[LCL08] Bo Marley + Disrupt + Volfoniq = Jam’in Sauce !

Vous souvenez-vous du festival « Dub en sauce » organisé en partenariat avec Dogmazic en juin 2007 ? Le public présent aura eu le joie de pouvoir découvrir en chair et en os Disrupt et Bo Marley du label Jahtari croisant le son avec Volfoniq.
Il aurait été dommage d’en rester là non ?
Alors comme c’est noël, en souvenir pour ceux qui y étaient et en lot de consolation pour les absents, voici un cadeau qu’on vous a gardé au frais 😉

Dernière sortie sur LCL rec. : « JAM’in SAUCE » (LCL08)

Feat. Bo Marley, Disrupt & Vofloniq
3 morceaux 100% improvisation dub !

Sud de la France languedocien, juin 2007.
Trois groupes prennent un repos bien mérité après le festival “Dub en sauce“.
Mais, la chaleur, l’atmosphère, le vin et la bonne cuisine s‘en mêlent et la maison de vacances est très vite transformée en résidence d’artistes !
Résultat : plusieurs morceaux émergent de cette collaboration impromptue.
Nous en avons sélectionnés trois, pour vous faire partager ces moments savoureusement improvisés par Bo Marley, Disrupt et Volfoniq.

Bon apétit !

01 – L’anchoïade
02 – La tapenade
03 – La brandade

> Credits & release info

Cliquez sur la pochette pour le télécharger !
[téléchargement libre et légal]

Dogmazic invite Al Dente Records à Bordeaux

Nous avons le plaisir d’accueillir pour des lives des artistes du label Al Dente records les jeudi 13 et vendredi 14 décembre pour un festival de poche dans trois lieux bordelais : le CafeCito, le Balthazar et le xing xing.

Les chanceux qui seront dans les parages ces soirs là auront le choix entre trois ambiances différentes :

Jeudi 13

Cafecito : Eggbox
Balthazar : Moïse + AltF4
xing xing : Tsunami_wazahari + Itrema

Vendredi 14

Cafecito : Moïse + guest AltF4
Balthazar : eggbox + Moïse
xing xing : Tsunami_wazahari + AltF4

Début des hostilités le jeudi à l’heure de l’apéro et jusqu’à 2h00 dans les trois bars simultanément. N’hésitez pas à venir nombreux soutenir ce label de musique libre !

« Nous sommes des sauvages… »

Je reprends ici un article intéressant de Joseph Paris de Ralamax.

Nous sommes des sauvages…

Le patron de la fnac rend son rapport, les Majors signent, le chef de l’Etat prophétise « l’avènement d’un Internet civilisé »… bienvenue au Far Ouest !

Denis Olivennes, patron de la Fnac a été chargé par Nicolas Sarkozy de rendre un rapport sur l’inévitable problème du téléchargement d’œuvres sur Internet.

Nous ne nous attendions évidemment pas à ce que le rendu de ce rapport soit autre chose qu’une tentative de plus pour défendre les intérêts des Majors (La Fnac étant une filiale du groupe PPR – Printemps Pinault Redoute) ; le belliqueux rapport (pdf) se traduit par un accord signé et applaudit par les Majors.

C’est avec ce vocabulaire coutumier du personnage que Nicolas Sarkozy a tenu un discours devant le monde de la culture et des télécoms : « trou noir », « clonage », « assécher », « engloutir », « ruine », « destruction » en sont des mots choisis.

Au delà d’une « véritable destruction », l’homme de main des Majors ne peut s’empêcher d’y voir une « négation du travail » : c’est d’une ironie particulièrement malsaine dans une industrie dont le fondement même ignore les artistes et pille leurs ressources (le protocole de répartition des droits de la Sacem, par exemple, est ostensiblement favorable aux sociétaires coutumiers du Top 50)…

N’ayant pas peur de radoter, Sarkozy attribue au thème du téléchargement illégal la même dialectique que celle qu’il réservait à l’immigration ou à la délinquance : « Pourquoi le citoyen ordinaire, habituellement respectueux de la loi, préférait s’approvisionner dans des entrepôts clandestins » dit-il, tout en parlant de « comportements moyenâgeux » et de « vol à l’étalage« …

Mais là n’est pas plus grave, parfois celui qui exerce le pouvoir est porté à croire que cette position le dispense du minimum d’élégance et de courtoisie, nous pourrions pour cette fois lui pardonner cette faute de goût si cela ne s’accompagnait pas d’une flagrante prétention à donner des leçons de civilisation.

