Archives de catégorie : Politique / Activisme

La musique c’est aussi l’expression.

La musique c’est aussi l’expression, solidarité avec

Beaucoup de choses sont dites, beaucoup le seront encore. J’avais envie de publier quelque chose ici. Oui l’Association Musique Libre, ne serait-ce que dans son nom, est touchée. Faire de la musique, la diffuser, la représenter c’est aussi s’exprimer. Combien d’artistes, sur scène, dans la rue, ou ailleurs s’expriment et usent de leurs libertés pour dénoncer, crier, hurler leurs sensibilités, leurs idées ?

Et combien ont voulu et veulent les faire taire ?

Alors continuons, exprimons-nous, hurlons, dénonçons, usons et abusons de nos libertés, personne ne peut nous enlever notre volonté, nos idées seront plus puissantes ensemble.

TAFTA : La revanche d’ACTA ?

De 2007 à 2010, ACTA (Qui signifie en français : Accord Commercial Anti-Contrefaçon) avait été initialement négocié en secret entre 39 pays, dont les 27 de l’Union européenne. Il était déjà question d’imposer une surveillance généralisée d’Internet avec, entre autres, l’obligation pour les FAI d’en devenir les « gendarmes ». L’existence d’ACTA a fini par être connue du plus grand nombre, et la contestation grandissante vis-à-vis de ce traité a fini par entraîner son retrait en 2012.
Mais aujourd’hui, une autre menace se confirme : TAFTA, le futur accord de commerce dit transatlantique, censé « relancer la croissance ». Les motivations du projet restent identiques : une surveillance « jusqu’au boutiste » des réseaux, pour veiller au parfait respect de la concurrence, des brevets, et du droit d’auteur (dans l’industrie du divertissement par exemple). Bien d’autres domaines seraient également concernés : énergie, santé, emploi, éducation, … Une multinationale aurait la possibilité d’attaquer un État en justice pour concurrence déloyale (si un service public lui faisait trop d’ombre ?). Tout ceci représente un projet de justice « sur mesure » aussi tendancieux qu’inquiétant.
Nous autres internautes et citoyens informés sur ces sujets, sommes plus que lassés de l’obstination des grands groupes, armés de leurs lobbies, à vouloir toujours plus de répression, de contrôle, de lois d’exception, au nom de leurs affaires, pourtant déjà largement prospères. De par leurs exigences démesurées, ils dégagent cette impression de se comporter en enfants gâtés, réclamant sans cesse un nouveau et plus beau jouet, quitte à entrer dans une colère hystérique pour l’obtenir. Il serait bien temps que ces grands groupes retrouvent le sens des réalités et de la démocratie, chose qui ne devrait jamais être « ajustable », au gré des sommes d’argent en jeu.
Comme toujours, nous n’accepterons pas de voir nos droits piétinés, sous prétexte de préserver à tout prix le commerce et la domination des multinationales déjà écrasante dans bien des aspects de nos vies. La prétendue « liberté de concurrence » n’est en réalité que leur liberté de monopole, avec tous les abus que cela implique. Lors des négociations à venir, nous en appelons donc à la responsabilité des élites, notamment au niveau européen, pour mettre fin à TAFTA sous sa forme actuelle. Autrement, tout comme avec ACTA dans le passé, la contestation sera notre seule réponse, jusqu’à leur faire entendre raison.

La mobilisation contre TAFTA existe d’ors et déjà en France, relayée par le site https://www.collectifstoptafta.org
La Quadrature du Net s’est évidemment elle aussi penchée sur le sujet. Une chronologie des événements est disponible ici : https://www.laquadrature.net/fr/tafta

Parution du second tome du Guide d’autodéfense numérique

Après notre article sur la récente loi « anti-terroriste », nous relayons ici la dernière version du guide d’autodéfense numérique.

Quatre ans après la parution du premier tome du Guide d’autodéfense numérique, le second tome, dédié aux enjeux liés de l’utilisation des réseaux et d’Internet est enfin terminé. Cet ouvrage vise à présenter l’« absence d’intimité » du monde numérique et propose des méthodes pour ajuster ses pratiques quotidiennes en conséquence. Les deux volumes sont d’ores et déjà disponibles en consultation et en version imprimable à l’adresse http://guide.boum.org/.

