Archives de catégorie : Politique / Activisme

Le streaming ! L’eldorado promis n’a pas lieu.

Dans cet article du Point, l’ADAMI s’insurge contre les rémunérations du streaming.

Sur un abonnement standard de 9,99 euros par mois, les artistes ne touchent que 0,46 euro alors que 6,54 euros vont aux « intermédiaires ».

infographie streaming
Et une infographie vaut mieux qu’un discours…

Le streaming ! L’eldorado promis (pour les artistes) n’a pas lieu.

Le milieu de la musique est un monde à part. Je crois que je n’ai jamais autant vu d’intermédiaires entre un artiste et son public, et tous, bien évidemment veulent en vivre. Si Mano Solo définissait son métier comme un petit artisan chef de sa PME qui faisait vivre plein de gens autour de lui, et dénonçait à la fois les pratiques des Majors et le téléchargement, force est de constater que les intermédiaires se sont multipliés avec Internet.

Entre les agrégateurs de contenus, les sites de streaming, de vente de morceaux… ce sont tout autant d’intermédiaires en sus des plus anciens à rémunérer, quand ils ne se font pas racheter par des Majors. Le travail d’un petit label se résume parfois à de longues listes de lignes de données à traiter pour savoir quelles stratégies adopter avec les additions des 0,0001 centimes reversés à untel ou à d’autres.

Et aux États Unis on s’interroge toujours sur le poids du streaming…

Mais quand on voit que Taylor Swift, n°1 du top albums 2014 aux Etats-Unis, décide de retirer ses titres de Spotify, on se fait du souci pour la viabilité du modèle économique. Le label de la chanteuse dit qu’elle a gagné environ 500.000 dollars en un an grâce à Spotify aux Etats-Unis.

Sur une plateforme moins puissante, Pandora, Pharrell Williams a gagné 2700 dollars en royalties pour 43 millions de streams de Happy, en trois mois. On peut imaginer les clopinettes que cela représente pour un petit artiste. Grosso modo, il faut environ 1500 streams pour gagner l’équivalent d’une vente d’album.

Portishead avec 34 millions de streams… c’est 2500$ par an

Si aux États Unis le poids du streaming ou « musique en continu » (ici dans un article canadien) est devenu si important qu’il a dépassé les revenus du disque.

Les récents articles sur le streaming sont très démonstratifs. Ce sont des chiffres américains (à la hauteur d’un marché important), imaginez ce que c’est pour les artistes français avec une Sacem qui les ponctionne encore plus au profit d’un système pyramidal !

En France, avec les revenus du streaming, on parle aussi de celui des abonnements…

Mr Mo du Label Jarring Effect :

A propos des 0,46 € perçus par l’artiste, cela ne veut pas dire grand chose, car ce que vous écoutez n’est pas directement rémunéré par votre abonnement. Votre abonnement fait parti d’un pot commun, on additionne les revenus puis on divise par le nombre d’écoutes, donc en fonction de la part de marché. Votre abonnement peut rémunérer Universal tout en écoutant des productions de petits indépendants… Pour un streaming d’avenir, équitable, et rémunérateur, je vous renvois sur 1D touch, dont la nouvelle version arrive dans quelques semaines. Un écosystème original et innovant. Une présentation d’une autre répartition : le modèle centré sur la consommation par utilisateur, qui consiste à répartir le montant généré par l’abonnement d’un utilisateur en fonction de son nombre d’écoutes mensuelles et des artistes qu’il a écoutés Jour4_KeynoteQ&A !

On le voit bien ici, à part des initiatives alternatives, le streaming ne rémunère pas les artistes, il rémunère, surtout, les intermédiaires. Des alternatives existent, notamment en France avec CD1D, plate-forme subventionnée par les collectivités territoriales (Régions notamment). Cela montre que l’éco-système musical n’est viable pour des artistes ayant peu de visibilité que s’il est subventionné, que si l’État (ou les collectivités) participe à la diversité culturelle.

La question pour les artistes est bien de travailler avec ses intermédiaires, et d’en limiter au plus possible leur nombre.

Les plate-formes de streaming ne sont rien sans les artistes qui composent l’attractivité de leur offre. Mais au vu des sommes que rapportent le streaming aux artistes, de l’immensité des catalogues (on parle de 35 millions de titres) et de cette démesure entre revenus et quantité, de nouvelles formes de revenus semblent non seulement résister (concerts), mais avoir plutôt tendance à se développer (vinyle). Ne serai-ce pas au final par là qu’il faudrait aller ? Vers une plus grande interaction entre les publics et les artistes ? Les licences libres ne permettraient pas ceci au final ?

