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Une(s) tuerie(s) monstrueuse(s)

On est un soir d’août, quelque part, mettons au Jersey lillie sur le bord de la Rance, et on commence par Wesh tone Realaze, par Môssieur Realaze, sur HipHopDomain vol. II, The rap grocery. C’est le truc killer radical… (mais quel parler bizarre, pardon) ; ce morceau est un hameçon à plusieurs mèches et crocs, une mélodie et un(s) rythme(s) d’une rigoureuse addictivité, ça démarre tout doux bien que déjà groovy, et bien trop vite ça accélère jubilatoirement calculé, à grandes erres, à grand modulé, et puis ça te vous enveloppe, te vous criaille tout autour vicieusement, trinquillement, et puis revient/va, et ça resqueeze!! C’est trop : on se rue dessus.

Ça a commencé en fait par d’ de Tdbt, un redoutable exercice de souffles et respirations multiples à tous usages d’endurance ou réjouissance diverses, des entrechevêcroisement de rythmes à vous décoller, littéralement… ; puis Vesh, bon ; puis il y a eu Dark slides of the hop flat ed
C’est la playlist pour la fête des 12 ans de l’April, (écouterpodcaster) téléchargée sur leyio, et toute remise en désordre, ce qui révèle à nouveaux frais des morceaux qu’on croyait connaître…
S’en vient ensuite Biovirus, de Nosushi, Blues du soir, de A posteriori, The tango d’Exorciste de style, Acoustiquement parlant selon Mouche, et on débouche sur Baghdad’s Nightlife de Robert Radamant !

Aahh… l’April12ans… j’ai bien aimé faire cette playlist, et signalons au passage que l’association Musique libre ! est maintenant depuis un soir de concert des RMLL2010 un membre de l’April.

En humeur de citer musiques, labels et musiciens, il faudrait n’en pas finir, aussi nous limiterons-nous injustement à quelques-uns : une des perles du label Test| »tube, le projet Spirit elevating brains de Sebastian Alvarez.
Ceux qui étaient aux RMLL2010 se souviendront je crois du concert Sebkha Schott, l’empereur Wladimir Ohrelianov en grande tenue, tout harnaché, un son parfait, assuré par l’AMMD tout au long des soirées.
En juin à la Miroiterie à Pantruche, le concert de soutien de Micropenis et Sex Drug & Rebetiko

Je veux aussi rendre un hommage lardé, farci, rempli, de merci et reconnaissance, à de nombreux musiciens qui nous accompagne, et réciproquement, depuis longtemps : Transient, Roger, Nosushi, Realaze Stéphane Drouot aka Lacrymosa aeterna industry et tout le gang Consortium des artistes libres, et puis Revolution sound records et puis Gérald et tout We Are Unique et tout Another et le combo dataspirit rennais, et iso brown, et tournesol… big up!
Ce post incitatif in progress se farcira ces jours-ci de liens supplémentaires, car il y a encore tant de choses à raconter, Cantaloup ; Aerotone, Bottega sonora, Feltro le mythyque label mexicain.
Il y a aussi une question lancinante, depuis son apparition sur la scène au fond du champ près de Sarzeau, un soir d’août 2006 : mais qui donc – et saura-t-on un jour – est mysterious girl ?
Il y aura bientôt le FCForum (Free culture forum) de Barcelona</a>, les 28-31 octobre 2010. Nous y serons.
Quant à nicad… ; quand satoshi chante ! : ce fut un des très grands moments des concerts RMLL2010.
Je souhaite enfin adresser un très gros spécial big up à Simon Carless, qui a animé le label Motononik depuis 1996 ( ! – oui oui, 96)
Comme dit une fois Maurice Blanchot, «L’art nous offre des énigmes mais par bonheur aucun héros.» yeah !
finir :
ps : nan sérieux, Wesh tone, tu biches !
ps2 : tag « Maha-ha viiiiie… » copyright Xave -> xave.org un/le plus vieux blog francophone, respect Môssieur.
ps3 : aaah señorita S., comme j’aimerai vous inviter sur Blues du soir, de Aposteriori !…

ddm.gouv.fr annonce : bataille hadopi au fouquet’s

C’est tombé sur le site de la Direction du développement des médias, service du premier ministre, eh eh eh : « les « anti-Hadopi » continuent la « bataille » au Fouquet’s en présentant un livre. »

Cet ouvrage regroupe quarante contributions de tous horizons, auteurs réunis par une commune vision d’internet, du bien commun, de ce que doit être une société digne de ce nom. La bataille hadopi est un moment, un épisode, d’une lutte. Ce moment, est dédié à la mémoire de Francis Muguet, scientifique et hacktiviste du libre et du bien commun, qui est mort soudainement ce mois-ci.