Les technologies numériques, auxquelles il est devenu très difficile d’échapper, offrent des possibilités de contrôle et de surveillance inédites. S’ils semblent souvent très pratiques, ces outils sont également de puissants supports dans les processus de surveillance et de répression. C’est à partir de ce constat, et de la détermination à ne pas se laisser contrôler par quelque Big Brother que ce soit, qu’un collectif s’est attelé il y a plus de quatre ans à la rédaction du « Guide d’autodéfense numérique ».

Jusqu’ici, seul le premier tome, qui se concentre sur l’utilisation d’un ordinateur « hors connexions » — on pourrait aussi bien dire préalablement à toute connexion, était disponible. Un second volume vient enfin le compléter. Il ambitionne de permettre à tout un chacun de comprendre quels sont les risques et les limites associés à l’utilisation d’Internet et de se donner les moyens de faire des choix éclairés quant à nos usages de l’Internet.

Ce second tome est accompagné d’une troisième édition revue et corrigée du premier volume qui prend en considération les révélations concernant l’état actuel de la surveillance numérique ainsi que les dernières évolutions légales et techniques – et notamment les nouvelles versions des systèmes Debian et Tails.

On trouve dans ce « Guide d’autodéfense numérique » enfin complet des éléments de compréhension de l’outil informatique et de ses failles, des éléments de réflexion permettant d’élaborer et de mettre en place des « politiques de sécurité » et des outils permettant à quiconque d’apprendre et de répandre des pratiques de protection appropriés à chaque situation.

Pour en finir avec les illusions et les demi-solutions, apprenons et diffusons des pratiques d’autodéfense numérique !

Source : http://guide.boum.org/

 

Projet de loi terrorisme : Toujours les mêmes recettes sécuritaires

La période estivale est souvent propice à la mise en place des textes de loi les plus néfastes. Il aura suffit d’un projet de loi déjà contestable en soit, durci au passage (fin juillet) par la Commission des lois de l’Assemblée et sa vision caricaturale d’Internet, pour arriver au résultat suivant. Dans la lignée des nombreuses mesures anti-terrorisme déjà existantes, l’actuel ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve devrait présenter, après la mi-septembre, un projet de loi des plus préoccupants pour les libertés individuelles. La problématique (pourtant complexe) du terrorisme est une fois de plus prétexte à des solutions approximatives et disproportionnées, et à un recul du droit à la vie privée. Le flou règne dans la plupart des articles du projet de loi en l’état.

En résumé :

  • Il s’agirait tout d’abord d’interdire le déplacement d’un citoyen Français vers l’étranger, si ses activités (et éventuellement, ses données) laissaient suggérer une possible action terroriste.
  • Il serait question de sanctionner la « propagande terroriste » via Internet. Cette formulation restant purement subjective, la loi pourrait très bien finir par être étendue abusivement à toute forme de contestation radicale (Ce qui au vu du contexte social serait opportun). Dans ce cas de figure également, la liberté d’expression et de la presse seraient directement soumises au bon vouloir des forces de l’ordre, et des fermetures de sites Internet pourraient directement être ordonnées. Vous avez dit expéditif ?
  • Tout individu isolé qui, pour une raison ou une autre, aurait cherché à acquérir des matériaux et substances potentiellement dangereux, ou aurait simplement consulté des sites faisant l’apologie du terrorisme, pourrait être puni pour tentative d’entreprise individuelle terroriste. Ce qui laisse la porte ouverte aux suppositions les plus vagues et aux interprétations arbitraires.
  • Sans nécessiter d’autorisation judiciaire, une perquisition « à distance » sur les données d’une personne suspectée serait rendue possible. En ces temps de surenchère sécuritaire, difficile de croire que ce type d’intrusion sur les réseaux ne puisse pas par la suite se démultiplier au delà de leur but premier, et à notre insu.
  • Une peine de dix ans de prison serait prévue pour une attaque de site (même un simple blocage) en « bande organisée » ; de quoi faire tranquillement l’amalgame entre hacker en herbe, écolo, alter-mondialiste, et terroriste.