Capitole du Libre : On y a été (bis)

Voici la vidéo de notre présentation au Capitole du Libre !

MLO-Capitole
Photo par Gandalf81 – Licence : CC by SA

Il s’agit de faire un état des lieux de la musique libre en France, de ses 10 ans d’évolution et des perspectives qui nous sont offertes par les licences libres et ouvertes dans le domaine musical.

Créateurs ? Quelle est votre opinion ?

Julia Reda, auteur d’un récent rapport sur la réforme européenne du droit d’auteur, vous demande votre avis !

Voici son article :

Cette année, une réforme du droit d’auteur et des droits voisins va débuter. Je travaille actuellement, au nom du Parlement Européen, à l’évaluation de la directive actuelle sur le droit d’auteur et les droits voisins. Les acteurs qui se font le plus entendre jusqu’à présent sont les sociétés de gestion collective. Les créateurs eux-mêmes sont beaucoup trop rarement entendus.

Les volontés des sociétés de gestion collective reflètent-elles réellement les intérêts de tous les artistes ? Sont-ils satisfaits du statu quo législatif ? Veulent-ils réellement renégocier les droits de leurs œuvres dans chaque pays ou préféreraient-ils faire face à un marché unique Européen ? Sont-ils réellement contre les remixs? Quelles seraient leurs priorités, dans une mise à jour de la législation sur le droit d’auteur et les droits voisins?

Les demandes maximalistes dominant le discours actuel sont dans la plupart des cas diamétralement opposées : d’une part, les sociétés de gestion collective qui aspirent à trouver de nouvelles sources de financement et de punitions pour ceux qui ne respectent pas la loi. D’autre part, les utilisateurs qui veulent un accès large à l’information et éviter d’être criminalisés dans leur comportement de tous les jours. Les créateurs se situent souvent entre les extrêmes.

Voici pourquoi j’en appelle aux créateurs, donnez moi votre avis :

Faites moi savoir ce que vous pensez : Qu’est ce qui est important pour vous ? Quels problèmes concrets rencontrez-vous en tant que créateurs chaque jour dans vos activités quotidiennes sous le régime actuel de droit d’auteur ?

Envoyez un courriel à julia.reda at ep.europa.eu
Toutes vos informations seront bien sûr traitées de façon confidentielle.

Sources : https://juliareda.eu/2015/02/createurs-quelle-est-votre-opinion/

http://www.nextinpact.com/news/89512-reforme-droit-d-auteur-julia-reda-parti-pirate-veut-l-avis-createurs.htm

L’assemblée prolonge la durée des droits voisins (producteurs, interprètes…)

L’assemblée nationale a approuvé la prolongation des droits voisins en France de 50 ans à 70 ans. Johnny Hallyday et ses producteurs sont contents, ils vont pouvoir profiter de leurs redevances 20 ans de plus avant que leurs œuvres ne soient disponibles au domaine public.
Bien évidemment, cela ne résout en rien les problèmes récurrents des artistes, notamment pour les revenus liés au streaming (voir graphique plus bas) ni ne permettra à de nouvelles productions de trouver un écho auprès d’un public. Pire, cette prolongation permettra des recyclages en masse de catalogues à moindre frais (comme la réédition opportuniste des premières chansons  du frère de Dalida).adamistreaming
Cette loi transpose une directive européenne qui permet aux bibliothèques, musées, et établissements d’enseignement d’utiliser les œuvres dites orphelines. Ces œuvres dont les auteurs ne sont pas connus étaient, jusque là, inexploitables.
Autre directive européenne, celle de la sortie illicite du territoire d’œuvres françaises. Il faudra déclarer les œuvres que vos transportez à la douane si vous traversez les frontières.

Sources : Article et commentaire de P.Lazareff.

La musique c’est aussi l’expression.

La musique c’est aussi l’expression, solidarité avec

Beaucoup de choses sont dites, beaucoup le seront encore. J’avais envie de publier quelque chose ici. Oui l’Association Musique Libre, ne serait-ce que dans son nom, est touchée. Faire de la musique, la diffuser, la représenter c’est aussi s’exprimer. Combien d’artistes, sur scène, dans la rue, ou ailleurs s’expriment et usent de leurs libertés pour dénoncer, crier, hurler leurs sensibilités, leurs idées ?

Et combien ont voulu et veulent les faire taire ?

Alors continuons, exprimons-nous, hurlons, dénonçons, usons et abusons de nos libertés, personne ne peut nous enlever notre volonté, nos idées seront plus puissantes ensemble.

