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Dis, c’est quoi la culture ? (tome 1)

Congrès de Mexico de 1982 de l’UNESCO sur les politiques culturelles

Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
Cette culture donne à l’Homme la capacité de réflexion sur lui-même. C’est elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et éthiquement engagés. C’est par elle que nous discernons des valeurs et effectuons des choix. C’est par elle que l’Homme s’exprime, prend conscience de lui-même, se reconnait comme un projet inachevé, remet en question ses propres réalisations, recherche inlassablement de nouvelles significations et crée des œuvres qui le transcendent.

Ce n’est pas une définition arrêtée, certains diront que le mot culture est un terme éminemment polysémique et qu’il est, par là, difficile de rendre compte d’un concept précis, mais nous prendrons cette idée comme point de départ de notre réflexion car elle est large et qu’elle permet de rendre compte de tous les enjeux auxquels Musique Libre ou plus largement, les citoyens, sont confrontés.

Historique : Un ministère de la Culture ?

Avant 1945, les deux seuls pays qui avaient des ministères de la Culture étaient l’Allemagne et l’Italie, c’était les années 30 et 40, dans des pays où l’éducation des masses aux thèses des partis en place était l’objectif prioritaire de ces ministères. La fameuse propagande dont certains graphistes sont très friands.1315476-Propagande_fasciste_mai_1929

Depuis la Seconde Guerre Mondiale, nous avons appris qu’on pouvait être un bourreau nazi sanguinaire et être un excellent pianiste ou fan de Wagner, la culture ne vous immunise pas de la « barbarie », elle peut même être une arme résolument efficace et méthodique. À la suite de la Seconde Guerre Mondiale, en France, un certain André Malraux décida de créer un Ministère de la Culture (dénommé en 1959 Ministère des Affaires Culturelles)  et d’en faire, non pas un outil de propagande, mais un outil de communication et de promotion culturelle. Les maisons de la culture se multiplient sur les modèles des maison du théâtre imaginées par Jean Vilar. Elles deviendront les DRAC, Direction Régionales des Affaires Culturelles et signeront la fameuse « décentralisation culturelle ».

Depuis, le ministère s’est renommé en 1997, « Ministère de la culture et de la communication ». La culture est ainsi perçue, en France, comme un outil important de la renommée patrimoniale du pays. Elle permet d’attirer touristes et entreprises et de faire de la France un des premiers pays touristique au monde.

Les années 1970 ont développé l’idée du « développement culturel ». Pour répondre à mai 68 et aux idées qui en découlent (démocratie plus directe…), des centres d’action culturelle (CAC) sont nés. Ils travaillent sur de l’animation autour des œuvres patrimoniales. En 1981, quand la gauche arrive au pouvoir, une volonté d’élargir le champ culturel émerge. En lien avec les idées de 1936 et de Jean Zay (qui voulait dès cette époque travailler à un ministère de la Vie Culturelle qui engloberait Éducation Nationale, Éducation Populaire et Expression Nationale), les pratiques amateurs vont être développées, exit, donc, les notions d’art majeur et art mineur.

Ainsi le décret du 10 mai 1982, relatif à l’organisation du ministère précise : « Le ministère chargé de la Culture a pour mission : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».

Jack Lang associe également art et apprentissage, en opposition à l’esprit malrucien. Outre un ministère l’Éducation nationale et de la Culture, qu’il a mené pendant moins d’un an, sous le gouvernement Pierre Bérégovoy, c’est aussi l’époque du développement de l’enseignement du théâtre et du projet Collège au cinéma. Catherine Trautmann ensuite travailla sur l’éducation à l’art et la médiation culturelle.

Source : Wikipédia

Mais si la question de la place de la culture dans l’espace public est mieux traitée, celle de sa diffusion est liée aux industries culturelles naissantes en France. Après la fin de l’ORTF, viennent au monde les conglomérats télévisuels privés (Canal +, TFI, LaCinq, puis M6), puis ensuite les radios « libres », dont certaines sont devenues des empires de vente de publicité massifs (NRJ, Skyrock, RMC, RTL, Europe1…). C’est dans ce contexte que le Ministère de la Culture a évolué, et c’est ce contexte qui permet de comprendre toute la fissure entre les publics et ce Ministère quand il a fallu parler de diffusion et de téléchargement à l’heure d’internet.

Ceux qui, aux yeux du Ministère, permettaient la « démocratisation culturelle », car ils toucheraient des publics jusqu’ici éloignés des théâtres et de la vie culturelle parisienne, se retrouvaient en grande difficulté face à un phénomène nouveau, la « disponibilité culturelle » sur internet, et à ceci, les arsenal législatifs employés (LCEN, DADVSI, LOPSSI) n’ont eu qu’un effet dissuasif marginal. Il a fallu la concurrence du « piratage » par des offres légales et peu chères (le streaming) pour que nous puissions voir des modifications de comportements, la HADOPI ne servant qu’à rappeler à l’ordre les brebis égarées de la nouvelle technologie.

Cette première partie s’est concentrée sur la perception de la culture par les pouvoirs publics. Ce qu’ils financent et aident en priorité (le patrimoine, l’éducation culturelle, les industries de la communication) montre un point de vue sur le terme « culture ». Celui-ci est toujours teinté de vision pyramidale de la culture, entre les savants et les ignorants, avec des intermédiaires qui permettent l’éducation des uns pour les autres. Je dirai que cela montre aussi une méconnaissance abyssale des processus de création et d’identité culturelle des populations, une arrogance telle qu’elle ne permet pas aux populations de s’emparer de nouvelles formes, mais qu’elle les enferme dans des carcans culturels, décidés et labellisés en haut-lieu, et aidés en ce sens.

Dans ma deuxième tome, je vous parlerai de processus de création et d’identité culturelle et surtout en quoi les politiques culturelles aujourd’hui ne permettent de travailler ces questions qu’à la marge, avec quelques exemples concrets.

La Quadrature du Net demande votre soutien !