Se procurer l’objet, participer.
Oxyradio était sur place, voici le podcast de la conférence de presse

Agenda – 18-24 oct. 2009 – Artischaud à Lyon « De la culture par tous »

Les membres de Musique libre ! lyonnais, avec tous leurs complices et collègues d’ArtIsChaud sont heureux de vous annoncer que du 18 au 24 octobre 2009, se déroulera la deuxième édition de « ArtIsChaud » le festival des cultures libres de l’agglomération lyonnaise avec la thématique ”De La culture par tous”.

Artischaud est un festival pluridisciplinaire qui propose une programmation artistique qui mêle cinéma, théâtre, danse, concerts, et une réflexion sur les enjeux du numérique à l’heure de la terrrrrible HADOPI. Il est surtout une invitation à participer à votre tour à cette « culture par tous » qui s’offre à nous.

Art is chaud !

Principale manifestation du genre dans l’agglomération lyonnaise, elle a l’ambition de montrer que la révolution numérique est d’abord une chance pour les artistes et le public.

Pour en savoir +

Jeu PARTICIPATIF : exprimez vous artistiquement, des CD/DVD vous seront offerts sur place ! le but est de participer ! en cliquant ici

Programmation

Communiqué & Revue de presse

Dossier de presse

Conférence

S’inscrire aux ateliers

Des titres à écouter

Agenda – 26 sept 09 : Journée des cultures libres à Pessac

En 1985, la 1ère licence libre est créée sur un fondement éthique et citoyen. Aujourd’hui, des millions d’auteurs, artistes, programmeurs, photographes, musiciens, réalisateurs libèrent leurs créations grâce aux licences libres. Tous envisagent la culture autrement…

Cinéma Jean Eustache

Place de la V° République, 33600 Pessac (33), France – Terminus Tramway ligne B
Renseignements : 05.56.46.39.39 – info@descultureslibres.info
Lieu : Hall du cinéma – Entrée gratuite
Tous les détails sur http://blog.descultureslibres.info/

Ateliers découvertes et débats :

Ateliers « Logiciel libre » – 10h-16h
Logiciels libres ? Venez les essayer et vous comprendrez leurs avantages par rapport aux logiciels propriétaires (ou privateurs) !
Avec votre clé USB, faites le plein de logiciels libres !
Install party : Apportez votre ordinateur pour vous faire installer un système libre complet gratuitement !
Gagnez des places au tournoi de jeu vidéo libre !

Atelier « Musique libre » – 10h-15h30
Participez à l’atelier de création collective et collaborative ! Écriture, composition, arrangement… enregistrement… et mixage sur logiciels libres… puis enfin diffusion sur internet sous licence libre !
N’oubliez pas votre instrument de musique acoustique ! (inscription obligatoire par téléphone, par email, ou encore le matin même, à 10h pile – pas après !)
Faites le plein de musiques libres sur votre clé USB !

Débats & mini-concerts – 16h-19h
Assistez aux débats pour tout savoir sur les licences libres, les Creative Commons, la Licence Art Libre, les philosophies du Libre, les aspects pratiques comme les enjeux pour la société et voir comment on peut envisager la culture autrement…
Avec Nina Paley, la réalisatrice de « Sita chante le blues », Roland C. Wagner, des spécialistes des licences libres et des artistes libres !