Ce texte de loi est hélas désormais un classique du genre que n’auraient sûrement pas reniés, le prédécesseur du Président Français en place, et un certain George W. Bush. A l’aide du mot « terrorisme », ces dernières années, bien des politiques ont imposé l’idée qu’il fallait perdre en liberté afin d’espérer gagner en sécurité. Pour être appliqué, ce projet de loi va nécessiter en France, une surveillance généralisée des communications, une intrusion supplémentaire dans la vie privée de bon nombre de citoyens, même ceux n’ayant « rien à se reprocher ».
Dans nos sociétés, il est devenu trop courant de produire des lois où chacun de nous est considéré comme un criminel potentiel. Et c’est justement parce qu’une très grande partie de nous n’a rien de criminel à se reprocher, que les solutions prônées par les élites en deviennent aberrantes et inadaptées. On ne peut donc s’empêcher de penser que le véritable but de ces lois est clairement la surveillance et non la protection.

Encore une fois, l’antidote ne résoudra pas le problème (terrorisme), mais en créera un autre ; un flou juridique dans lequel on peu inclure tout et n’importe quoi. Le ciblage de la menace est si imprécis que les vrais futurs terroristes peuvent déjà s’en frotter les mains. En revanche, pour l’individu lambda égaré qui aura eu le malheur de déclencher malgré lui le “détecteur de terroristes 1.0”, les ennuis seront bien concrets.

Si vous souhaitez vous informer davantage sur le sujet et alerter les députés, vous pouvez consulter https://presumes-terroristes.fr qui est une initiative de La Quadrature du Net soutenue par Musique Libre.

Cultures Libres ?

Voici quelques citations pour faire réfléchir au sujet du lien entre logiciels libres et cultures.

Pourquoi ce contrôle est-il important ? Parce qu’avoir la liberté signifie avoir la maîtrise de sa propre vie. Si vous utilisez un programme pour mener à bien des tâches affectant votre vie, votre liberté dépend du contrôle que vous avez sur ce programme.
Vous méritez d’avoir un contrôle sur les programmes que vous utilisez, d’autant plus quand vous les utilisez pour quelque chose d’important pour vous.
Richard Stallman,

« Le logiciel libre est encore plus essentiel maintenant »

Quelles sont les règles susceptibles d’assurer une diffusion maximale des articles et connaissances scientifiques sur le web ?
Il faut que les articles soient diffusés sous des formats non privateurs, en accès libre pour tous. Et chacun doit avoir le droit de placer les articles sur un site « miroir », c’est-à-dire de les republier intégralement en indiquant correctement la source.
Richard Stallman,

« La science doit mettre le droit d’auteur de côté »

Plus globalement, à partir du moment où l’ensemble de nos activités sont informatisées, il y a beaucoup plus d’informations sur nous et elles ne peuvent jamais dans leur totalité être effacées, rendues anonymes ou inutilisables – que les logiciels soient
libres ou pas.
Matthieu Amiech, Aurélien Berlan et Nicolas Eyguesier,

« Misère de notre addiction numérique », Le Monde, 03.01.2014 

Nous avons tous, entre les mains, les moyens de participer à changer les choses, à peser sur le débat et les politiques
publiques. Pour certains d’entre nous, nous avons même accès à des informations, tenues secrètes, qui prouvent que les gouvernements et les entreprises agissent parfois de façon contraires aux principes démocratiques et à l’intérêt général. Comme Winston dans 1984, nous avons le devoir d’user de notre sens de la justice pour aider à faire éclater la vérité. C’est pour cela que Julian Assange, Bradley Manning et Edward Snowden doivent être reconnus et protégés et servir d’inspiration aux citoyens aux quatre coins du monde.
Jérémie Zimmermann,

« Pourquoi stocker toutes nos vies sur des serveurs aux Etats-Unis ? », Le Monde, 12.06.2013 

Chaque système de DRM implémenté jusqu’à aujourd’hui a été piraté d’une façon ou d’une autre. C’est vraiment une mauvaise blague pour l’utilisateur moyen : les DRM les bride dans leur vie numérique. Les autres, plus calés, contourneront les règles et pourront imprimer tous les objets brevetés qu’ils voudront. Les DRM ne résoudront véritablement aucun problème. Ils ne le font jamais. Mais ce sera peut-être un élément inévitable de l’avenir de l’impression 3D.
Ryan Whitwan

16 octobre 2012 – ExtremeTech.comTraduction : Kurze, Dryt, Gatitac, goofy, Sylvain, Kiwileaks, Framablog