Suite à ce billet, publié sur Mediapart, la Quadrature du Net demande votre soutien. Soutenir la Quadrature du Net, c’est soutenir la vigilance contre des lois liberticides, pouvoir s’informer sur les enjeux du numérique.

Il s’agit de récolter environ 160 000€ de dons dans l’année 2014 de la part des internautes, puisque nous avons choisi l’indépendance absolue en basant notre modèle financier prinicipalement sur les contributions individuelles.

Lorsqu’on se rend sur le site internet de La Quadrature du Netpour la première fois, on est frappé par la densité des mots, des textes, des sujets : censure, surveillance, blocage, TAFTA, LCEN, etc. On peut être rebuté par ce qui ressemble à une collection d’inquiétudes, un rappel que vivre en démocratie ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas de problèmes de libertés. On peut considérer que la vie est bien assez dure comme ça, que l’économie, le chômage, les tensions sociales, sont suffisamment présentes et anxiogènes pour qu’on ne se préoccupe pas, en plus, de ces questions un peu obscures de libertés sur Internet. Laissons cela aux geeks. Laissons cela aux paranos. Laissons cela à ceux qui ont du temps pour se pencher sur tous ces sujets à la frontière du droit, du code, des relations internationales, de l’espionnage et de la surveillance.

Ou alors non.

Ou alors il est temps de comprendre qu’Internet a pris une telle place dans nos vies quotidiennes qu’il ne s’agit plus de « nouvelles technologies », mais de nos usages quotidiens. Que l’ancien monde est de plus en plus mort et que le nouveau n’est plus si infantile et innocent que cela. 20 ans d’Internet grand public, cela installe des usages. Cela permet de commencer à avoir un peu de recul sur nos pratiques, sur ce qui va et ce qui ne va pas. Cela permet de regarder lucidement ce qui peut arriver si on ne protège pas nos vies privées et notre Internet, ce bien commun parmi les plus accessibles et partagés au monde.

Alors on peut regarder d’un œil neuf ce que fait la Quadrature du Net et se sentir – enfin – concerné.

Depuis sa création en 2008, La Quadrature du Net agit sans relâche pour qu’Internet demeure un outil de partage, de libre expression, d’émancipation, permettant la participation de tous au débat démocratique. Elle agit notamment pour :

  • Une vraie protection de la neutralité du Net et la non-discrimination des données : que chaque internaute soit en mesure d’accéder à tout l’Internet et que chaque contenu puisse lui parvenir, quel que soit son fournisseur d’accès et son équipement, contre les atteintes à la neutralité du Net qui se multiplient ces dernières années.
  • La protection du droit à la vie privée contre la surveillancedes États et des entreprises : que chaque internaute soit le maître de ce qu’il partage et de ce qu’il souhaite garder secret. Que sa vie privée soit respectée en permanence, en ligne ou non. Que les puissants, les États et leurs agences de renseignement, ne soient pas au dessus des lois sur le Net. Que le fardeau immense de défendre nos droits et noslibertés ne pèse pas uniquement sur quelques individus comme Edward Snowden.
  • L’adaptation du droit d’auteur aux pratiques culturelles actuelles et la légalisation du partage non marchand des ?uvres numériques entre individus : que les pratiques réelles des citoyens telles que le partage et le remix soient reconnues et acceptées pour ce qu’elles sont : un acte de reconnaissance, de vie sociale et d’épanouissement, permettant une plus large diffusion des œuvres et le contournement des acteurs dominants, plutôt que comme un vol ou un piratage irrespectueux.
  • La liberté d’expression contre la censure : que les garde-fous de la liberté d’expression conquis à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle soient tout autant respectés sur Internet, où l’expression massive des citoyens a libéré la parole publique comme aucun autre outil auparavant dans l’Histoire.

L’une des caractéristiques des actions de La Quadrature du Net est de fournir des analyses juridiques et techniques à la fois très fouillées et précises, mais aussi accessibles aux citoyens que possible, afin de leur permettre de se saisir du sujet en question. Non pas comme un groupe élitiste, mais en agissant ensemble et accompagnant chacun dans la défense de ses droits et des libertés publiques.

C’est un chantier important de « capacitation citoyenne » afin de rendre plus lisibles et compréhensibles les enjeux des libertés sur Internet. Dans l’objectif d’aider chacun à prendre conscience et défendre les droits fondamentaux dans les dossiers liés au numériques. Pour mener ce chantier, nous ne pouvons pas, nous ne pouvons plus compter uniquement sur une poignée de « geeks » militants, qui nous accompagnent depuis des années : nous sommes tous concernés. Les « super-héros » de l’Internet libre sont trop peu nombreux et fatigués…

Il nous appartient à tous de prendre en charge la défense de nos libertés. De participer aux efforts de sensibilisation, d’argumentation et de travail auprès des législateurs. De nous aider à mener au jour le jour les combats pour les libertés individuelles et publiques, en prenant conscience que ce travail, cette participation, sont fondamentaux pour l’ensemble de nos droits et libertés, au-delà des dossiers numériques. En sachant qu’en nous soutenant, ils se soutiennent eux-mêmes, aujourd’hui et pour l’avenir. Devenir, chacun selon ses capacités, un héros de l’Internet.

Adrienne Charmet-Alix

Coordinatrice des campagnes

La Quadrature du Net

La publicité est elle un bon moyen de financement ?

A chaque fois que je parle de nos sites à des gens qui ne les connaissent pas,  cette remarque revient quasiment à chaque fois : « et pour vous financer, vous avez de la pub ? ».

Ah bah tiens ? Et si on avait de la pub ? C’est vrai que ça parait tentant. Son omniprésence semble nous indiquer que ce modèle économique marche et, en dehors d’une petite minorité d’informés, force est de constater que la publicité ne choque pas grand monde.

Il n’y a que l’argent qui nous intéresse

Il existe déjà de quoi faire dans le registre de la critique anti-pub mais, avouons le, c’est facile de dire que c’est con et moche !  Vu que ça n’avance à rien, aujourd’hui on va être pragmatique. On va parler pognon.