Toute la journée :

Video libre : Sur l’écran plasma de l’entrée du ciné, vous pourrez regarder une compilation vidéo de courts métrages et autres clips libres.
Faites le plein : Venez avec une clé USB et faites le plein de « Libre » : logiciels libres, livres libres, vidéos libres… et bien sûr musiques libres ! avec la compile audio JDCL : un florilège audio du meilleur de la musique libre compilée aux petits oignons par l’artiste libre AltF4.
Stand vitrine et de vente : – Vous pourrez découvrir des produits de la musique libre : albums, CD, vinyles, fanzines, produits dérivés… Trois structures libres, trois manières différentes de promouvoir le libre : Taenia-Solium, Pragmazic, Dogmazic.
– Sera présente également l’association Mamboko na Mamboko à l’initiative de l’opération de solidarité « En route vers la République Centrafricaine » où les solutions libres furent utilisées pour la mise en place d’une salle informatique dans une école centrafricaine.
Recueil de témoignages et réflexions : Un petit fascicule papier gratuit sera à votre disposition : vous y trouverez les contributions écrites de personnalités liées au « Libre » ainsi que de témoignages d’acteurs locaux, dont plusieurs seront présents à la journée.

A 21h : Soirée « Ciné + Concert » = 6€ – Salle Fellini du Jean Eustache – Grande soirée SITA+NINA+SHARITAH !!

Projection du film d’animation musical Sita chante le Blues de Nina Paley en présence de la réalisatrice et du distributeur français Eurozoom, suivie d’un concert du groupe libre Sharitah Manush.

«Sita chante le blues»
Film d’animation écrit, produit, financé, réalisé, animé, monté par Nina Paley et diffusé sous licence libre Creative Commons CC by sa, distribué en France dans les salles par Eurozoom
Genre : film d’animation, Etats-Unis, 2008, 1h22. Projection en présence de Nina Paley ; engagée dans le Libre et la gestion individuelle, elle veut montrer (et prouve) que le Libre est bien plus qu’une alternative, car pour elle, le Libre constitue la solution pour faire connaître son travail (mieux que par le système traditionnel fermé du copyright) et accroître ses revenus (mieux que par le système traditionnel fermé du copyright)…

Sharitah Manush
Duo bordelais diffusant sa musique sous licence Creative Commons CC by nc nd.
Genre : western psychédélique. Duo époustouflant avec Manu à la voix (exceptionnelle !), guitare 12 cordes, machines électroniques, et Sonia aux percussions, machines électroniques.

That’s all ! ^^

Agenda – 8 sept 09 : Conférence sur le financement des oeuvres numériques

exergue « Nous les Indiens, nous avançons lentement parce que nous allons loin » ; dit par une autorité municipale indienne à la cérémonie d’ouverture de l’APPO d’Oaxaca

À noter sur l’agenda, le 8 septembre 2009, une conférence sur Le Mécénat Global : une nouvelle approche des rapports public/auteurs.

Quel financement, quelle reconnaissance pour les artistes et pour tous les auteurs de contenus sur internet ? Taxe, licence globale, contribution créative ?
Une autre approche permet la reconnaissance des auteurs : le mécénat global.

La conférence : Quelle alternative concrète pour le financement des oeuvres numériques ? se tiendra de 20h00 à 22h00. Elle sera précédée à partir de 16h par l’Assemblée constituante d’une Société d’Acceptation et de Répartition des Dons (SARD), initiée par un collectif de personnes dont on peut connaître les noms sur http://sard-info.org/ .
Cette initiative de placer le don des internautes comme un mode ou une composante possible d’une rémunération de créateurs (*)  est l’objet de débats passionnés notamment sur nos forums.
L’association Musique libre !, qui est un peu comme les indiens d’Oaxaca dans l’APPO un des « peuples premiers » du « mouvement du libre », ni aucun de ses membres ne sont partie prenante de cette initiative, mais l’observe avec beaucoup d’attention vu l’intérêt proclamé pour les artistes sous licences libres.

Programme de la conférence : Quelle alternative concrète pour le financement des oeuvres numériques ?

* De 20 h 00 a 22 h 00 :
o Présentation du Mécénat Global par Richard Stallman
o Amateur d’art ou consommateur par Bernard Stiegler
o Tous artistes ? par Antoine Moreau
o Modérateur : Laurent Chemla

Rendez-vous le 8 septembre en Mairie du 3e arrondissement de Paris, 2, rue Eugène Spuller
75003 Paris. L’accès est libre.