Dans la triste histoire de la France il y a la colonisation. N’ayant pas peur des mots (et c’est un comble), Nicolas Sarkozy dit saluer dans cet accord un « moment décisif pour l’avènement d’un Internet civilisé« , ainsi « la France va retrouver une position de pays « leader » dans la campagne de « civilisation » des nouveaux réseaux  » dit-il avant de conclure manquant de s’étrangler de démagogie : « Il faut qu’Internet soit une fenêtre civilisée ouverte sur toutes les cultures du monde ».

Sarkozy veut donc « civiliser » Internet, dénonçant « un « Far Ouest » high-tech, une zone de non droit où des « hors-la-loi » peuvent piller sans réserve ».

Il serait pourtant bien inspiré de s’appliquer à lui même cette métaphore : en effet, le rapport commandé par sa Majesté qui sera suivit d’un texte de loi prévoit de donner à certains l’autorité de faire justice eux-mêmes (envois d’emails de menace, suspension de l’abonnement internet…).

Faire justice soi-même… C’est bien là une pratique précisément non-civilisée qui avait lieu commun au Far Ouest…

Cet évènement est donc une bien triste nouvelle pour les artistes et les internautes.
Il y a des initiatives telles que celles de Dogmazic et Boxson pour la musique libre, InLibroVeritas pour la littérature, et Ralamax Prod pour le cinéma libre qui offrent aujourd’hui dans l’art libre une sortie crise évidente et naturelle. C’est sans surprise que le rapport Olivennes écarte cette solution : quand on dirige la Fnac et qu’on publie « la gratuité c’est le vol », il ne faut pas s’attendre à des éclairs de bon sens… (le malheureux Proudhon doit se retourner dans sa tombe..)

A propos de civilisation une question subsiste : doit-on considérer les artistes libres comme des sauvages parce qu’il encouragent le téléchargement et la copie légale de leurs oeuvres ?

Comme au Far Ouest, les sauvages véritables sont bien souvent ceux qui se prétendent civilisés..

Joseph Paris.

Copyleft : article sous licence Art Libre

Sources :

Le discours complet de Nicolas Sarkozy

L’accord Olivennes (PDF)

La liste des signataires

À propos de la mission Olivennes (répression du téléchargement en France)

Quand bien même l’actualité du piratage et de sa répression ne nous concerne pas directement du côté de l’association Musique Libre! (Dogmazic), nous gardons un œil sur cette actualité.

Ceux qui ont suivi cette actualité en France ont forcément entendu parler de la Mission Olivennes. Pour les autres, un petit rappel: Nicolas Sarkozy mandate la ministre de la culture, Christine Albanel, pour trouver les moyens de lutter contre le piratage et la ruine de l’industrie culturelle. Suite à quoi, Chritine Albanel mandate Denis Olivennes, le patron de la FNAC, pour pondre un rapport et chapeauter un accord industriel.

On peut s’interroger sur la pertinence du choix de Denis Olivennes… sans doute très compétent, mais tout de même plongé jusqu’au cou dans ces problématiques. En général, quand on veut trouver des solutions globales, on essaie de prendre quelqu’un d’un peu neutre, qui pourrait avoir un peu de recul. Un Jacques Attali, par exemple (mais il était déjà pris, et sur la question de la transition numérique de l’industrie culturelle il est sans doute trop iconoclaste).

Bon, et qui participe à cet accord?

Bref, c’est donc Denis Olivennes qui mène la danse, et cette semaine a eu lieu ce fameux accord professionnel entre l’État, les industriels de la culture, et les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). Si vous faites le compte, il manque:

  • les consommateurs (pas d’associations de consommateurs impliquées…);
  • les «diffuseurs du web» ou «hébergeurs 2.0» tels que Google/Youtube, Dailymotion, etc. (c’est Ratiatum qui le fait remarquer).