Du coup, pour les besoins de cet, article nous allons imaginer un instant que la publicité soit absolument sans défaut. Imaginons que ses panneaux et ses bannières soient des modèles d’esthétisme et de respect du paysage. Imaginons que ses messages soient plein d’intelligence et n’en appellent jamais à nos bas instincts ni à nos doutes intimes. Oublions aussi les tonnes de papiers des prospectus publicitaires et le charbon brûlé pour alimenter les serveurs de pubs.

Oublions nos préjugés et étudions simplement cette question : est-ce que la pub est, globalement, un bon modèle de financement ?

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Du gratuit qui nous coûte une fortune

Si je devais donner une seule raison qui puisse expliquer le succès sans faille de la pub, je dirais simplement : nous n’en voyons jamais la facture. A tel point d’ailleurs que « financé par la publicité » et « gratuit » sont devenus de parfaits synonymes. Cependant, ce secteur florissant pèse son poids dans l’économie…

D’où question : qui paie les 31 milliards [1] investis dans la communication chaque année ?

Une taxe invisible

Qui paie ? Facile ! C’est nous ! Le coût de la publicité est inclus dans le prix de chaque produit sans que rien n’indique la proportion qu’il représente. Si on divisait cette somme par le nombre d’habitants en France, cela représente en moyenne 471€ par personnes et par an (en incluant tout le monde – y compris les enfants et les personnes financièrement dépendantes). Bref cela n’est pas rien et c’est prélevé -sans que vous vous en rendiez compte- à la manière d’une taxe invisible et injuste… Même si vous évitez consciencieusement tout ce qui porte une marque, vous n’êtes pas épargné pour autant ! (voir annexe : combien je paie au juste ?)

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Les coûts collectifs

32 milliards est une coquette somme. Pour vous faire une idée, cela représente 4,8 fois le budget du ministère de la culture et de la communication (recherche comprise). C’est un petit manque à gagner tout de même. Et encore, si il n’y avait que ça …

Il se trouve qu’en plus de cette petite marge sur chaque achat, la  publicité possède des coûts indirects importants. Or, c’est la collectivité (c’est à dire nos impôts) qui se retrouve à régler l’addition. De quels coûts indirects parlons-nous ?

Les recherches en manipulations

Lorsque l’on parle de neurosciences, de psychologie ou de sociologie, on ne pense pas tout de suite à la publicité. Cependant, depuis quelques dizaines d’années les chercheurs sont de plus en plus incités à travailler sur des sujets directement « utiles à l’économie » – c’est à dire immédiatement rentables. On constate, dans la recherche publique, une dérive de plus en plus marquée vers des études pour des intérêts privés. Difficile en revanche de déterminer la somme que cela représente car même une recherche ayant directement pour but la manipulation d’autrui peut avoir des impacts positifs sur des domaines tout à fait respectable (l’inverse est vrai aussi).

Finalement, « les recherches en publicité » ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres de recherches publiques menées pour des intérêts privés (au détriment ou directement conte l’intérêt général)… C’est plus la qualité de la recherche qui est en cause que notre porte-monnaie (rappelez-vous que nous essayons ici d’être bassement cyniques et calculateurs). Passons-donc sans plus attendre au principal des coût indirect de la pub… Je vous assure qu’il est diablement plus insidieux que tout ce que nous avons vu jusqu’alors.

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Des belles affiches et des pots cassés

Le dernier coût dont nous allons parler ici est infiniment subtile et trop peu commenté… Quand je vous disais que la publicité ne montre jamais la facture : je suis certain que la plupart d’entre vous ne pense pas à ça : ses coûts sociaux et sanitaires.

Et là, pas de bol, on a des chiffres.

Une enquête britannique menée par la New Economics Foundation (NEF) – et visant à démontrer l’écart entre l’utilité social et les salaires- à démontré que pour chaque 1£ versée en salaire à un publicitaire, la collectivité (c’est à dire nous) devait sortir 11£ pour compenser les impacts négatifs de son travail. Admettons qu’il s’agisse d’un publicitaire modeste travaillant pour 1200€ par mois (et admettons qu’il ne s’agisse que du salaire net…) : son travail coûtera à la collectivité 13 200€. Si vous faites des études en com’, rassurez-vous, il y a d’autres débouchés.

En effet, la NEF nous montre que les « vertus économiques » de la publicité (sur l’augmentation des ventes, la croissance, l’emploi…[3]) sont bien inférieurs aux conséquences négatives comme l’obésité, les cancers, la hausse de déchets, l’impact écologique, etc. Or c’est bel et bien aux services publics que reviennent la tâche de s’occuper de ces problèmes.

« What an e-waste » par bdunnette

 

La publicité coûte cher, toujours est-il qu’une partie de ces 31 milliards permet de financer la presse (~3 milliards €), la télévision (~ 4 milliards €) et internet (~1.6 milliard). Est-ce que, au moins, cet argent (notre argent) est bien dépensé ?

Le système publicitaire est bête et méchant

La façon dont l’argent de la publicité est dépensé est excessivement basique. En fait il n’y a que trois contraintes. Il faut :

  • Qu’un maximum de personnes voit le message
  • Qu’un maximum de ces personnes soient intéressées par le message
  • Que le contenant n’interfère pas avec le message

De fait, si je dit que c’est bête et méchant, c’est parce que – aussi sophistiqués que soient les outils du marketing moderne –  on reste dans des systèmes infiniment moins complexes que des comportements humains. Dit autrement, il est infiniment plus simple de comprendre pourquoi les annonceurs ont mis des encart dans tel journal que de comprendre pourquoi M.  Dugenou à acheté ledit journal. Certes, oui, ceci est un tautologisme. Mais il y a une raison pour laquelle j’insiste dessus.

…et c’est bien tout le problème !

