Archives par mot-clé : libre

Creative Commons : une nouvelle licence traduite en français, la CC0 !

La licence CC0 vient d’être officiellement traduite en français et dans tous les pays francophones.

Adopter cette licence, c’est ne pas attendre 70 ans après sa mort pour voir ses œuvres entrer dans le domaine public. C’est avoir la possibilité de les verser tout de suite dans le « domaine public volontaire ».

Attention cependant, juridiquement parlant, la licence CC0 n’est pas si différente qu’une licence CC-By. Pourquoi ? Parce qu’on ne peut céder son droit moral en France. (« inaliénable, incessible et perpétuel », pour reprendre la formule du Code de la Propriété Intellectuelle).

Cela n’empêche pas certains de publier directement sous cette licence, Pouhiou (qui a lancé un modèle économique teinté de crowdfunding pour ses livres), Calimaq (connu pour son blog S.I.Lex), Romaine Lubrique pour le texte, le projet Open Goldberg Variations pour la musique et Nina Paley pour le cinéma.

Voir à ce sujet le dialogue entre Pouhiou et Calimaq.

Je vous enjoins à lire la traduction de la licence à cette adresse, afin de mieux vous rendre compte de la portée de cette licence.

Je vous recommanderai aussi de lire le Manifeste pour le Domaine Public.

Source : http://romainelubrique.org/licence-cc0-traduction-francais

Netlabels et collectifs qu’on aime bien

Voici une petite liste de Netlabels et collectifs que vous retrouverez  avec de la musique libre en direct de leurs oreilles !

AMMD

L’AMMD est une coopérative d’artistes libres produisant de l’Art Libre avec des matériels et des logiciels libres.

A l’origine structure de production musicale (albums puis tournées, spectacles, créations), en s’ouvrant aux autres disciplines, elle est devenue une sorte d’incubateur, de centres d’essais et de coopération d’artistes dans lequel tout est possible, avec une démarche sociale fortement ancrée du côté du « monde du libre » et de l’indépendance, ainsi qu’une sensibilité écologique assortie d’actions et non de subvention !

Da Heard It Records

8Bits, électro et musique libre depuis 2006, pas mal de pépites !

daheardit-records

Fresh Poulp

THE netlabel dub en France, plein de références !

freshpoulp_logo

Haze

Netlabel de Kiev, de la Ruhr, et des Alpes françaises, avec du jazz et de bons morceaux de musique libre.

haze

LCL (LibreCommeL’air)

Netlabel de Montpellier, dub, roots et tabaga. Et un super projet de samples pour les gens ! (Boîte à sons)

LCL

Mahorka

Netlabel moins actif mais rempli de 135 releases !

mahorka

Phlow

Site allemand qui est une mine d’informations sur les Netlabels. Quelques parties du site ne sont pus mises à jour, mais la musique reste.

366daysofmusic

Rec72

Netlabel depuis 2007, dans leur partie « about » vous pourrez même voir leur évolution au niveau de l’utilisation des licences qu’ils utilisent.

rec72

Revolution Sounds Records

Collectif du sud de la France, métal, rock sont les pierres angulaires de ce collectif actif dans divers projets (Take The Bus, J’ai vu un son…)

rsr

Sirona Records

Netlabel basé en France, une belle collection de releases depuis 2011 (ils s’approchent des 800 références).

Sincerity is the key

Tænia Solium

Collectif basé à Grenoble, très DIY, très électro-indus, voire carrément punk. De bons amis à l’origine de la K7 collector en soutien à Dogmazic !

les punks

Monpauvrelieu

Les Productions Monpauvrelieu défendent les intérêts financiers des rentiers Clodomiro Charlilechó, Juanito Carabonita, Ferdinand Raillefer, Mahsun Delipahşap, et de bien plus infréquentables encore
Toute personne soupçonnée d’avoir entendu notre musique, même accidentellement, sera inculpée et traînée en justice pour défaut de sécurisation de conduit auditif.
Pour vous qui lisez, il est déjà trop tard: vous avez été repéré infailliblement par notre système de reconnaissance biométrique et trahi par la longueur arrogante de votre auriculaire.
Il est désormais inutile et vain de vous enfuir ;

sont tous à vos trousses.

monpauvrelieu

Shangri-I

Naxo, Still Living Creatures, et bien sûr Me in The Bath !