Pourquoi ça, exactement?

Les premiers sont considérés comme coupables à réprimer et à canaliser vers une offre légale, donc on ne va pas les solliciter tout de même!

Quant aux deuxièmes, on leur a sans doute demandé leur avis, mais ils ont préféré rester loin de cet accord. En effet, la Loi de Confiance dans l’Économie Numérique (LCÉN) les sécurise déjà plutôt bien en les dégageant de la responsabilité qu’aurait un éditeur de site web. En gros: tant qu’ils filtrent a posteriori les contenus litigieux, et ne mettent pas en avant ces contenus litigieux, ils sont plutôt dans le vert.

Leur situation n’est pas tout à fait confortable, la jurisprudence n’est pas encore bien établie, mais cette situation est largement préférable pour eux à la signature d’un accord professionnel qui dirait «oui oui, nous sommes responsables au même titre qu’un éditeur de site web, et nous allons mettre en place des techniques de filtrage infaillibles». Faudrait vraiment pas être malin pour signer. 🙂

Un accord inapplicable?

Dans cet accord, on trouve quelques petits trucs qui trainent pas bien passionnants. Les industriels de la culture s’engagent à peut-être abandonner les DRM, ce qu’ils peut-être-font depuis le début de l’année déjà. Ça s’appelle de l’enfonçage de portes ouvertes.

La grosse partie de l’accord concerne la répression du piratage. L’État s’engage à mettre en place la riposte graduée, avec l’aide des FAI. Pour cela, il faut mettre en place une usine à gaz, qui doit d’abord être validée législativement (ça peut se faire, mais ça ne se fera pas en quelques semaines…) et qui surtout demandera à être financée. Vu qu’il s’agit de mettre en place une Autorité Administrative Indépendante, je vois mal les industriels de la culture financer cette institution. Seul l’état peut le faire, et là ça va être drôle.

Il y a aussi la question du «qu’est-ce qui va tomber sur la tête des internautes pris la main dans le sac?». Ça n’est pas encore bien défini, et si un jour cette autorité administrative indépendante voit le jour on verra ce que cela donne en vrai. Mais l’accord ne prévoit apparemment qu’une procédure de désactivation de la connexion à Internet[1]…

Calamo, auteur du blog juridique Post-Scriptum, est d’avis que les téléchargeurs peuvent dormir sur leurs deux oreilles[2] (je vous incite à lire son article très détaillé, que j’ai largement pompé pour ce billet ;)). On verra bien ce qu’il en est d’ici quelques mois/années, mais il semblerait effectivement que les craintes de l’UFC sont à relativiser.

Pendant ce temps-là, les questions du développement de l’offre légale, de l’éducation des utilisateurs, de la rémunération équitable des auteurs… sont complètement en suspens, voire ignorées ou enterrées.

Note 1: Je ne suis pas juriste, mais il me semble que la désactivation de l’accès à Internet pourrait bien être problématique car moyennement légale (croisez-ça avec les problématiques des handicapés, des télétravailleurs, etc., et ça peut devenir assez drôle je pense).

Note 2: Calamo signale sur son blog que «dormir sur ses deux oreilles» est une exagération dangereuse: la loi n’a certainement pas changé et nous restons pour l’instant dans la situation des dernières années: pas de poursuites à grande échelle comme aux États-Unis, mais un certain nombre de procès «pour l’exemple».

Semaine du libre à Grenoble du 3 au 8 décembre !

La commission multimédia de EVE (Espace de Vie Etudiante) organise « la Semaine du Libre » du 3 au 8 décembre. En coopération avec La Guilde, Boxson et Les petits débrouillards, nous partagerons avec le grand public les joies du libre: créer, modifier, lire, écouter, regarder les oeuvres « copyleft ». Débat controversé lors de la loi DADVSI en juin 2006, les représentants de la création libre vous invite à appréhender les enjeux de ces concepts trop peu connus à travers plusieurs animations ludiques et informelles, pour la première fois à Grenoble.