La bêtise simpliste du système publicitaire est le cœur du problème! La publicité (et l’argent qui va avec) va naturellement s’orienter vers ce qu’il y a de plus consensuel car c’est ce qui assurera le meilleur ratio entre les trois contraintes. Autrement dit, on touche un public large, normalisé (média de masse) et attentif (ou apathique – c’est selon). L’exemple le plus frappant est le journal télévisé avec sa petite note positive à la fin pour que le client soit bien réceptif. Bien entendu, il existe également du marketing de niche (où l’importance du deuxième point compense les deux autres) mais le gros des sommes ira vers ce qu’il y a de plus sans saveur.

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Un intelligent système de bêtise humaine.

Qu’on s’entende bien : il ne s’agit pas d’un complot international visant à nous abrutir. Comme (quasiment) toujours, il s’agit d’un système résultant d’intérêt convergents.

La bêtise crasse est objectivement le meilleur cadre que l’on puisse offrir à un message publicitaire, et le média à objectivement tout intérêt à augmenter ses revenus publicitaires. Une fois le processus amorcé, le support et le financeur et le financeur au support.  Le système publicitaire déplace ses billes (disons plutôt sa thune) vers ce qui lui est le plus profitable tandis que chaque média adapte ses contenus pour ne pas être les derniers à avoir une part du gâteau.

Quant à savoir pourquoi nous autres on à regardé ça sans réagir…. c’est un autre débat.

Si sa capacité à cacher ses coûts est la principale force de la pub, le deuxième est sa capacité à modeler les contenus à ses besoins… dommage que ceux ci correspondent à du temps de cerveau disponible.

Du coup, la pub, on en met pas ?

Commençons cette conclusion par un peu de modération : tout les maux de la société ne sont  pas à mettre sur le dos de la publicité. Si elle prospère, c’est aussi parce que les « élites » s’accommodent très bien de l’abêtissement de nous autres (moi qui croyais qu’une démocratie nécessitait des citoyens critiques et éclairés… j’avais tout faux !).

Ceci étant dit, je suis toujours surpris de voir la proportion de gens qui ne voient pas le problème avec la pub…. Alors mettons les choses au point avec un titre grandiloquent.

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Supprimer la publicité c’est redonner du pouvoir au peuple

La communication, le marketing, la pub… ça n’est pas seulement des affiches et des spots tape-à-l’oeil qui ornent les villes et entrecoupent les films. Non, la pub, c’est aussi un détournement de fond. 32 milliards d’euros prélevés à la source transformés et revendus en connerie pure. L’enquête de la NEF est fantastique parce qu’elle permet d’objectiver ce jugement de valeur. C’est pas juste couillon : c’est couillon et ça fait concrètement du mal à notre société.

Refuser la publicité n’est pas seulement une question écologique, éthique ou morale. Bien sûr, contrairement à ce que je vous demandais d’imaginer en introduction, la publicité est probablement la pire « production de l’esprit » dont soit capable l’Homme : c’est laid, c’est con et ça appui constamment sur nos malheurs, nos doutes et nos peurs.
Cependant, restreindre ce secteur ne nous permettra pas seulement de récupérer du temps de cerveau disponible, mais également  -et surtout- cela nous permettra de reprendre individuellement et collectivement le pouvoir sur nos médias.

Si on veut mettre fin à ce système qui se nourrit de sensationnalisme, il ne faut pas aller voir TF1 ou le Point pour leur demander d’être un peu moins crétins. S’ils faisaient ça, il mettraient la clef sous la porte car les recettes publicitaires se contenteraient de se déplacer vers une meilleure offre. En revanche, il existe des leviers pour limiter drastiquement la pub. Son existence ne va pas de soit, et le lobby publicitaire doit battre quotidiennement pour garantir ses intérêts. Et si nous nous battions aussi ?

N’ayons pas peur des mots : supprimer la publicité est une affaire de démocratie, au sens noble du terme.

 

 Annexe : Combien je paie au juste ?

471€ est une moyenne brut de décoffrage. Or, ce chiffre est très minoré car il prend également en compte tout ceux qui n’ont pas leurs propres revenus (enfants, personnes sous tutelle,…). En prenant seulement la population de plus de 20ans (l’age médian de la prise d’indépendance étant de 23ans) on arrive à près de 700€.

Cependant , la répartition est très inégalitaire et, pour savoir  comment se repartit cette somme, il faudrait pouvoir repérer la marge publicitaire de chaque produit et les comparer avec les habitudes de consommation par groupe sociaux. En attendant je vous donne quelques pistes pour vous faire une idée de cette répartition.  Il me semble important d’insister sur deux points : tout le monde paie, et ça pèse d’avantage sur les pauvres.

Même si vous êtes un zélote des circuits courts, que vous évitez comme la peste les grandes enseignes et que vous habitez  dans un village où la pub est interdite (par exemple, là où j’habite)… eh bien vous payez quand même ! Vous limitez -certes- les dégâts, mais impossible de s’en soustraire totalement. Ne serait-ce qu’indirectement (votre paysan local adaptera ses prix pour pouvoir acheter des biens de consommation courante markétés – donc plus cher) : vous payez !  De plus Avec la privatisation des services publics, même les biens essentiels ont dû se mettre au marketing féroce – les coûts supplémentaires se répercutant sur les prix et les conditions de travail.

Ceci dit, ce que je viens de décrire est le comportements d’une minorité de la classe moyenne. Le coût de la pub est surtout un problème pour les plus pauvres. En effet, comme pour la TVA, même si tout le monde paie le même pourcentage , ce dernier représente une part d’autant plus grande du budget que ce dernier est petit. C’est a dire que ça représente une broutille pour un couple d’ingénieur alors que ça peut faire la différence entre un mois normal et un mois à manger des pâtes pour un couple pauvre.

1 http://www.uda.fr/sinformer-actualites/actualites/communiques-de-luda/derniers-communiques/article/luda-publie-la-14e-edition-des-chiffres-cles-des-annonceurs/

2 projet_loi_finances_2013.pdf

3 http://s.bsd.net/nefoundation/default/page/file/8c16eabdbadf83ca79_ojm6b0fzh.pdf

4 : je laisse à chacun le soin de juger si ces points sont positifs ou non

Les licences libres ne suffisent pas !