Il a aussi monté le site Clewn.org, un petit frère de Dogmazic (attention, site Web 1.0 😉 )

La musique a-t-elle une valeur ?

La valeur intrinsèque de la musique a été réduite à zéro. Alors que l’art contemporain vaut des millions de par sa simple valeur d’exclusivité.

Wu Tang Clan.

C’est ainsi que le Wu Tang Clan défend sa démarche de ne produire qu’un seul exemplaire de sa musique et d’en faire un objet unique, placé dans un coffre d’argent et gardé au Maroc. Voir leur site dédié à leur démarche.

Scluzay
Scluzay

Bien avant eux, Jean Michel Jarre en 1983 avait fait la même chose avec un album sur vinyle à un exemplaire, Music for supermarkets. Il en avait fait un événement sur RTL en ne le diffusant qu’une seule fois à l’époque et en clamant haut et fort « La musique est à tous les auditeurs que ça intéresse, piratez-le ! ». Par la suite, la matrice de pressage de vinyle a été détruite sous contrôle d’huissier.

En économie, la rareté fait la valeur et ces artistes l’ont bien compris. Mais pas n’importe qui peut se le permettre, il faut créer une valeur qui va dépendre d’un seul facteur, votre notoriété. Dans ce cas, qu’est-ce qui a réellement de la valeur ? La musique, ou la notoriété ? Ne se trompe-t-on pas au final de sujet ?

La musique libre, de son coté, est aussi dans cette démarche de valorisation de l’objet, de valorisation du rapport entre public et artistes car la musique en elle-même n’est une représentation d’une idée, d’un univers. Le support de sa mythologie peut être monnayé (pochette de CD, de vinyle, de K7, concerts, spectacles…). La musique est une idée et sa valeur est à la fois trop grande pour être monnayée et trop petite (car, aujourd’hui, duplicable à l’infini) pour l’être.

La valeur de son support est plus souvent déterminée par le coût de production et le revenu espéré que par sa notoriété (à titre d’exemple la Blender Fondation vend le pack dvd de son dernier court-métrage « Tears Of Steel » 27,20 dollars, qui permettra aussi de financer les films suivants, la même logique chez nos amis de l’AMMD ou Chabanne’s Records).

La notoriété est donc une valeur en soi qui travesti les intentions. Beaucoup d’artistes ou de groupes pensent qu’elle doit être plus importante que le reste. Et souvent, cela se traduit au détriment du contenu qui est déformé pour convenir aux besoins de communication. « De la visibilité », article publié en 2007 résume bien cette idée. Mais les radios indépendantes, les labels indés n’on pas attendus 2007 pour dénoncer les « radio edit », versions des « tubes » taillées pour les diffusions radios FM… avant de faire exactement la même chose plus tard avec leurs radios indés, leurs web-radios indés qui utilisent exactement les mêmes outils que les majors.

Pour aller beaucoup plus loin dans ces réflexions sur l’évolution des valeurs des supports de la musique, je ne saurai que trop vous conseiller cet article, en langue anglaise : the price of music. Ou celui-ci qui illustre les différents services de streaming : http://www.socialband.fr/la-remuneration-des-labels-independants-par-le-streaming/

5000$ pour 1 million de vues sur Youtube… ça fait rêver de nombreux commerciaux et publicitaires, pas beaucoup d’artistes.

(Source : http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/wu-tang-clan-vendre-seul-exemplaire-nouvel-album/ )

Interviews

En ce mois d’août, nous avons voulu interviewer quelques artistes qui restent dans notre association, qui participent au forum ou sur IRC et qui sont attentifs à nos activités. Un grand merci à eux ! L’association vit aussi grâce à vous.

Tout se passe à partir du 2 août avec monpauvrelieu sur la documentation de musique-libre ! Profitez-en aussi pour aller voir toutes la documentation sur le site, il y a pléthore d’articles et de bons plans !

Chabane Records présente : Truite, Potron Potron Lopez

Musique classique en licence libre

Rare et pourtant important pour le signaler. Si vous ne connaissiez pas déjà les OpenGlodbergVariations de Bach par Kimiko Ishizaka, vous avez maintenant Florence Robineau qui place ses interprétations de grands noms de la musique classique sous licences libres (cc-by-sa). Une bien belle initiative !