Du lundi 3 au vendredi 7 décembre de 12h à 14h

  • Présentation de logiciels libres: chaque jour un thème particulier sera mis en avant par la présentation de différents logiciels de qualité égale ou supérieure aux logiciels propriétaires. Au menu de la semaine: , multimédia (audio, vidéo…),bureautique(openOffice), web (navigateurs, rss…), graphisme (PAO, design…), messagerie ( client mail, tchat…), .
  • Happenning-paint collaboratif: une grande toile sera tendue pour que les passants viennent participer à la peinture entamée par les précédents. Le résultat donne lieu à un tableau aux multiples auteurs qui par ce jeu s’initient aux plaisirs de l’oeuvre de collaboration, placée sous licence Art Libre.
  • Composition musicale collaborative: sur un sample existant sous licence Creative Commons, nous proposons au visiteur d’improviser une partie des textes du morceau final, qui sera l’assemblage de ces nombreuses participations. Chaque musicien recevra par mail le résultat composite dont l’issue aurait été impossible sans l’accord de chacun pour partager sa contribution selon les termes d’une licence libre.


Samedi 8 de 10h à 18h

  • Install party: après avoir suscité la curiosité pendant la semaine, l’équipe accueillera samedi le public muni de leurs PC pour les aider à l’installation et à la configuration de nouveaux logiciels libres ou systèmes d’exploitation pour ceux qui ont envie de passer sous Linux. Ils patienteront avec les crêpes – à prix libre pour l’occasion – pendant les temps de chargement des nouveaux outils sur leurs ordinateurs, et rentreront chez eux avec de vrais outils de pro sans avoir débourser le prix des licences onéreuses des éditeurs, et sans risque de verrouillage numérique quelconque.

A bientôt pour ces rendez-vous !

ArtistX 0.4 Powua !

Après avoir annoncé la version 0.3, le dogmazine suit de près l’actualité de cette distribution GNU/Linux basée sur Debian orientée créations multimédia.

La grosse nouveauté de cette version 0.4, hormis les évolutions des paquets (Kernel 2.6.22, Ardour 2.1…) et interfaces graphiques (KDE 3.5.7 et Gnome 2.20) est la possibilité de participer au projet Powua. Le projet Powua est un projet open-source de mise en réseau des ressources d’ordinateurs (un peu comme les projets SETI ou Folding at Home) pour rendre des scènes 3d et réduire ainsi les temps de calculs des animations rendues sous Blender (par exemple). Le client est disponible sous Windows, Mac et bien sûr GNU/Linux.

En phase beta depuis octobre 2007, le site officiel propose de beta tester le système en envoyant un mail.

Powua est un projet basé sur le logiciel libre qui est maintenant dans bêta et donne des crédits libres pour render sur Blender + Dr.Queue + Yafray. Nous recherchons des betatesters et ainsi si vous voulez essayer demandez un code à beta@powua.com ou allez sur www.powua.com et obtenez plus d’informations.

Un beau projet à soutenir et à suivre de près pour toutes les personnes souhaitant se rendre la vie plus « collaborative » avec leurs oeuvres !

Sources : Softpedia, Linuxgraphics, ArtistX

L’art libre

Du son, de l’image, des mots librement accessibles, parfois ouverts à la modification voire à l’usage commercial. Les licences libres et de libre diffusion suscitent un mouvement alternatif de diffusion et de partage des œuvres.

Inspirées ou héritées du logiciel libre, un certain nombre de licences sont utilisées par des artistes pour encadrer les conditions de diffusion et d’utilisation de leur travail. Le phénomène touche tous les domaines : musique, littérature, arts plastique, cinéma… On désigne cette tendance par les termes de copyleft ou encore de Culture libre. Afin de passer tout de suite à la pratique, vous pouvez consulter le paragraphe figurant au bas de cette page, vous trouverez la mention d’une licence Creative Commons de libre diffusion. Le point commun de toutes ces licences est la libre diffusion. On peut télécharger, copier, donner et dans certains cas même vendre du son, du texte, de l’image… Mais les choses ne s’arrêtent pas là car certaines de ces licences permettent aussi à autrui de modifier l’œuvre et de diffuser ses propres modifications.Pour bien comprendre ce qui peut pousser un auteur à placer une de ses œuvres sous une telle licence, il faut également mentionner les obligations qui accompagnent ces libertés. D’abord, la diffusion, y compris commerciale doit citer la source, c’est à dire que l’auteur d’une œuvre doit être nommé. Ce principe vaut également pour les modifications, ce n’est pas parce qu’un tiers a modifié une œuvre qu’il peut s’en approprier la complète paternité. Il se doit de toujours citer ceux qui l’ont précédé. Dans les cas où les modifications sont autorisées, la condition est en général que les mêmes règles de partage et de diffusion soient respectées par la suite.A ces deux obligations correspondent les deux principales motivations des artistes utilisant ces licences.