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Ces dernières années, des actions localisées, éclatées, fébriles, ont enfanté une contestation amoureuse d’elle-même, une galaxie d’impatiences et d’impuissances, une succession de découragements

Serge Halimi, Stratégies pour une reconquête, Le Monde Diplomatique, Septembre 2013.

 

Cette citation de Serge Halimi s’inscrit dans un article qui vise à donner des pistes aux militants de tous poils pour mettre en place une action efficace pour rétablir un peu de justice dans ce bas monde. Or, il me semble que cette dernière  s’applique parfaitement au mouvement du libre. Malgré les fleurs que nous nous envoyons à longueur de forum, je constate année après année que les gens s’usent et se renfrognent faute de véritables victoires…

Les licences libres ne sont pas magiques…

J’ai longtemps cru au mythe fondateur du Libre : les licences libres allaient faire naître toute une panoplie de pratiques tellement fabuleuses qu’elles emporteraient dans un raz-de-marée les pratiques privatrices. Je nous croyais invincibles car, tel le virus, nous étions tenaces, mutants et contagieux !

Je n’ai jamais cessé une seul seconde de croire que le partage et la culture (du) libre allait améliorer les choses, et je m’émerveille tous les jours des prouesses des hackers et des partageux de tout pays. Cependant, il y a un aspect de mon conte de fée que j’ai dû remettre en question : les outils (juridiques, techniques, virtuels,…) que nous fabriquons ne sont pas magiques. Non seulement ils peuvent devenir inutiles si on s’en sert mal, mais ils peuvent aussi être utilisés contre nous !

Un(e) licence/logiciel/machine libre est un outil et rien de plus !

Cette introduction sonne comme un tas d’évidences et vous commencez peut-être à croire que je vous prends pour des buses ! Il n’en est rien, et si je prends la peine de poser tout ça par écrit, c’est bel et bien parce que la croyance que les licences libres se suffisent à elles mêmes est diablement tenace dans notre mouvement !

Certes, cet outil -comme tout outil- aura permis, par sa seule existence, des changements et des avancées significatives. Cependant -comme tout outil- il ne fera jamais rien de plus que ce qu’on lui fera faire !

Il y a beaucoup d’exemples d’outils fabuleux porteurs d’espoirs qui ont été vidés de leur sève. L’un d’entre eux se trouve d’ailleurs juste sous votre nez. Je parle bien entendu d’Internet !

Internet, porte en lui les germes de l’abolition des frontières, du partage sans limite, de la communication sans barrières… Cependant cela n’est pas si simple, car dès qu’un outil est potentiellement source de pouvoir (ou de perte de pouvoir), il devient source d’enjeux.

Or, bien qu’internet soit un espace virtuellement infini, nous constatons de plus en plus que ces enjeux ne peuvent pas coexister pacifiquement. C’est d’ailleurs pour cela que la Quadrature du Net, l’April ainsi que bien d’autres associations doivent se battre quotidiennement pour éviter que les pousses de liberté semées par les pionniers du net se retrouvent écrasées par un centre commercial virtuel géant.

De révolutionnaire à publicitaire il n’y a qu’un pas

Ce qui est vrai pour internet l’est tout autant pour les licences libres. Après avoir bossé 2 ans dans une boite qui vend de l’open-source, je puis vous affirmer que les quatre libertés fondamentales ne changent que très peu les pratiques quotidienne d’un éditeur de logiciel. Il s’agit d’un argument de vente efficace mais les relations fournisseurs/clients obéissent aux mêmes règles que celles d’un éditeur propriétaire. Il en va de même pour la culture :  récemment, la SACEM nous aura également prouvé qu’il suffisait d’un accord pour réduire les Creative Commons au rang de vulgaire objet promotionnel pour leurs sociétaires

Un outil doit servir un but et non l’inverse

Ces détournements des licences libres prouvent bien qu’un outil doit être un moyen et non une fin. Ça paraît relever du bon sens, mais force est de constater que les libristes affichent (pour la plupart) la diffusion des licences libre comme unique objectif ; il est très rare de voir des gens se questionner sur ce qui se passera après ( que faire si ça marche ? que faisons-nous si ça ne marche pas ?).

Or cela pose de nombreux problèmes :

  • Les débats se cristallisent sur les outils ce qui empêche toute mise en perspective ou élargissement (d’autant plus que de choisir un outil sans but est absurde… C’est comme choisir une mèche de perceuse sans savoir si le mur est en béton ou en bois)
  • De fausses dissensions apparaissent sur des détails faute de pouvoir prendre la hauteur pour constater que le débat est absurde (et si je vous disais que la clause NC et la clause SA peuvent servir le même objectif… )
  • Personne ne remarquera, ni qu’un outil obsolète ou inefficace, ni l’apparition d’un meilleur outil (ce qui revient à défendre mordicus votre mèche à bois, même après avoir en avoir usé 10cm sur un mur en béton – parce que vous comprenez, une mèche c’est cher et le magasin il est loin).

En d’autres termes, toute discussion de l’outil est confondue avec une discussion sur le but,  ce qui fausse complètement tout débat.  Pour filer ma métaphore de trou, c’est comme si vous disiez à votre collègue que sa mèche n’est pas bonne et qu’il vous rétorque  : « On a besoin de percer un trou là ! Si tu comptes m’en empêcher va-t-en tu ne m’aides pas ! ». L’objectif (percer un trou) et le moyen (la mèche) sont mêlés : la discussion est impossible.

En face, ils ne confondent pas…

A l’inverse, il est bon de noter que l’une des principales caractéristiques du capitalisme (il faut appeler un chat un chat) est de combiner un but infiniment simpliste (accumulation maximale de richesse) avec une absence totale d’état d’âme concernant les moyens. Lorsque les licences libres sont instrumentalisées par Google, il n’y a pas de tergiversation sur le but de ses dernières : ils s’en emparent tant qu’elles présentent un intérêt et les abandonneront du jour au lendemain quand ça cessera d’être le cas !

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Quels objectifs ? Le projet politique !