N.B : Beaucoup d’auteurs de musique classique sont morts depuis quelques années, leurs partitions sont donc libres, mais souvent les ré-interprétations ne le sont pas. Les interprètes disposent de leurs droits voisins pendant 50 ans, voire malheureusement plus car la loi et les directives européennes ont tendance à allonger leurs droits.

N’hésitez pas à la féliciter chaleureusement pour cette démarche.

Dis, c’est quoi la culture ? (entracte)

Pour cet entracte entre mes deux tomes, voici quelques idées pour nourrir le propos.

Les politiques culturelles permettent, par le financement alloué à des associations, des actions intéressantes. Ici, les Céméa qui vont faire un travail très intéressant sur de l’appropriation culturelle autour du Festival d’Avignon, on ne va pas simplement voir un spectacle, mais comprendre comment il se crée pour pouvoir s’en inspirer par la suite, « l’aller-retour entre le voir et le faire ».

Illustrant une autre idée de la politique culturelle, Gilberto Gil (qui malgré qu’il soit un sociétaire de la Sacem depuis 2007, a publié une musique sous Creative Commons en participant à la compilation Wired en 2004) propose ses idées.

La coproduction selon Gilberto Gil

27/06/2014

Penser les conditions de coproduction de l’innovation c’est regarder cette question sous tous les angles, de tous les points de vue, depuis tous les territoires pour se donner une chance, au moins, d’être créatif. 

Récit d’une approche politique qui vise à la production d’espaces communs – les points de culture, où l’État n’est plus un espace central, mais ne travaillait qu’à faire émerger et à accompagner des formes d’expressions populaires et transdisciplinaires :

  • Une approche résolument culturelle, conçue sur des bases d’auto-gestion.
  • Une proposition où seul un regard culturel peut produire un sens dans une relation entre citoyens, collectivités territoriales et entreprises.
  • Une proposition qui ne fait sens qu’à la condition de penser globalement une culture de l’urbanité où l’enjeu premier serait de travailler le lien et l’espace symbolique capable de faire émerger la joie et la créativité.
  • Un regard jugé souvent naïf, à une époque où ce ministre ne participait à un gouvernement dont le pays n’était à peine que 26 fois plus grand que la France et dont la croissance économique n’était que 6 fois supérieure à la notre.

Selon Gilberto Gil, une seule condition de succès pour la mise en œuvre de coproductions d’innovations : rester ouvert pour la vie.

Source : Gilberto Gil – Vers une culture de l’espace public par le_hub_agence

Dans ma deuxième tome, je vous parlerai de processus de création et d’identité culturelle et surtout en quoi les politiques culturelles, aujourd’hui, ne permettent de travailler ces questions qu’à la marge, avec quelques exemples concrets.

Dis, c’est quoi la culture ? (tome 1)

Congrès de Mexico de 1982 de l’UNESCO sur les politiques culturelles

Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.
Cette culture donne à l’Homme la capacité de réflexion sur lui-même. C’est elle qui fait de nous des êtres spécifiquement humains, rationnels, critiques et éthiquement engagés. C’est par elle que nous discernons des valeurs et effectuons des choix. C’est par elle que l’Homme s’exprime, prend conscience de lui-même, se reconnait comme un projet inachevé, remet en question ses propres réalisations, recherche inlassablement de nouvelles significations et crée des œuvres qui le transcendent.

Ce n’est pas une définition arrêtée, certains diront que le mot culture est un terme éminemment polysémique et qu’il est, par là, difficile de rendre compte d’un concept précis, mais nous prendrons cette idée comme point de départ de notre réflexion car elle est large et qu’elle permet de rendre compte de tous les enjeux auxquels Musique Libre ou plus largement, les citoyens, sont confrontés.

Historique : Un ministère de la Culture ?

Avant 1945, les deux seuls pays qui avaient des ministères de la Culture étaient l’Allemagne et l’Italie, c’était les années 30 et 40, dans des pays où l’éducation des masses aux thèses des partis en place était l’objectif prioritaire de ces ministères. La fameuse propagande dont certains graphistes sont très friands.1315476-Propagande_fasciste_mai_1929

Depuis la Seconde Guerre Mondiale, nous avons appris qu’on pouvait être un bourreau nazi sanguinaire et être un excellent pianiste ou fan de Wagner, la culture ne vous immunise pas de la « barbarie », elle peut même être une arme résolument efficace et méthodique. À la suite de la Seconde Guerre Mondiale, en France, un certain André Malraux décida de créer un Ministère de la Culture (dénommé en 1959 Ministère des Affaires Culturelles)  et d’en faire, non pas un outil de propagande, mais un outil de communication et de promotion culturelle. Les maisons de la culture se multiplient sur les modèles des maison du théâtre imaginées par Jean Vilar. Elles deviendront les DRAC, Direction Régionales des Affaires Culturelles et signeront la fameuse « décentralisation culturelle ».