Les AMAP proposent tout simplement une autre façon de faire ses courses alimentaires. À l’image de l’émergence de GNU/
Linux et des logiciels libres face à Windows et aux logiciels privateurs, les AMAP se composent d’hommes et de femmes qui ont décidé de s’organiser pour ne plus subir un système jugé déloyal, représenté par les coopératives agricoles et la grande-
distribution, qui imposent aux paysans une agriculture intensive et polluante, tout en achetant à des prix irresponsablement bas
des denrées que le consommateur paye au prix fort.
Siltaar,

« Les AMAP : c’est quoi ? c’est bien ! », 20/08/2010

« Les voyageurs qui ont le goût de l’aventure utilisent le Web pour créer une économie internationale du don d’hospitalité. »
David Bollier

10 juin 2010 – OnTheCommonsTraduction Framalang : Kootox, Goofy, Siltaar et Martin, Framablog

« En prenant une position claire en faveur des logiciels libres, des licences libres et des modes de production et de diffusion des
produits de l’esprit qu’elles organisent, les communautés du libre et les entreprises d’économie sociale s’engagent dans un
combat plus vaste que le seul domaine informatique : celui de la reconquête des biens communs. Ce combat est crucial pour
l’avenir nos sociétés. »
Bastien Sibille,

« Économie Sociale et Logiciels Libres : Le temps de l’alliance ? », 01/12/2019

« … Mais ce serait l’une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait rien d’autre que
du code »
Sous-titre du Framablog,

La musique a-t-elle une valeur ?

La valeur intrinsèque de la musique a été réduite à zéro. Alors que l’art contemporain vaut des millions de par sa simple valeur d’exclusivité.

Wu Tang Clan.

C’est ainsi que le Wu Tang Clan défend sa démarche de ne produire qu’un seul exemplaire de sa musique et d’en faire un objet unique, placé dans un coffre d’argent et gardé au Maroc. Voir leur site dédié à leur démarche.

Scluzay
Scluzay

Bien avant eux, Jean Michel Jarre en 1983 avait fait la même chose avec un album sur vinyle à un exemplaire, Music for supermarkets. Il en avait fait un événement sur RTL en ne le diffusant qu’une seule fois à l’époque et en clamant haut et fort « La musique est à tous les auditeurs que ça intéresse, piratez-le ! ». Par la suite, la matrice de pressage de vinyle a été détruite sous contrôle d’huissier.

En économie, la rareté fait la valeur et ces artistes l’ont bien compris. Mais pas n’importe qui peut se le permettre, il faut créer une valeur qui va dépendre d’un seul facteur, votre notoriété. Dans ce cas, qu’est-ce qui a réellement de la valeur ? La musique, ou la notoriété ? Ne se trompe-t-on pas au final de sujet ?

La musique libre, de son coté, est aussi dans cette démarche de valorisation de l’objet, de valorisation du rapport entre public et artistes car la musique en elle-même n’est une représentation d’une idée, d’un univers. Le support de sa mythologie peut être monnayé (pochette de CD, de vinyle, de K7, concerts, spectacles…). La musique est une idée et sa valeur est à la fois trop grande pour être monnayée et trop petite (car, aujourd’hui, duplicable à l’infini) pour l’être.

La valeur de son support est plus souvent déterminée par le coût de production et le revenu espéré que par sa notoriété (à titre d’exemple la Blender Fondation vend le pack dvd de son dernier court-métrage « Tears Of Steel » 27,20 dollars, qui permettra aussi de financer les films suivants, la même logique chez nos amis de l’AMMD ou Chabanne’s Records).

La notoriété est donc une valeur en soi qui travesti les intentions. Beaucoup d’artistes ou de groupes pensent qu’elle doit être plus importante que le reste. Et souvent, cela se traduit au détriment du contenu qui est déformé pour convenir aux besoins de communication. « De la visibilité », article publié en 2007 résume bien cette idée. Mais les radios indépendantes, les labels indés n’on pas attendus 2007 pour dénoncer les « radio edit », versions des « tubes » taillées pour les diffusions radios FM… avant de faire exactement la même chose plus tard avec leurs radios indés, leurs web-radios indés qui utilisent exactement les mêmes outils que les majors.