Pour les moyens, pas de soucis : on est bon ! On a des logiciels super, des juristes super, des machines super et plein d’idées géniales ! Bref, on a toutes les meilleures mèches de perceuse du monde (oui j’aime ma métaphore). Vous l’aurez compris le problème, c’est le but. Le but lointain, grand, beau et inatteignable vers lequel on veut aller, l’horizon pour lequel on se bat.  Or, là aussi il faut appeler un chat un chat : cela s’appelle un projet politique.

Qu’ouï-je ? Politique !?

(au vu des incompréhensions systématique du terme « politique », un aparté s’impose !)

La Politique est une magnifique idée. Cela consiste tout bêtement à se rendre compte que l’on n’est pas seul au monde et qu’il va falloir trouver des solutions communes avec les gens de son espèce dans le respect de son environnement (ce qui ressemble pas mal au Libre quand on y pense). Or, pour beaucoup de gens, la confusion est totale entre politique, politicien, parti politique… malheureusement, cela entraîne le plus souvent un rejet immédiat…

Or refuser le Politique revient implicitement à laisser les pleins pouvoirs aux professionnels de la politique (qui sont, sans surprise -depuis les années 80-  les premiers à entretenir une idée de fin de la politique et de fin des idéologies). Le principe d’une élite qui refuse que le bas peuple l’ampute de ses privilèges est quelque chose que l’on retrouve aussi dans le débat  musiciens amateurs vs professionnels.

C’est quoi le projet politique du libre, alors ?

Il n’y a pas un projet politique, mais des projets politiques !  Sauf que, vu que personne ne prend la peine d’identifier clairement ses buts, le mouvement du libre finit par ressembler à une galère où chaque rameur s’active dans une direction sans savoir où les autres veulent aller (et sans savoir trop où lui-même veut aller) ! Or, lorsque que personne ne rame à l’unisson, tout le monde s’épuise avec, en prime, la frustration de voir notre beau bateau emporté par le courant dominant.

Il serait grand temps d’arrêter de ramer n’importe comment et de savoir qui veut aller où ! Pour prendre un exemple extrême (mais réel) : certains voient le libre comme d’un outil de lutte contre le capitalisme tandis que d’autres y voient un moyen de booster la compétitivité des entreprises… Peut-être vaudrait-il mieux les mettre dans des bateaux différents, n’est-ce pas ?

Libristes vous voulez ramer vers où ?

Si vous faites du libre parce que vous trouvez ça pratique, c’est parfait ! Je ne dis pas qu’il faut tous qu’on se mette à rêver du grand soir ! Je pointe juste du doigt le fait que sans projets politiques – en parallèle des utilisateurs a-politiques- le mouvement du libre stagnera ou disparaîtra.

Un intérêt pour chaque initiative…

Si vous faites parti d’une initiative libre et que vous y êtes pour changer le monde -et pas seulement votre ordinateur (je sais qu’il y en a parmi vous)- il faut définir vers quoi vous allez. En effet, il y a fort à parier que vous avez déjà un projet politique tacite que vous partagez avec vos collègues mais que vous n’avez jamais pris la peine de formuler. Or, clairement identifier ses buts est tout bénef. Loin de « fermer » votre initiative, c’est tout l’inverse qu’il se passera :

  • Cela permet aux nouveaux venus de savoir s’ils se reconnaissent dans votre initiative (sans ça, ceux qui devaient partir partiront quand même… mais avec une perte d’énergie pour les deux partis)
  • Un but permet de cadrer les débats stériles (voir plus haut)
  • Contrairement à ce que vous pouvez penser, cela simplifie les compromis (il n’y a pas de suspicion de « trahison » si le compromis est clairement identifié comme une étape nécessaire entre la situation actuelle et le but)
  • Créer des liens forts (les liens basés sur des valeurs et des objectifs communs sont les plus solides qui soient)
  • Créer des liens en dehors du microcosme libriste (si vous avez de grands objectifs, ils dépassent forcément la sphère du libre et seront forcément partagés par d’autres dans d’autres domaines)
  • Avoir des actions plus larges (le libre n’est pas isolé du monde, ainsi des lois, des politiques économiques ou des normes culturelles peuvent faire infiniment plus de mal au Libre que des contraintes techniques – Ces grands obstacles sont insurmontables  si on ne partage pas le combat avec des acteurs hors libre)
  • Motivation ! (les combats du libre sont des combats de longue haleine où les victoires sont amenées à s’espacer. Si on ne sait pas vers quoi on marche difficile de se motiver…)

Et pour le Libre en général !

Comme dit plus haut, je n’ai aucun problème avec les mouvements a-politiques au sein du libre, il en faut. Cependant, si on veut qu’il reste des a-politiques qui s’enthousiasment  de tout ça, il faut aussi des éclaireurs qui veulent aller percer l’horizon pour ramener de nouveaux trésors.

Qui pour voguer à contre courant pour aller vers des contrées oubliées telle que l’égalitarisme ? L’économie du don? Vers l’écologisme numérique ? Le féminisme ?

 

Et Musique Libre ! alors ? prenons nous les rames ?

 

 

Musique Libre ! au festival Avatarium 2014

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Oyé ! Oyé !

Musique Libre ! Vous annonce avec plaisir qu’elle participera à la 15ème édition du festival Avatarium qui se tiendra à Saint Étienne du  7 au 17 Mai 2014.

A cette occasion nous organisons une soirée le 13 Mai comprenant une conférence sur le thème : « Le Libre est un outil de maîtrise technologique, a-t-il des limites ? Qu’en est-il d’un Libre qui se passerait de l’informatique et des réseaux ? » donnée par votre serviteur.

La projection du film The Nanook Incident, montage autogène du film Nanouk l’Esquimau de Robert Flaherty (1922).

Cette soirée sera une manière de fêter humblement les 10 années d’existence de Musique Libre ! Ainsi que de rendre hommage aux 15 années du festival Avatarium.

