Puisque nous évoquions, le mois dernier, des faits vieux de 50 ans, je me suis souvenu que le Sgt. Pepper des Beatles datait de cette même décade. Plus précisément, de juin 1967.
Petits veinards que nous sommes, rassasiés de pistes audio-numériques, pilotant en MIDI des échantillons d’orchestres entiers du bout du doigt, gavés de plugins, souvenons-nous…
En ces temps analogiques, l’équipe technique de l’album inventait un système de synchronisation électro-magnétique permettant de faire travailler deux magnétophones à 4 pistes simultanément. Les reports de pistes à piste (3 sur une, puis 2 sur une, etc…) permettaient, au final, d’atteindre 16 pistes virtuelles à mixer, sans trop pâtir de la multiplication des souffles, engendrés par chaque défilement de la bande magnétique sur sa tête de lecture en ferrite. L’orchestre symphonique (musiciens de chair et d’os, micros, perches et câbles enchevêtrés) qui participe à l’album a, bien sûr, bénéficié de cette trouvaille qui initialisa, historiquement, la folle surenchère du nombre des pistes des studios, jusqu’à l’avènement du numérique.
Quand aux plugins, il s’agissait d’armoires bourrées d’électronique, traversées de câbles, éclairant de tous leurs vu-mètres la pénombre des cabines, irradiant une douce chaleur au parfum électrique, si caractéristique des préamplis, consoles et autres compresseurs à lampes.
En l’absence d’un jackd, l’ensemble s’interconnectait au moyen de faisceaux de câbles multi-paires, du diamètre d’un biceps de roadie.
Oui, nous sommes sacrément gâtés…