* : la diffusion et dissémination en ligne ne se résumant pas à l’obtention d’une rémunération (ceci pour toute diffusion et dissémination, et très spécifiquement dans le cas de créations sous licences libres), et la rétribution de la création ne se résumant pas à une rémunération sur internet.

#hadopi : expliquons aux désemparés : La technologie est un écosystème

Le Parlement Européen encore une fois vient de ventiler façon puzzle le parefeu openoffice de la Ministre de la Culture ! Anéfé, avec 407 voix pour, 57 contre, et 171 abtentions, l’amendement Bono vient d’être revoté, sous sa forme originelle, donc s’imposant aux Etats membres. Bien sûr, évidemment, ce n’est pas fini, ça va repasser au Conseil, on évoque déjà l’entêtement plus que probable du président français et de son gouvernement, prêt à repousser plusieurs mois le Paquet Telecom, une nouvelle fois, juste pour ce seul article mettant l’Hadopi à terre, hors cadre légal européen autorisé…

Il est temps à ce point de la saga Hadopi, de prendre un peu de recul, proposer à ses acharnés partisans des éléments qui leur permettent enfin de comprendre.

– Car, s’il faut rendre grâce à ses têtus producteurs sur un point : cette saga est bien meilleure que la saga DADVSI, les ressorts dramatiques, les trucages et effets spéciaux, les effets de bord, juridiques, européens, médiatiques, d’une intensité et d’un suspense suscitant un débat bien plus large ; on ne peut s’empêcher, en fin de compte, d’être touchés et émus par leur incompréhension si profonde, leur désarroi si ravageur -.

Permettre à ces désemparés de comprendre, c’est à ce travail de fond que s’attelle Fabrice Epelboin, qui continue sur owni le travail entamé sur fr.readwriteweb, publiant aujourd’hui un très bel et long essai d’explication à l’usage de ces élites paniquées, politiques, industriels et artistes arc-boutés sur des positions vouées à l’échec et à la ruine : « La technologie est un écosystème, respectons la » .

wordcloud personnalisé La technologie est un écosystème

Il propose un bilan d’étape, retraçant pourquoi le combat des arguments techniques, juridiques, maintenant largement médiatisé, est perdu pour les tenants de cette loi. Ne reste, dit-il, qu’une rage, j’irais jusqu’à dire une folie se dévorant elle-même dans la défense désespérée, aigrie, de positions qui se croyaient acquises.
« Cette rage, nous dit Epelboin, est liée à deux choses : la peur du changement et l’ignorance de ce à quoi ils font face » : qu’internet, le monde numérique est un écosystème au sein duquel technologies et usages sont intrinsèquement liés, interdépendants, se nourrissant les uns des autres. Que la production, l’échange, l’incessante création modification et recréation contributives d’oeuvres et documents, et leur dissémination libre au sein de cet écosystème, sont un trait constituant de la culture, désormais.
« Sans être encore un moteur essentiel de la culture du XXIe siècle, cette dynamique culturelle est en place, et ne peut s’arrêter d’une façon où d’une autre. Elle peut, au pire, devenir clandestine. Le temps pour elle de tout renverser par une rupture violente dont nos sociétés raffolent. »

Il faut aller au delà des argumentations techniques, des explications simples de tel ou tel point : il faut faire comprendre « LA technologie ». Que c’est un écosystème, que l’on ne peut intervenir dessus sans en respecter les règles : « Si une contrainte est posée dans un écosystème, celui-ci réagit et s’y adapte », pose Epelboin : c’est à peu de nuances près la même chose qu’exprimait John Gilmore, co-fondateur de l’Electronic Frontier Foundation, en 1993 : « L’Internet interprète la censure comme un dommage et la contourne » (« The Net interprets censorship as damage and routes around it »). Ceci est une constante constitutive du net, qu’aucune tentative de contrarier, fût-elle massive et violente, ne parviendra à réduire.
Gilmore commente aujourd’hui sa fameuse formule, dont le sens et la réception ont évolué au fil des années : « Si vous considérez maintenant que le Net est composé non pas seulement de cables et de machines, mais aussi des personnes et des structures sociales qui utilisent ces machines, (cette phrase) est plus vraie que jamais » (« the people and their social structures who use the machines » : on a envie de traduire social structures par réseaux sociaux, mais c’est plus large).