Pour aller beaucoup plus loin dans ces réflexions sur l’évolution des valeurs des supports de la musique, je ne saurai que trop vous conseiller cet article, en langue anglaise : the price of music. Ou celui-ci qui illustre les différents services de streaming : http://www.socialband.fr/la-remuneration-des-labels-independants-par-le-streaming/

5000$ pour 1 million de vues sur Youtube… ça fait rêver de nombreux commerciaux et publicitaires, pas beaucoup d’artistes.

(Source : http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/wu-tang-clan-vendre-seul-exemplaire-nouvel-album/ )

Dis, c’est quoi la culture ? (entracte)

Pour cet entracte entre mes deux tomes, voici quelques idées pour nourrir le propos.

Les politiques culturelles permettent, par le financement alloué à des associations, des actions intéressantes. Ici, les Céméa qui vont faire un travail très intéressant sur de l’appropriation culturelle autour du Festival d’Avignon, on ne va pas simplement voir un spectacle, mais comprendre comment il se crée pour pouvoir s’en inspirer par la suite, « l’aller-retour entre le voir et le faire ».

Illustrant une autre idée de la politique culturelle, Gilberto Gil (qui malgré qu’il soit un sociétaire de la Sacem depuis 2007, a publié une musique sous Creative Commons en participant à la compilation Wired en 2004) propose ses idées.

La coproduction selon Gilberto Gil

27/06/2014

Penser les conditions de coproduction de l’innovation c’est regarder cette question sous tous les angles, de tous les points de vue, depuis tous les territoires pour se donner une chance, au moins, d’être créatif. 

Récit d’une approche politique qui vise à la production d’espaces communs – les points de culture, où l’État n’est plus un espace central, mais ne travaillait qu’à faire émerger et à accompagner des formes d’expressions populaires et transdisciplinaires :

  • Une approche résolument culturelle, conçue sur des bases d’auto-gestion.
  • Une proposition où seul un regard culturel peut produire un sens dans une relation entre citoyens, collectivités territoriales et entreprises.
  • Une proposition qui ne fait sens qu’à la condition de penser globalement une culture de l’urbanité où l’enjeu premier serait de travailler le lien et l’espace symbolique capable de faire émerger la joie et la créativité.
  • Un regard jugé souvent naïf, à une époque où ce ministre ne participait à un gouvernement dont le pays n’était à peine que 26 fois plus grand que la France et dont la croissance économique n’était que 6 fois supérieure à la notre.

Selon Gilberto Gil, une seule condition de succès pour la mise en œuvre de coproductions d’innovations : rester ouvert pour la vie.

Source : Gilberto Gil – Vers une culture de l’espace public par le_hub_agence

Dans ma deuxième tome, je vous parlerai de processus de création et d’identité culturelle et surtout en quoi les politiques culturelles, aujourd’hui, ne permettent de travailler ces questions qu’à la marge, avec quelques exemples concrets.

Dis, c’est quoi la culture ? (tome 1)

Congrès de Mexico de 1982 de l’UNESCO sur les politiques culturelles

Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
Cette culture donne à l’Homme la capacité de réflexion sur lui-même. C’est elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et éthiquement engagés. C’est par elle que nous discernons des valeurs et effectuons des choix. C’est par elle que l’Homme s’exprime, prend conscience de lui-même, se reconnait comme un projet inachevé, remet en question ses propres réalisations, recherche inlassablement de nouvelles significations et crée des œuvres qui le transcendent.

Ce n’est pas une définition arrêtée, certains diront que le mot culture est un terme éminemment polysémique et qu’il est, par là, difficile de rendre compte d’un concept précis, mais nous prendrons cette idée comme point de départ de notre réflexion car elle est large et qu’elle permet de rendre compte de tous les enjeux auxquels Musique Libre ou plus largement, les citoyens, sont confrontés.

Historique : Un ministère de la Culture ?

Avant 1945, les deux seuls pays qui avaient des ministères de la Culture étaient l’Allemagne et l’Italie, c’était les années 30 et 40, dans des pays où l’éducation des masses aux thèses des partis en place était l’objectif prioritaire de ces ministères. La fameuse propagande dont certains graphistes sont très friands.1315476-Propagande_fasciste_mai_1929

Depuis la Seconde Guerre Mondiale, nous avons appris qu’on pouvait être un bourreau nazi sanguinaire et être un excellent pianiste ou fan de Wagner, la culture ne vous immunise pas de la « barbarie », elle peut même être une arme résolument efficace et méthodique. À la suite de la Seconde Guerre Mondiale, en France, un certain André Malraux décida de créer un Ministère de la Culture (dénommé en 1959 Ministère des Affaires Culturelles)  et d’en faire, non pas un outil de propagande, mais un outil de communication et de promotion culturelle. Les maisons de la culture se multiplient sur les modèles des maison du théâtre imaginées par Jean Vilar. Elles deviendront les DRAC, Direction Régionales des Affaires Culturelles et signeront la fameuse « décentralisation culturelle ».