Libre diffusion et publicité

En premier lieu autoriser la diffusion d’une œuvre en obligeant à citer son auteur est un moyen de se faire connaître. Ainsi en musique, où les licences de libre diffusion sont probablement plus répandues qu’ailleurs, nombre de musiciens se considèrent pris entre le marteau et l’enclume. Même distribués par une maison de disque, ils gagnent très peu, voire rien du tout sur la vente de leur disque sauf à compter parmi la poignée de très gros vendeurs. Du coup, le disque n’est pour eux qu’un moyen de se faire connaître.Par ailleurs, les groupes qui n’ont signé nulle part mais qui sont sociétaires de la SACEM connaissent un problème encore plus important. Nombre de radios sont directement liées à de grandes maisons de disques et les chances d’y être programmé correspondent plus au plan marketing des éditeurs qu’à des critères artistiques, la voie institutionnelle de diffusion est donc particulièrement difficile d’accès. La SACEM ne rémunère qu’une fraction de ses sociétaires, mais interdit toute diffusion gracieuse des enregistrements, y compris par les musiciens eux-mêmes. Du coup, difficile d’être effectivement écouté quand d’un côté l’accès à la diffusion radiophonique est bouché et que de l’autre, toute auto-diffusion est taxée pour pour rémunérer des artistes plus connus.

Pendant longtemps, ne pas rentrer à la SACEM était la garantie de ne jamais être diffusé et la certitude de faire une croix sur une éventuelle carrière. Mais l’avènement d’Internet a offert un média de diffusion inédit. Certains musiciens, considérant que l’accès aux médias conventionnels est très difficile et que sauf énorme succès ils ne toucheront jamais rien sur leurs disques, ont décidé de ne plus perdre sur les deux tableaux. Si, quel que soit l’angle d’approche, l’horizon demeure bouché, autant être écouté par le plus grand nombre au lieu de voir sa démo dormir dans le tiroir d’un producteur ultra sollicité et bordé par un plan marketing. Les licences de libre diffusion répondent à ce besoin.Des sites comme dogmazic.net, boxson.net ou le plus controversé jamendo.com hébergent de très nombreux morceaux librement téléchargeables mis à disposition sous une licence de libre diffusion par leurs auteurs. Ainsi un groupe aura plus de chance de voir du monde à ses concerts et pourquoi pas aussi lui acheter un CD en vente directe. En bref, il fera effectivement de la musique plutôt que de s’épuiser à essayer de devenir musicien. Qui a dit que le téléchargement tuait la musique ?

La démarche est assez proche dans l’édition et la littérature. Très peu d’auteurs, y compris ceux qui sont publiés, ont l’occasion de vivre de leur plume. Beaucoup ne passent jamais le cap de l’édition, ou alors à leurs propres frais. Là encore, la technologie numérique et notamment l’existence de services d’impression à la demande comme le très commercial lulu.com permet de proposer à la vente un livre papier en petit tirage. En France, inlibroveritas.net dont le mot d’ordre est « Littérature Equitable » se distingue par l’intégration impérative d’une licence de libre diffusion dans la démarche de l’auteur. Toutes les œuvres sont lisibles en ligne. In Libro Veritas propose plus qu’une boutique virtuelle mais plutôt la possibilité pour le visiteur de composer son livre avec les textes de son choix. Au-delà du service d’impression, une communauté, s’est mise en place et In Libro Veritas édite de façon tout à fait conventionnelle certains de ses auteurs.