Il faut expliquer cela à Pierre Arditi, à Juliette Gréco (que si Héraclite, qu’ils citent dans leur cri de désarroi, nous enseigne : « le Peuple doit combattre pour ses lois comme pour ses murailles », il nous transmit aussi que « Les hommes éveillés habitent le même monde », ce monde étant ce qu’il est selon son évolution, il nous incombe de rester éveillés, il incombe au peuple d’exercer sa conscience et sa lucidité pour ne pas se tromper de combat, et défendre des lois caduques ou charger contre des moulins à vent),
il faut expliquer à Jean-Claude Carrière (perdu lui aussi, Francis Lalanne et Joseph Paris pourtant lui expliquaient fort clairement hier soir, que « le libre accès à la connaissance et à la culture » est une donnée de fait et un bien de haute nécessité, que « l’oeuvre a une valeur, mais elle n’a pas forcémment la valeur que la société de consommation décide qu’elle a »),
il faut expliquer à Alain Finkelkraut (ébahi de découvrir que des règles existent et sont appliquées dans cet internet qu’il croyait une jungle sans rémission, une poubelle, au point qu’il ne va plus discuter dans les cafés, de crainte qu’on le filme avec un mobile et de retrouver sans pouvoir rien y faire la video sur cet internet poubelle, fou, barbare), il faut leur expliquer tout cela.

On ne combat pas l’océan, on ne combat pas la vitesse de la lumière, on ne parvient pas, armé de sa seule peur et ses crispations, on travaille à créer et aménager les conditions d’une vie bonne, et d’un partage, attentif à ce qui vient : « Coupez l’alimentation en énergie d’une machine, et elle cessera de fonctionner. Coupez le lit d’une rivière, vous observerez quelque chose de radicalement différent. » Peut-être, sûrement, que l’homme est capable d’évoluer, de s’adapter… Comprendre le monde qu’il habite peut l’y aider.

Bonus, suggestion de lecture :
Un roman manifeste cela à plusieurs titres, Le fantôme de l’Internet, par Pangloss : c’est une enquête fantastique à la poursuite du fantôme qui hante l’ordinateur de la ministre de la loi Création sur Internet, le chapitre final s’intitule « tsunami sur Hadopi » ; il est publié sur InLibroVeritas, sous licence de libre diffusion CC by-nc-nd : vous pouvez le découvrir, le copier, le disséminer, le partager en toute liberté.

[#libertés ; #hadopi ] Qui contrôlera le futur ?

J’ai mis 2 hashtags dans le titre, et #libertés devant #hadopi : il y a le fond, et l’occasion : lisez ce texte-manifeste du peuple de la science-fiction d’une lucidité enviable :

« Nous, le peuple de la science-fiction, auteurs, traducteurs, illustrateurs, critiques et chroniqueurs, essayistes, libraires, blogueurs, éditeurs et directeurs de collection, tenons à exprimer par ce texte notre opposition à la loi Création et Internet.

C’est un truisme de dire que la science-fiction se préoccupe de l’avenir et que nombre de ses acteurs ont dénoncé les dérives possibles, voire probables, des sociétés industrielles et technologiques ; le nom de George Orwell vient spontanément aux lèvres, mais aussi ceux de John Brunner, Norman Spinrad, Michel Jeury, J.-G. Ballard, Frederik Pohl & Cyril M. Kornbluth, et bien d’autres encore.

La science-fiction sait déceler les germes de ces dérives dans le présent, car c’est bien du présent que rayonnent les avenirs possibles, et c’est au présent que se décide chaque jour le monde de demain.

La méfiance face aux nouveaux développements technologiques et aux changements sociaux qui en résultent, la peur de l’avenir et le désir de contrôle d’une société obnubilée par un discours sécuritaire… tout cela a déjà été abordé par la science-fiction, et s’il est une chose dont elle a permis de prendre conscience, c’est que les technosciences et leurs développements sont la principale cause de changement dans nos sociétés modernes. De ces changements en cours ou en germe, nul ne peut prévoir les retombées mais on sait aussi qu’élever des barrières ou des murs n’amène qu’à les voir tomber un jour, de manière plus ou moins brutale. Aussi, plutôt qu’interdire, la sagesse, mais aussi le réalisme, devrait inciter à laisser libre cours à la liberté d’innover et de créer. Le futur qu’il nous faut inventer chaque jour ne doit pas être basé sur la peur, mais sur le partage et le respect.