Nous serons aussi présent sur les soirées de concerts du festival avec un stand d’information pour parler avec tous de musique, de libre et de tout ce qui s’en rapproche de près ou de loin.

Comme d’habitude si vous souhaitez nous donner un coup de main sur l’organisation de cette soirée ou du stand, votre aide est la bienvenue.

Librement,

L’association Musique Libre.

1% des artistes accaparent 77% du marché de la musique, et vous ?

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« L’industrie de la musique est une « économie de superstar », c’est-à-dire qu’une très petite part des artistes et des œuvres représente une portion disproportionnée de tous les revenus. »

C’est ce que démontre en creux l’analyse de Mark MULLIGAN, chiffres et graphiques à l’appui. La musique, les artistes, les œuvres comme des produits, vendus en supermarché, cadenassés par les DRM (itunes et cie), condamnés à la pauvreté auditive (voir la qualité d’écoute de Deezer)… Avec tout ce tableau, beaucoup disent et sont persuadés, de manière un peu fataliste qu’on ne peut rien y changer, que la SACEM (qui engraisse bien plus les éditeurs et les plus gros auteurs qu’elle n’aide les plus petits) ne peut être évitée… Or des alternatives existent. Parmi celles-ci, Dogmazic et l’association Musique Libre.org permettent de changer un peu les choses. Depuis près de 10 ans, l’association œuvre auprès des artistes, autorités, labels pour que cette alternative existe, vive et soit reconnue. Autant vous dire que c’est le pot de terre contre le pot de fer ! Mais c’est en y allant avec nos mains, dans cette tonitruante boue remplie de nombreuses pépites qu’on y arrive. C’est aussi en voyant les trésors cachés du domaine publique, des usages des licences libres qu’on trouve toute l’énergie suffisante pour faire face. Mais c’est aussi avec votre aide, précieuse depuis tant d’années, que nous pouvons nous passer de publicités, que nous pouvons travailler pour l’intérêt commun, celui des cultures, de l’accès aux cultures et de la réappropriation des cultures par et pour tous. Vaste domaine que voici, vaste mission que nous nous donnons, mais il est vrai que tout ceci ne vivrait pas sans une prise de conscience collective du rôle de l’expression des artistes, du rôle de chacun dans notre société pour dénoncer et clamer haut et fort que la culture n’existe que si elle est libre de toutes entraves intellectuelles ou techniques.

Cette année de dixième anniversaire de notre association, de l’ouverture du site Dogmazic.net, nous permet de vous demander une contribution exceptionnelle, de participer à notre action. Nous organisons une campagne de dons massive permettant de nous donner les moyens pour faire vivre cette alternative. Merci d’avance pour votre soutien sans failles depuis tant d’années, et merci à ceux, nouvellement inscrits, qui nous soutiendrons cette année !

Pour ceux qui ont des connaissances en langues étrangères, on a besoin de vos talents pour traduire en allemand, espagnol et italien les quelques textes qui accompagneront la campagne de dons !

Si vous voulez nous suivre, voici un lien qui retrace le développement de la campagne de dons : https://trello.com/b/j9Dv7Loa/musique-libre

Librement,

L’association Musique Libre.

Plus c’est long, plus c’est bon signe, partie 1 : S’inscrire dans le libre

Tout projet commence par la sélection des bons outils. Qu’est-ce qui nous permettra d’aller le plus vite et le plus efficacement possible ?

Même en se contentant de cette question simple, vous êtes partis pour de long débats sur les vertus et les vices de tel ou tel CMS/bibliothèque/cadriciel/langage… Ne vous y trompez pas, lorsqu’on en arrive là, l’informatique n’a rien de plus « scientifique » ou « objectif » qu’autre chose. Il y a tout autant de modes arbitraires et de mauvaise foi qu’ailleurs.

Déjà qu’on est pas rendu avec ça, qu’en plus il faut se poser une autre question : comment puis-je faire un projet vraiment libre ?

Parce que la licence ne vaut pas grand chose en soi

Si vous voulez faire du libre, il ne suffit pas de poser une licence GPL sur votre code, loin s’en faut ! Si vous voulez faire les choses comme il faut, il y a trois point à considérer :

  •     Chercher à améliorer l’existant plutôt que de faire du neuf
  •     Documenter et faciliter le partage
  •     Répercuter les modifications

Concrètement, chacun de ces points prend du temps ! C’est évident pour la documentation, mais ça n’est pas moins vrai pour les autres points. Dans mon précédent travail, mon chef d’équipe faisait des pieds et des mains pour que le direction nous laisse du temps pour transformer nos développements en plugins dignes de ce nom (écris en respectant les bonnes pratiques et réutilisable par la communauté)… Malheureusement, ce temps n’étant pas facturable, nous devions nous contenter de codes fait à la va vite (ou de gros plugins utiles seulement à un projet donné). Pourquoi voit-on tant de projets fait par une seule personne ? Pourquoi voit-on tant de projets qui réinventent la poudre ? Parce que c’est plus simple que de s’adapter à de l’existant !
En revanche, entre ça et une collaboration, qu’est-ce qui apporte les meilleurs résultats ?

Se greffer proprement

Dogmazic est basé sur Mediagoblin et j’ai passé pratiquement autant de temps sur l’un que sur l’autre. S’agissant d’un projet tout jeune, il y avait beaucoup de choses qui n’était pas tout à fait finies au moment où nous avons rejoint le projet, en particulier sur les plugins. C’est assez logique, lorsqu’on fait un logiciel on fait en priorité ce dont on a besoin… comment prévoir qu’un hurluberlu allait vouloir tordre le logiciel dans tout les sens pour faire une archive musicale ? La solution simple aurait été de partir de zéro et de tout recoder nous même… mais à quoi bon avoir deux Mediagoblins ? Du coup il a fallu pas mal de discussions et de code (merci Paroneayea !!) pour arriver à un système de plugins qui m’évite de modifier le noyau du logiciel (et permettant de partager mes modifications en retour). Si aujourd’hui Mediagoblin à un bon système de plugins, c’est grâce à Dogma !