TAFTA : La revanche d’ACTA ?

De 2007 à 2010, ACTA (Qui signifie en français : Accord Commercial Anti-Contrefaçon) avait été initialement négocié en secret entre 39 pays, dont les 27 de l’Union européenne. Il était déjà question d’imposer une surveillance généralisée d’Internet avec, entre autres, l’obligation pour les FAI d’en devenir les « gendarmes ». L’existence d’ACTA a fini par être connue du plus grand nombre, et la contestation grandissante vis-à-vis de ce traité a fini par entraîner son retrait en 2012.
Mais aujourd’hui, une autre menace se confirme : TAFTA, le futur accord de commerce dit transatlantique, censé « relancer la croissance ». Les motivations du projet restent identiques : une surveillance « jusqu’au boutiste » des réseaux, pour veiller au parfait respect de la concurrence, des brevets, et du droit d’auteur (dans l’industrie du divertissement par exemple). Bien d’autres domaines seraient également concernés : énergie, santé, emploi, éducation, … Une multinationale aurait la possibilité d’attaquer un État en justice pour concurrence déloyale (si un service public lui faisait trop d’ombre ?). Tout ceci représente un projet de justice « sur mesure » aussi tendancieux qu’inquiétant.
Nous autres internautes et citoyens informés sur ces sujets, sommes plus que lassés de l’obstination des grands groupes, armés de leurs lobbies, à vouloir toujours plus de répression, de contrôle, de lois d’exception, au nom de leurs affaires, pourtant déjà largement prospères. De par leurs exigences démesurées, ils dégagent cette impression de se comporter en enfants gâtés, réclamant sans cesse un nouveau et plus beau jouet, quitte à entrer dans une colère hystérique pour l’obtenir. Il serait bien temps que ces grands groupes retrouvent le sens des réalités et de la démocratie, chose qui ne devrait jamais être « ajustable », au gré des sommes d’argent en jeu.
Comme toujours, nous n’accepterons pas de voir nos droits piétinés, sous prétexte de préserver à tout prix le commerce et la domination des multinationales déjà écrasante dans bien des aspects de nos vies. La prétendue « liberté de concurrence » n’est en réalité que leur liberté de monopole, avec tous les abus que cela implique. Lors des négociations à venir, nous en appelons donc à la responsabilité des élites, notamment au niveau européen, pour mettre fin à TAFTA sous sa forme actuelle. Autrement, tout comme avec ACTA dans le passé, la contestation sera notre seule réponse, jusqu’à leur faire entendre raison.

La mobilisation contre TAFTA existe d’ors et déjà en France, relayée par le site https://www.collectifstoptafta.org
La Quadrature du Net s’est évidemment elle aussi penchée sur le sujet. Une chronologie des événements est disponible ici : https://www.laquadrature.net/fr/tafta

Parution du second tome du Guide d’autodéfense numérique

Après notre article sur la récente loi « anti-terroriste », nous relayons ici la dernière version du guide d’autodéfense numérique.

Quatre ans après la parution du premier tome du Guide d’autodéfense numérique, le second tome, dédié aux enjeux liés de l’utilisation des réseaux et d’Internet est enfin terminé. Cet ouvrage vise à présenter l’« absence d’intimité » du monde numérique et propose des méthodes pour ajuster ses pratiques quotidiennes en conséquence. Les deux volumes sont d’ores et déjà disponibles en consultation et en version imprimable à l’adresse http://guide.boum.org/.

Les technologies numériques, auxquelles il est devenu très difficile d’échapper, offrent des possibilités de contrôle et de surveillance inédites. S’ils semblent souvent très pratiques, ces outils sont également de puissants supports dans les processus de surveillance et de répression. C’est à partir de ce constat, et de la détermination à ne pas se laisser contrôler par quelque Big Brother que ce soit, qu’un collectif s’est attelé il y a plus de quatre ans à la rédaction du « Guide d’autodéfense numérique ».

Jusqu’ici, seul le premier tome, qui se concentre sur l’utilisation d’un ordinateur « hors connexions » — on pourrait aussi bien dire préalablement à toute connexion, était disponible. Un second volume vient enfin le compléter. Il ambitionne de permettre à tout un chacun de comprendre quels sont les risques et les limites associés à l’utilisation d’Internet et de se donner les moyens de faire des choix éclairés quant à nos usages de l’Internet.

Ce second tome est accompagné d’une troisième édition revue et corrigée du premier volume qui prend en considération les révélations concernant l’état actuel de la surveillance numérique ainsi que les dernières évolutions légales et techniques – et notamment les nouvelles versions des systèmes Debian et Tails.