La loi Création et Internet, rejetée le 9 avril dernier à l’Assemblée nationale, doit être de nouveau soumise à la fin du mois à la représentation nationale.

Cette loi, dont on nous affirme qu’elle défendra les droits des artistes et le droit d’auteur en général, nous apparaît surtout comme un cheval de Troie employé pour tenter d’établir un contrôle d’Internet, constituant par là même une menace pour la liberté d’expression dans notre pays.

Les artistes, les créateurs, tous ces acteurs de la culture sans qui ce mot serait vide de sens, se retrouvent instrumentalisés au profit d’une loi qui, rappelons-le, contient des mesures telles que le filtrage du Net, l’installation de mouchards sur les ordinateurs des particuliers, la suspension de l’abonnement à Internet sans intervention d’un juge et sur la base de relevés d’IP (dont le manque de fiabilité a depuis longtemps été démontré) effectués par des sociétés privées et l’extension de mesures prévues à l’origine pour les services de police luttant contre le terrorisme à l’échange non autorisé de fichiers entre particuliers.

Profondément attachés au droit d’auteur, qui représente l’unique ou la principale source de revenus pour nombre des travailleurs intellectuels précaires que nous comptons dans nos rangs, nous nous élevons contre ceux qui le brandissent à tout bout de champ pour justifier des mesures de toute façon techniquement inapplicables, certainement dangereuses, dont le potentiel d’atteinte aux libertés n’est que trop évident aux yeux de ceux qui, comme nous, pratiquent quotidiennement dans le cadre de leur travail l’expérience de pensée scientifique, politique et sociale qui est au cœur de la science-fiction.

Également conscients de l’intérêt et de la valeur des communautés créatives, nous nous élevons aussi contre les dangers que cette loi fait peser sur le monde de la culture diffusée et partagée sous licence libre, qui constitue une richesse accessible à tous.

Internet n’est pas le chaos, mais une œuvre collective, où aucun acteur ne peut exiger une position privilégiée, et c’est une aberration de légiférer sur des pratiques nées de la technologie du XXIe siècle en se basant sur des schémas issus du XIXe siècle, songez-y.

Car l’avenir est notre métier.

Joseph Altairac, essayiste
Jean-Pierre Andrevon, auteur, critique, essayiste
Ayerdhal, auteur
Stéphane Beauverger, auteur
Ugo Bellagamba, auteur, essayiste
Jean-Luc Blary, éditeur
Pierre Bordage, auteur, scénariste
Georges Bormand, auteur, critique
David Calvo, auteur
Philippe Caza, illustrateur, scénariste
Hélène Collon, traductrice
Thomas Day, auteur, directeur de collection
Jeanne A. Debats, auteur
Irène Delse, auteur
Sylvie Denis, auteur, traductrice, anthologiste, essayiste, critique
Sara Doke, auteur, traductrice, essayiste
René-Marc Dolhen, critique
Jean-Claude Dunyach, auteur, anthologiste
Claude Ecken, auteur, critique, essayiste, scénariste (BD)
Jean-Pierre Fontana, auteur
Gilles Francescano, illustrateur
Thomas Geha, auteur, libraire
Laurent Genefort, auteur, essayiste, directeur de collection
Laurent Gidon, auteur
Olivier Girard, éditeur, rédacteur en chef
Karine Gobled, blogueuse
Julien Guerry, libraire
Vladimir Harkonnen, baron
Jean-Christophe Hoël, illustrateur
Aurélien Knockaert, webmestre
Sylvie Lainé, auteur
Patrice Lajoye, anthologiste
Nathalie Legendre, auteur
Roland Lehoucq, essayiste
Jonas Lenn, auteur
Jean-Marc Ligny, auteur
Laurent Million, auteur
Yann Minh, illustrateur, créateur de liens
Michel Pagel, auteur, traducteur
Olivier Paquet, auteur
Audrey Petit, directrice de collection
Jean-Pierre Planque, auteur
Laurent Queyssi, auteur
Simon Sanahujas, auteur, essayiste
Nicolas Soffray, auteur, critique
Hervé Thiellement, auteur, critique
Christian Vilà, auteur, essayiste
Jérôme Vincent, éditeur, webmestre
Roland C. Wagner, auteur, traducteur, essayiste, critique
Philippe Ward, auteur, directeur de collection

publication originale : http://generationscience-fiction.hautetfort.com/archive/2009/04/25/qui-controlera-le-futur.html

