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2014 c’est fini, bienvenue en 2015 !

Nous voici en 2015.

En cette nouvelle année, nous voulions vous apporter une rétrospective un peu technique de l’année 2014. Nous y voilà, c’est parti !

En 2014 ? Mediagoblin c’est fini, bonjour Ampache !

On ne va pas refaire l’historique complet depuis le blackout de l’archive, mais depuis décembre 2012, nous mettons ce que nous pouvons pour la remise en ligne de l’archive. Pendant un an, nous avons parlé beaucoup de musique libre, peu du développement (affreusement technique) du site. Tumulte qui était avec nous depuis 2012 et jusqu’en mai 2014 a développé, à partir d’une base Mediagoblin (langage Python), une version nouvelle de l’interface, une Dogmazic V3 (dans notre jargon).

Quand il est parti en mai 2014, il nous a laissé telles quelles les sources. Il nous a donc fallu reprendre le développement avec des gens motivés et compétents en Python (ce qui est difficile à trouver pour un projet de notre envergure !). C’est alors qu’Exorde revint nous donner des signes de vie et nous proposer de reprendre le développement d’une nouvelle version, cette fois, plus facile à programmer. Nous nous sommes tournés vers Ampache (langage PHP) pour développer une nouvelle version, la V4.
Exorde travaille sans relâche afin de porter les fonctionnalités de la V2 sur Ampache, mais il en manquera certainement. Nous sommes de plus en contact assez régulier avec Afterster, développeur francophone d’Ampache, qui prend nos suggestions en compte dans le développement d’Ampache.
Pendant ce temps, de plus en plus de personnes s’impatientent quant à la sortie d’une béta ou même de la version officielle. De nombreux labels préfèrent travailler avec FMA, Soundcloud, Bandcamp, Archive.org … il y a beaucoup d’alternatives à Dogmazic depuis quelques années, preuve que la musique libre s’est disséminée un peu partout et que les licences libres et ouvertes sont mieux prises en compte dans les différentes solutions d’écoute et téléchargement de musiques. La spécificité de Dogmazic c’est de prendre en compte un ensemble de licences (36 au total), une documentation fournie et une communauté active. Et sur ce dernier point, nous pensons que dès que l’archive reviendra, beaucoup de gens reviendront nous voir aussi.

ampache-dgz

Pendant ce temps-là en France…

La musique libre en France connaît plusieurs développements. À partir de Jamendo, une communauté assez silencieuse s’est formée d’artistes sous contrats publicitaires, et la revendication, au départ forte, de « musique libre » est moins visible, même parmi ceux qui utilisent les licences. L’accord Sacem / CC a eu un effet dévastateur sur ces notions. La Sacem, profitant du flou de la notion de NC (Non Commercial) s’est engouffré dans une brèche et beaucoup d’artistes et labels pensent que musique libre = don de la musique, et qu’aller plus loin dans la réflexion les ferait aller dans une voie « expérimentale, militante » qu’ils n’ont pas choisi.
Et pourtant, les outils existent pour faire de la musique libre une vraie alternative.
Dans un article publié en septembre 2014, nous avons montré comment des artistes sous licence libre peuvent réclamer des redevances pour droit d’auteur (perçues « normalement » par la Sacem, si l’artiste en question est sociétaire) ; Youtube permet de monétiser des vidéos, Flickr des photos, Inlibroveritas les textes… les solutions de crowdfunding permettent de revaloriser les anciennes manières de réaliser un album par la souscription…
Si jamais un soucis vous arrive, vous pourrez compter sur la documentation du site et sur notre réactivité sur ces questions.

La suite ?

Les choses s’accélèrent, l’archive reviendra en ligne très certainement bientôt (on va arrêter de donner des dates, ça ne nous réussi pas). L’importation s’est bien déroulée, et malgré quelques fonctionnalités encore absentes, l’essentiel est là. De plus l’évolution d’Ampache va aussi nous faciliter les choses pour étendre le site à d’autres dispositifs (applications mobiles).
Nous y voilà pour cette année riche en informations, mais aussi beaucoup d’attente sur la sortie de la version de Dogmazic.
Toute l’équipe se joint à moi pour vous souhaiter une très bonne année 2015 qu’elle soit remplie d’événements heureux de projets personnels et professionnels qui se réalisent (enfin !) ainsi qu’une très bonne santé; nous concernant 2015 sera l’année de la sortie de Dogmazic V4 !
Aisyk, Decay, Explicite (bureau de l’association)

Capitole du Libre : Musique Libre y sera !

Musique Libre : 10 ans, un état des lieux.

Il s’agit de faire un état des lieux de la musique libre en France, de ses 10 ans d’évolution et des perspectives qui nous sont offertes par les licences libres et ouvertes dans le domaine musical.

Dans cet état des lieux, nous verrons les conditions de la distribution et de la diffusion de la musique libre en France. Beaucoup de différences entre la Sacem, monopole national, et les possibilités des artistes sous licences libres et ouvertes existent, nous essaierons de les détailler et d’en voir les perspectives futures pour les auteurs publiant sous licences libres et ouvertes.

samedi 15 novembre 2014 à 16h, salle A001.

Plus d’infos ? Là !

Musique libre ? C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous !

Par Ether-Michel Pillequant

Sur le mode de la Gnu GPL, s’élabore la FMPL ou free music public license : Rico Da Halvarez, collaborateur et correspondant en France de Ram Samudralah et Ensor, parle.

Vers une musique libre…

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne !
Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU.
GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux
[1]), c’est-à-dire,
un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent
bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde. GNU est régi par une licence très particulière, la GNU
General Public License, qui garantit à tous :

  • La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
  • La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).
  • La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).
  • La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont
pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois
les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent).
Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit :
lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant :
le copyleft, ou copyright inversé.
Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement
le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand
nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme
les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels
(accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de
logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman
suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs),
ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile.
A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant)
coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce
[2]
et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour
rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des
logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que
le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans
lequel s’élabore actuellement la Free Music Public License, héritière
musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel
était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose.
Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus
longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par
hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas
une licence du même type pour la musique ? ».
J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce
sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres
mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de
l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite
en contact.
Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence
Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL),
le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur
de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la
musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la
musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique
(on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme
son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique.
Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises
malhonnêtes telles que l’appropriation
« commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté
aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre
copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à
respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de
joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier
informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les
nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre
est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL,
celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens
solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans
le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en
légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la
modification (arrangements différents, samples, interprétation différente,
remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.)
des oeuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le
musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité
pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD :
la copie licite ou copyleft.
Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le
vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à
120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous
de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ;
de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus
de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens
provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur,
à l’oubli de tant d’oeuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de
potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL.
La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001.
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires
sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore,
si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera
certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa
pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que
le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi
nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site.
Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de
Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux
qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y
exprimer sur la question, si elle vous intéresse.
Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des
responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé
des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3
a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le
consommateur-voleur.
Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ?
Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont
engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne
voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle
ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont
fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité !
Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens
techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ?
Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu
électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs –
nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le
contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un
havane, Serge ? »).
Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment,
un paquet d’entre nous sont
obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte.
Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre,
d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système
inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres :
rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanes.

[1] Plus exactement, ce qu’on appelle une distribution Linux est en fait
la combinaison du système d’exploitation Linux et d’une flopée d’utilitaires
GNU conçus pour ce système (NDLR).

[2] Et beaucoup moins cher chez Ikarios, NDLR.

Ether-Michel Pillequant

Cet article a été publié dans le numéro de février 2001 de la Linha Imaginot dont je remercie les membres pour leur gentillesse !
Voir aussi :

  • musique-libre.com
  • vnatrc-bortch.org