S’adapter

Les décisions sur le design d’un logiciel sont toujours le fruits d’un compromis mûrement réfléchit or, sans connaître les raisons de ces choix (et les visées globales ou a long terme du logiciel) impossible de savoir si il s’agit d’une bonne décision. Facile donc d’arriver en pointer du doigt ce qui cloche, mais fondamentalement ça ne sert à rien parce que sans connaitre les tenants et les aboutissants vous êtes sûr de tomber à côté. Il faut prendre du temps pour s’acclimater et comprendre pourquoi l’équipe à agit de cette façon. Il faut donc lire le code, les maillings, poser des questions… C’est long ! Mais au final, lorsqu’on modifie le code, on est sûr de ne pas avoir à le ré-écrire entièrement parce qu’il ne respect pas les bonnes pratiques.

S’adapter beaucoup

Je l’ai déjà dit, Mediagoblin est très jeune. Or, la réalisation d’un logiciel passe forcément par un processus pénible d’essais et d’échecs. On se rend souvent compte après des heures de développements qu’on est coincé par une dépendance trop limité ou une petite erreur de design qu’on a pas pu voir venir avant ce moment fatidique. Que faire alors ? Tout changer !

Lorsqu’on se greffe à un tel logiciel, et que ça arrive, on se retrouve souvent avec un code qui ne marche plus à cause de ça. Il faut donc corriger le code en fonction. Pourquoi ne pas prendre un logiciel plus avancé alors ? Simplement parce qu’il n’y en a pas ! De plus, cela nous permet de faire des retours sur d’éventuelles régressions liées aux modifications de Mediagoblin. C’est un peu le principe de bosser en équipe finalement… sur le long-terme on y gagne parce pour quelques heures perdues à réviser le code, on gagne toutes les améliorations apportées par la modification originale.

Se reposer ou être libre

Thucydide ne s’y ai pas trompé, on ne peux pas être libre « passivement ». De plus soyons franc : tout ceci est chiant ! Lorsqu’on a un projet en tête, on a qu’une envie c’est d’avancer ! Devoir rédiger des documentations sur son propre travail, s’adapter à d’autres techniques (qu’on ne maîtrise pas forcément – avec l’apprentissage que ça implique), prendre le temps d' »universaliser » son travail (pour qu’il servent à d’autres projets)… ça donne rapidement envie de ronger le frein. Ceci étant dit, sans ça, est-ce que le libre s’en ne s’en retrouve-t-il pas réduit à un texte juridique inapplicable en pratique ?

Il existe d’ailleurs de grosses lacunes dans le domaines lorsque l’on sort de gros projets bien rodés…. trop de développeurs abandonnent leurs projets frustrés faute de réelles collaborations.

Plus c’est long, plus c’est bon signe : introduction

Lorsqu’on bosse dans le web, on a tendance à oublier que les gens ne réalisent pas vraiment les difficultés que représente la réalisation de sites internet. Le but de cette série de billets est de faire un état des lieux du travail accompli pour l’asso depuis le début de l’année. J’espère pouvoir donner des pistes à ceux qui se retrouvent dans la même situation afin de les aider à faire des projets solides et durables.

Extrait de CV

Pour la petite histoire, je suis un programmeur autodidacte qui s’est retrouvé catapulté dans le monde de l’entreprise et des gros sites (chiffrés à plusieurs centaines de milliers d’euros – dont un de quelques millions). D’un point de vu compétence, ça a été la douche froide : on est directement mit face à ses erreurs lorsque les clients ou les collègues se retrouvent avec du code qui ne marche pas du tout, incompréhensible ou invraisemblablement lourd (alors que sur ma machine ça marchait je le jure !).

Du coup, là bas, au contact de programmeurs/chefs de projets/designers vétérans, j’ai pu appréhendé ce que signifiait « un bon site ». Plus important encore, j’ai eu à corriger pas mal de sites fait à la va-vite faute de temps ou de compétence tout en ayant les effets directement sous les yeux.

Pas assez ingénieur…

Je  ne suis pas devenu un programmeur de génie en 2 ans, mais je sais quelles sont les erreurs à éviter pour faire un site solide et qui tienne le choc sur le long terme.  Mon ancien chef d’équipe à eu cette formule à mon égard « Ton seul défaut, c’est de ne pas être assez ingénieur, de ne pas aller assez au fond des choses ». Traduit dans d’autre termes : si tu ne comprends pas ce que tu fais, tu es bon pour que ton code soit incompréhensible ou ne marche plus très rapidement. Bref : tu es bon pour tout refaire !

Or, les sites web sont des objets qui mélangent des compétences dont certaines correspondent à des corps de métiers à parts entières. Si on part du principe que « c’est simple et qu’il suffit de suivre le tuto » : le site est bon pour la poubelle dans 6 mois. Cette attitude se retrouve fréquemment dans le CSS ou le HTML de sites par ailleurs très bien codés (les programmeurs détestent souvent le CSS). Le site « fonctionne » mais il est parfaitement non-modifiable,  du pur charabias pour les moteurs de recherches et d’une lourdeur pachydermique.

Les sites de dogma nécessitent encore beaucoup de travail, mais leur conception à été beaucoup réfléchie et se base sur énormément de recherches pour éviter au maximum d’avoir à refaire des choses à mesure que le site s’enrichit. Pour ne prendre qu’un exemple, l’accessibilité pour les mal-voyants n’est pas encore intégrée néanmoins, la structure est déjà en place et il ne faudra rien « casser » pour l’ajouter.

Ca n’est pas « long », c’est « pour longtemps »

Une association est une structure qui bouge, qui évolue, de nombreuses personnes vont et viennent. Malheureusement cela va de paire avec des moyens et du temps très limités. De fait,  il est crucial d’assurer un socle solide pour les projets qui ont une visées à long terme, sans quoi les maigres moyens disponibles seront vite gâchés à maintenir à flot le projet au lieu de faire avancer le bateau. Tout le temps pris en amont est un gain de temps sur le futur, et MLO! ne compte pas s’arrêter de si tôt.