Libre Accès. Loi Internet et Création : Est-il encore permis de réfléchir et discuter ?, une contribution

Enregistrement intégral des conférences débat de Libre Accès, juin 2008 – février 2009

A l’approche du débat de la loi Olivennes, non Hadopi, non Internet et Création à l’Assemblée nationale, projet sur lequel l’urgence a été déclarée, les esprits s’échauffent, la colère et l’incompréhension généralisée montent devant cette « mauvaise réponse faite par des gens désemparés ».

Hors les industries culturelles quémandant cette loi et leurs habituels supplétifs aux arguments approximatifs comme cette fois-ci Luc Besson, hors l’Elysée et le ministère de la Culture, enfermés dans un autisme jusqu’auboutiste donnant lieu à des surenchères absurdes et dangereuses comme le projet de liste blanche pour les accès wifi publics, forme de censure radicale qui n’est pratiquée nulle part dans le monde, si tous sont d’accord sur l’objectif affiché de soutenir la création, personne n’est en faveur de ce texte.

Que ce soient les spécialistes techniques, des chercheurs étudiant les réseaux le P2P et les usages numériques jusqu’aux fabricants de matériels de filtrage, que ce soient les FAI, les associations d’internautes, les nombreuses sociétés ou organismes officiels français ou étrangers, comme la CNIL, l’ISOC et son chapitre français, le Contrôleur européen des données, la Commissaire Vivianne Reding, le Parlement européen, des ministres britannique, suédois, allemand, ce texte est critiqué sur le fond et de toutes manières ; jusqu’à Matignon semble-t-il, qui se tait éloquemment, mais n’en penserait pas moins.

LibreAccesPour tenter d’apporter un peu de recul, sérénité et profondeur au débat, Libre Accès propose les enregistrements de trois conférences débats qui se sont tenues à Paris, en juin 2008 lors du premier événement Libre Accès à la Mairie du IIe, en octobre 2008 pour le lancement du livre de Philippe Aigrain « Internet et Création – Comment reconnaître les échanges sur internet en finançant la création ?« , et enfin en février 2009 lors des Assises « Liberté Internet et Création« , permettant de comprendre les enjeux autour de la loi HADOPI.

Ce qu’ont de remarquable ces trois documents, outre cette distance et longueur dans le temps, est de témoigner d’une tentative de dialogue entre toutes les parties : on peut y entendre les points de vues de députés de différentes familles politiques, d’acteurs de la filière musicale, d’artistes, d’auteurs, de représentants des ayant-droits de la SACEM à l’ADAMI et la SPEDIDAM, de chercheurs, de juristes, de prestataires techniques, d’un médiathécaire…

Ces tables rondes permettent de cerner la complexité des débats à venir, de leurs enjeux et de leur impact sur nos libertés, l’avenir d’internet, l’avenir de la production et la diffusion des oeuvres culturelles, ainsi que la transformation radicale de l’univers culturel, passé définitivement d’un mode de distribution verticale à des modes de découverte et de partage.

Deux de ces tables rondes ont été co-organisées avec la Quadrature du Net et le soutien de l’APRIL sur les questions liées aux libertés.
Voici l’intégralité des enregistrements de ces conférences débats : à vous de vous faire une opinion sur libreacces.org

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http://libreacces.org/

Comprendre HADOPI : Tables rondes du 20 juin 2008 organisées par Libre Accès
[pour le moment fichiers en MP3]

Comprendre HADOPI : Assises Internet et Création du 12 février 2009
[Pour le moment fichiers vidéo en .flv – bientôt aussi .ogg]

Comprendre HADOPI : Débat organisé lors de la parution du livre Internet & Création de Philippe Aigrain
[Pour le moment fichiers vidéo en .flv – et aussi la totalité en .ogg]