En cinéma, la démarche est encore peu répandue car les budgets nécessaires sont nettement plus lourds, on trouve malgré tout un film d’animation Elephant Dream construit avec le logiciel libre Blender. Ses créateurs récidivent actuellement avec Peach et financent leur film par la souscription, en prévendant les DVD des films. En France Ralamax Production propose ses films sur internet et vise la rémunération par la pub. Pour ses créateurs télécharger ou regarder un film sur Internet est un geste naturel et banal et encore une fois la meilleure façon d’être effectivement vu.

Il est a noter que nombre d’artistes préfèrerait un modèle qui leur permette de toucher des revenus grâce à leur travail et qu’ils choisissent une licence de libre diffusion pour contrer un modèle qui les condamne au silence.

Usage commercial (ou pas)

L’autorisation d’une utilisation commerciale par un tiers, quasi systématique en informatique, est rarement retenue dans le domaine des arts mais correspond en général à la même logique de diffusion la plus large possible. Le profit qu’un tiers peut tirer de son travail personnel est alors considéré comme un moteur supplémentaire pour se faire connaître. Il n’est pas aisé de se dire que l’on abandonne le droit à faire fructifier son travail à n’importe qui, mais ceux qui font ce choix inversent généralement la problématique en se demandant si ne pas le faire leur permettrait de gagner de l’argent.

Les licences libres et de libre diffusion constituent donc un cadre juridique adapté à la diffusion numérique. Ce canal permet de déborder les canaux traditionnels de diffusion qui ne sont désormais ni accessible ni même rémunérateurs pour le commun des mortels.

Une certaine méfiance existe dans le domaine des arts, il faut noter deux différences fondamentales avec celui du logiciel. D’abord l’art n’est pas un objet fonctionnel comme un logiciel qui nécessite une maintenance continue et s’adapte bien à l’accumulation du travail.

Ensuite, le monde du logiciel libre a su mettre en place et maintenir ses propres canaux de diffusion et s’est immédiatement constitué comme un mouvement alternatif à une situation de quasi-monopole et dans un univers nouveau qu’est celui de l’informatique. En revanche, les canaux de diffusions conventionnels de type édition, télé, radio, vente de supports d’enregistrements est très institutionnalisé et sous contrôle. Du coup le spectre d’un sale coup où un artiste connu ou une structure commerciale, exploite à son plus grand profit le travail d’un humble artiste continue d’inquiéter. Certains se souviennent peut-être du dépit ressentit par certains artistes de la Mowtown en voyant Elvis Presley cartonner, sans partager le crédit, avec la musique qu’ils avaient eux-même composé quelques années auparavant.

Les vertus du partage

La publicité n’est pourtant pas l’unique motivation du libre partage des œuvres. L’envie de partager est réelle chez un grand nombre d’artistes. Il s’agit donc certes de se faire connaître, mais avant tout pour faire vivre son art. Certains artistes poussent la logique du partage encore plus loin en autorisant la modification de leur œuvre.

Cette pratique de la modification correspond généralement au sentiment qu’aucun créateur n’est jamais détaché de son contexte, chacun se nourrit du travail d’autrui. Du coup un artiste en autorisant la modification, rend symboliquement quelque chose au monde. Voire son travail repris et modifié est également vécu par ceux qui accepte le principe de modification comme une reconnaissance. Chez Dogmazic, on considère par exemple que la musique est une forme de savoir universel qui a pour vocation première de circuler. Même si elle peut donner lieu à un échange financier, elle est bien plus qu’une marchandise.

L’œuvre, susceptible d’être modifiée, acquerra une certaine autonomie. Ses éventuelles évolutions, reprises et modifications dessineront la vie autonome d’une œuvre qui n’a pas vocation à être figée ou dépendante de son auteur original.

Cette pratique n’est pas neuve. En musique tout particulièrement, la reprise de morceaux mais aussi la pratique parfois problématique du sample et du remix donnent encore une fois du relief à la question de la modification. Les licences libres viennent donc clarifier et reconnaître des pratiques préexistantes.

De même, les auteurs du film Varsovie Express, premier long métrage de Ralamax, ont l’intention de rendre accessibles les rushs de leur film à quiconque voudra les remonter, les réutiliser et affirment être curieux de voir le résultat. Denis Nerincx, auteur d’In Libro Veritas, a pour sa part été très touché de voir l’un de ses textes choisit par un jeune illustrateur pour exercer ses talents. La musique libre permet également de nourrir le cinéma ou encore les logiciels, notamment de jeu. Dans tous ces cas, le sentiment d’accomplissement créatif réside alors plus dans le plaisir de voir une œuvre reconnue, vivante, évolutive que dans le statut d’auteur ou la reconnaissance financière.