On trouve dans ce « Guide d’autodéfense numérique » enfin complet des éléments de compréhension de l’outil informatique et de ses failles, des éléments de réflexion permettant d’élaborer et de mettre en place des « politiques de sécurité » et des outils permettant à quiconque d’apprendre et de répandre des pratiques de protection appropriés à chaque situation.

Pour en finir avec les illusions et les demi-solutions, apprenons et diffusons des pratiques d’autodéfense numérique !

Source : http://guide.boum.org/

 

Projet de loi terrorisme : Toujours les mêmes recettes sécuritaires

La période estivale est souvent propice à la mise en place des textes de loi les plus néfastes. Il aura suffit d’un projet de loi déjà contestable en soit, durci au passage (fin juillet) par la Commission des lois de l’Assemblée et sa vision caricaturale d’Internet, pour arriver au résultat suivant. Dans la lignée des nombreuses mesures anti-terrorisme déjà existantes, l’actuel ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve devrait présenter, après la mi-septembre, un projet de loi des plus préoccupants pour les libertés individuelles. La problématique (pourtant complexe) du terrorisme est une fois de plus prétexte à des solutions approximatives et disproportionnées, et à un recul du droit à la vie privée. Le flou règne dans la plupart des articles du projet de loi en l’état.

En résumé :

  • Il s’agirait tout d’abord d’interdire le déplacement d’un citoyen Français vers l’étranger, si ses activités (et éventuellement, ses données) laissaient suggérer une possible action terroriste.
  • Il serait question de sanctionner la « propagande terroriste » via Internet. Cette formulation restant purement subjective, la loi pourrait très bien finir par être étendue abusivement à toute forme de contestation radicale (Ce qui au vu du contexte social serait opportun). Dans ce cas de figure également, la liberté d’expression et de la presse seraient directement soumises au bon vouloir des forces de l’ordre, et des fermetures de sites Internet pourraient directement être ordonnées. Vous avez dit expéditif ?
  • Tout individu isolé qui, pour une raison ou une autre, aurait cherché à acquérir des matériaux et substances potentiellement dangereux, ou aurait simplement consulté des sites faisant l’apologie du terrorisme, pourrait être puni pour tentative d’entreprise individuelle terroriste. Ce qui laisse la porte ouverte aux suppositions les plus vagues et aux interprétations arbitraires.
  • Sans nécessiter d’autorisation judiciaire, une perquisition « à distance » sur les données d’une personne suspectée serait rendue possible. En ces temps de surenchère sécuritaire, difficile de croire que ce type d’intrusion sur les réseaux ne puisse pas par la suite se démultiplier au delà de leur but premier, et à notre insu.
  • Une peine de dix ans de prison serait prévue pour une attaque de site (même un simple blocage) en « bande organisée » ; de quoi faire tranquillement l’amalgame entre hacker en herbe, écolo, alter-mondialiste, et terroriste.

Ce texte de loi est hélas désormais un classique du genre que n’auraient sûrement pas reniés, le prédécesseur du Président Français en place, et un certain George W. Bush. A l’aide du mot « terrorisme », ces dernières années, bien des politiques ont imposé l’idée qu’il fallait perdre en liberté afin d’espérer gagner en sécurité. Pour être appliqué, ce projet de loi va nécessiter en France, une surveillance généralisée des communications, une intrusion supplémentaire dans la vie privée de bon nombre de citoyens, même ceux n’ayant « rien à se reprocher ».
Dans nos sociétés, il est devenu trop courant de produire des lois où chacun de nous est considéré comme un criminel potentiel. Et c’est justement parce qu’une très grande partie de nous n’a rien de criminel à se reprocher, que les solutions prônées par les élites en deviennent aberrantes et inadaptées. On ne peut donc s’empêcher de penser que le véritable but de ces lois est clairement la surveillance et non la protection.

Encore une fois, l’antidote ne résoudra pas le problème (terrorisme), mais en créera un autre ; un flou juridique dans lequel on peu inclure tout et n’importe quoi. Le ciblage de la menace est si imprécis que les vrais futurs terroristes peuvent déjà s’en frotter les mains. En revanche, pour l’individu lambda égaré qui aura eu le malheur de déclencher malgré lui le “détecteur de terroristes 1.0”, les ennuis seront bien concrets.

Si vous souhaitez vous informer davantage sur le sujet et alerter les députés, vous pouvez consulter https://presumes-terroristes.fr qui est une initiative de La Quadrature du Net soutenue par Musique Libre.