir voici trois paragraphes de la note d’intention de Valentin Villenave, sur les raisons de la publication sous licence libre, d’une splendide pertinence et impertinence à la fois en temps d’Hadopisme, et en belle résonance avec les prochaines Assises « Liberté création et internet » : mille bravi, messer Villenave !
Pour un renouveau des modèles de création.
Nous nous trouvons aujourd’hui face à une situation inédite et merveilleuse : les données immatérielles sont potentiellement accessibles à tous et en tous lieux. Cet immense progrès pourrait être pour les citoyens du monde la promesse de se réapproprier la culture et la connaissance ; au lieu de quoi une poignée d’intérêts privés font de la technologie un outil d’asservissement et de propagation des inégalités. En particulier, l’escroquerie baptisée Propriété Intellectuelle consiste à nous vendre des idées comme l’on vendrait des saucisses.
Hélas ; sans-doute suis-je d’une génération qui ne peut plus se satisfaire d’impostures, à commencer par le terrifiant processus qui conduit aujourd’hui les citoyens à se voir privés de leurs libertés fondamentales, au nom d’une prétendue « protection » des auteurs. Il importe d’agir, non seulement pour que la culture puisse continuer à vivre et à se diffuser, mais également pour préserver notre démocratie même.
Pour ces raisons, Lewis Trondheim et moi-même avons voulu faire un geste symbolique en publiant notre ouvrage sous une licence alternative, qui autorise tout un chacun non seulement à le reproduire, mais également à le diffuser et à le modifier à volonté. La partition est entièrement conçue au moyen du logiciel libre GNU LilyPond, développé depuis treize ans par une communauté de bénévoles enthousiastes, qui constitue pour les musiciens du monde entier l’espoir immense d’accéder librement à toutes les musiques écrites ; plus simplement, c’est pour moi la garantie que les partitions que j’écris sont et demeureront libres et adaptables par tous les interprètes, enseignants, élèves, qui y trouveront le moindre intérêt.