La condition le plus souvent associée à l’autorisation de modification, outre celle de citer l’auteur original, est généralement l’obligation de placer le travail dérivé sous une licence identique. On retrouve là le mécanisme qui fait la force du logiciel libre. Celui qui offre son travail à la modification s’assure que ceux qui pourront en bénéficier feront exactement la même chose, alimentant un cycle cumulatif.

Au delà de la licence, le modèle du libre se retrouve parfois dans les méthodes de travail, le cinéma ou la musique sont tout particulièrement des œuvres collectives, le fruit d’une osmose entre plusieurs créateurs. Les méthodes et les outils de travail collaboratif inventés par le logiciel libre donnent lieu à pratiques artistiques. Varsovie Express fonctionne ainsi sur le mode collaboratif tant pour la création que pour effectuer des choix. Côté musique, les « orgies » de Monculprod voient différents musiciens et paroliers se réunir par Internet pour construire un morceau petit à petit, chacun apportant un élément : texte, rythme, riff, ligne de basse, voix, cuivres…

Quelle qualité ?

L’autorisation de modification et la création collective encore plus que la libre diffusion contribuent à nourrir une culture vivante, généreuse et en perpétuel bouillonnement. Ce foisonnement est parfois dénigré. Il est considéré par certains comme une immonde soupe où domine la médiocrité, ce qui se distribue gratuitement serait nécessairement sans valeur.

La démarche d’ILV ou de Dogmazic est effectivement de laisser ouvert à tous. Monculprod dans son morceau-manifeste, Beuarhland, explique le principe. Nul élitisme, la démarche n’est pas de faire n’importe quoi mais d’y mettre de la conviction. Ce qui compte n’est pas tant la performance que l’honnêteté de la démarche.

Du coup on trouve de tout : une certaine dose de cabotinage certes, du manque de talent aussi, mais également du très bon et beaucoup de surprises car le formatage n’est pas de mise. La liberté de circulation se conjugue avec la liberté de création. D’autres projets sont en revanche plus sélectifs et ne proposent que ce qu’ils considèrent de meilleur. In Libro Veritas occupe une position intermédiaire, chacun peut déposer un texte sans avoir à subir de sélection et n’importe quel texte peut-être compilé dans un livre. En revanche In Libro Veritas effectue également un véritable travail d’édition sur un choix subjectifs de texte. Son créateur, Mathieu Pasquini a également édité un recueil de jeunes auteurs dénichés par un lecteur passionné, jugeant que ceux-là méritaient d’être lus. Un nouveau recueil des « jeunes pousses » d’ILV vient tout juste d’être diffusé. La vie de la communauté est dès lors le pendant humain qui fait vivre la création.

Une sélection, une politique éditoriale existe donc bel et bien mais a posteriori et sans limiter le droit à l’expression et à la diffusion de quiconque. Le droit à la médiocrité est paradoxalement un moyen pour laisser le meilleur s’exprimer. A l’auditeur/spectateur/lecteur d’être curieux, critique, attentif… Il dépasse alors largement le rôle du simple consommateur de « produits culturels » ou de divertissement dans lequel certains acteurs commerciaux de la branche aimeraient le faire rentrer.

Cet article est sous licence CC by-nc-nd a initialement été édité sur onirik.net

Pour en savoir plus sur la culture libre et le Copyleft :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_libre

http://fr.wikipedia.org/wiki/Copyleft

Archive de mon émission de radio, dont une sur les différentes licences :
http://archive.symbiose.free.fr/

Le tableau résumé des licences :

http://www.dogmazic.net/static.php?op=tableau_licences.php

Lien vers les sites cités dans l’article (il y en a d’autres) :

http://inlibroveritas.net/

http://dogmazic.net

http://jamendo.com

http://boxson.net

http://www.ralamax.net

http://www.monculprod.org/

http://quitterlasacem.info