Depuis, le ministère s’est renommé en 1997, « Ministère de la culture et de la communication ». La culture est ainsi perçue, en France, comme un outil important de la renommée patrimoniale du pays. Elle permet d’attirer touristes et entreprises et de faire de la France un des premiers pays touristique au monde.

Les années 1970 ont développé l’idée du « développement culturel ». Pour répondre à mai 68 et aux idées qui en découlent (démocratie plus directe…), des centres d’action culturelle (CAC) sont nés. Ils travaillent sur de l’animation autour des œuvres patrimoniales. En 1981, quand la gauche arrive au pouvoir, une volonté d’élargir le champ culturel émerge. En lien avec les idées de 1936 et de Jean Zay (qui voulait dès cette époque travailler à un ministère de la Vie Culturelle qui engloberait Éducation Nationale, Éducation Populaire et Expression Nationale), les pratiques amateurs vont être développées, exit, donc, les notions d’art majeur et art mineur.

Ainsi le décret du 10 mai 1982, relatif à l’organisation du ministère précise : « Le ministère chargé de la Culture a pour mission : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».

Jack Lang associe également art et apprentissage, en opposition à l’esprit malrucien. Outre un ministère l’Éducation nationale et de la Culture, qu’il a mené pendant moins d’un an, sous le gouvernement Pierre Bérégovoy, c’est aussi l’époque du développement de l’enseignement du théâtre et du projet Collège au cinéma. Catherine Trautmann ensuite travailla sur l’éducation à l’art et la médiation culturelle.

Source : Wikipédia

Mais si la question de la place de la culture dans l’espace public est mieux traitée, celle de sa diffusion est liée aux industries culturelles naissantes en France. Après la fin de l’ORTF, viennent au monde les conglomérats télévisuels privés (Canal +, TFI, LaCinq, puis M6), puis ensuite les radios « libres », dont certaines sont devenues des empires de vente de publicité massifs (NRJ, Skyrock, RMC, RTL, Europe1…). C’est dans ce contexte que le Ministère de la Culture a évolué, et c’est ce contexte qui permet de comprendre toute la fissure entre les publics et ce Ministère quand il a fallu parler de diffusion et de téléchargement à l’heure d’internet.

Ceux qui, aux yeux du Ministère, permettaient la « démocratisation culturelle », car ils toucheraient des publics jusqu’ici éloignés des théâtres et de la vie culturelle parisienne, se retrouvaient en grande difficulté face à un phénomène nouveau, la « disponibilité culturelle » sur internet, et à ceci, les arsenal législatifs employés (LCEN, DADVSI, LOPSSI) n’ont eu qu’un effet dissuasif marginal. Il a fallu la concurrence du « piratage » par des offres légales et peu chères (le streaming) pour que nous puissions voir des modifications de comportements, la HADOPI ne servant qu’à rappeler à l’ordre les brebis égarées de la nouvelle technologie.

Cette première partie s’est concentrée sur la perception de la culture par les pouvoirs publics. Ce qu’ils financent et aident en priorité (le patrimoine, l’éducation culturelle, les industries de la communication) montre un point de vue sur le terme « culture ». Celui-ci est toujours teinté de vision pyramidale de la culture, entre les savants et les ignorants, avec des intermédiaires qui permettent l’éducation des uns pour les autres. Je dirai que cela montre aussi une méconnaissance abyssale des processus de création et d’identité culturelle des populations, une arrogance telle qu’elle ne permet pas aux populations de s’emparer de nouvelles formes, mais qu’elle les enferme dans des carcans culturels, décidés et labellisés en haut-lieu, et aidés en ce sens.

Dans ma deuxième tome, je vous parlerai de processus de création et d’identité culturelle et surtout en quoi les politiques culturelles aujourd’hui ne permettent de travailler ces questions qu’à la marge, avec quelques exemples concrets.