Depuis, le ministère s’est renommé en 1997, « Ministère de la culture et de la communication ». La culture est ainsi perçue, en France, comme un outil important de la renommée patrimoniale du pays. Elle permet d’attirer touristes et entreprises et de faire de la France un des premiers pays touristique au monde.

Les années 1970 ont développé l’idée du « développement culturel ». Pour répondre à mai 68 et aux idées qui en découlent (démocratie plus directe…), des centres d’action culturelle (CAC) sont nés. Ils travaillent sur de l’animation autour des œuvres patrimoniales. En 1981, quand la gauche arrive au pouvoir, une volonté d’élargir le champ culturel émerge. En lien avec les idées de 1936 et de Jean Zay (qui voulait dès cette époque travailler à un ministère de la Vie Culturelle qui engloberait Éducation Nationale, Éducation Populaire et Expression Nationale), les pratiques amateurs vont être développées, exit, donc, les notions d’art majeur et art mineur.

Ainsi le décret du 10 mai 1982, relatif à l’organisation du ministère précise : « Le ministère chargé de la Culture a pour mission : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l’art français dans le libre dialogue des cultures du monde ».

Jack Lang associe également art et apprentissage, en opposition à l’esprit malrucien. Outre un ministère l’Éducation nationale et de la Culture, qu’il a mené pendant moins d’un an, sous le gouvernement Pierre Bérégovoy, c’est aussi l’époque du développement de l’enseignement du théâtre et du projet Collège au cinéma. Catherine Trautmann ensuite travailla sur l’éducation à l’art et la médiation culturelle.

Source : Wikipédia

Mais si la question de la place de la culture dans l’espace public est mieux traitée, celle de sa diffusion est liée aux industries culturelles naissantes en France. Après la fin de l’ORTF, viennent au monde les conglomérats télévisuels privés (Canal +, TFI, LaCinq, puis M6), puis ensuite les radios « libres », dont certaines sont devenues des empires de vente de publicité massifs (NRJ, Skyrock, RMC, RTL, Europe1…). C’est dans ce contexte que le Ministère de la Culture a évolué, et c’est ce contexte qui permet de comprendre toute la fissure entre les publics et ce Ministère quand il a fallu parler de diffusion et de téléchargement à l’heure d’internet.

Ceux qui, aux yeux du Ministère, permettaient la « démocratisation culturelle », car ils toucheraient des publics jusqu’ici éloignés des théâtres et de la vie culturelle parisienne, se retrouvaient en grande difficulté face à un phénomène nouveau, la « disponibilité culturelle » sur internet, et à ceci, les arsenal législatifs employés (LCEN, DADVSI, LOPSSI) n’ont eu qu’un effet dissuasif marginal. Il a fallu la concurrence du « piratage » par des offres légales et peu chères (le streaming) pour que nous puissions voir des modifications de comportements, la HADOPI ne servant qu’à rappeler à l’ordre les brebis égarées de la nouvelle technologie.

Cette première partie s’est concentrée sur la perception de la culture par les pouvoirs publics. Ce qu’ils financent et aident en priorité (le patrimoine, l’éducation culturelle, les industries de la communication) montre un point de vue sur le terme « culture ». Celui-ci est toujours teinté de vision pyramidale de la culture, entre les savants et les ignorants, avec des intermédiaires qui permettent l’éducation des uns pour les autres. Je dirai que cela montre aussi une méconnaissance abyssale des processus de création et d’identité culturelle des populations, une arrogance telle qu’elle ne permet pas aux populations de s’emparer de nouvelles formes, mais qu’elle les enferme dans des carcans culturels, décidés et labellisés en haut-lieu, et aidés en ce sens.

Dans ma deuxième tome, je vous parlerai de processus de création et d’identité culturelle et surtout en quoi les politiques culturelles aujourd’hui ne permettent de travailler ces questions qu’à la marge, avec quelques exemples concrets.