Et voilà Thot et ses chardons dissonnants…

Thot

Un an après la sortie du premier album, The Huffed Hue, et après plusieurs concerts et rencontres, Thot aborde ce nouveau solstice synthétique avec The Huffed Fragments.
Composé de remixes et de manipulations sonores de The Huffed Hue, cet album plante ses racines dans le temps.
Plusieurs intervenants venus de France et de Belgique se sont armés de leur engrais musical et émotionnel pour faire de nouvelles boutures de chardons électriques en repensant les chansons de The Huffed Hue.
Que ce soit dans les beats aryhtmiques de Nim et son ‘Green as a Nim’ ou de la frénésie hypnotique du single I need[ed] More dans lequel Thot s’offre la voix de LadyAsstro, ces chardons dissonnants ont encore beaucoup de mystères musicaux à dévoiler.
Rendez vous donc sur le site www.thotweb.net sur lequel vous pourrez découvrir, tel un bourgeon prêt à éclore, une e-card qui vous invite à la découverte de cet album.
La page de Thot sur Dogmazic.

Un morceau

Musique libre et autonomie de la création

Mis à jour le mardi 12 juin 2001

Après s’être violemment opposée à tous ceux qui échangeaient, sur Napster ou ailleurs, des fichiers musicaux de type MP3, l’industrie musicale risque d’être confrontée dans un avenir proche à un défi autrement plus dangereux : la prise d’autonomie de la création musicale par rapport au secteur marchand (1) .

On pouvait en effet considérer que ces fameux « pirates » faisaient, d’un certain point de vue, le jeu des majors en contribuant à asseoir la popularité d’artistes distribués par les grands labels commerciaux : ce qui était perdu en vente était en fait gagné en promotion…

Mais suivant l’exemple du logiciel libre qui déstabilise l’ensemble de l’industrie informatique, certains artistes, compositeurs ou interprètes commencent aujourd’hui à réfléchir à des moyens qui leur permettraient de contourner les contraintes monopolistiques imposées par les majors pour diffuser librement leurs créations à la faveur du développement du réseau Internet.

Dans le sillage de la réflexion menée par certains collectifs artistiques américains comme le Critical Art Ensemble (1) ou Negativland (2), c’est à Ram Samudrala, scientifique et musicien, que l’on doit l’idée de s’inspirer du modèle du logiciel libre pour l’adapter à la création artistique et à la musique en particulier (3).

Au début du mois de mai dernier, l’Electronic Frontier Foundation, principal lobby américain de défense des internautes, reprenait cette idée et annonçait la création de l’Open Audio Licence, licence visant à « promouvoir une communauté de créateurs et d’interprètes qui soient libres de partager et de s’inspirer des œuvres de chacun et à permettre au public d’en profiter et d’en faire profiter d’autres personnes » (4).

Dans un texte récemment publié sur uZine, Ether-Michel Pillequant et Rico Da Halvarez, animateurs du site Musique libre (5) et correspondants en France de Ram Samudrala, expliquent les principe de la « free music public licence » et appellent à la création en France d’un grand festival de musique libre (6) …

(1) Critical Art Ensemble : http://www.critical-art.net/

(2) Negativland : http://www.negativland.com/intprop.html

(3) Le site personnel de Ram Samudrala : http://www.ram.org/ et ses travaux sur la Free Music Philosophy : http://www.ram.org/ramblings/philosophy/fmp/freemusic.html

(4) Open Licence EFF : http://www.eff.org/IP/Open_licenses/eff_oal.html

(5) Le site français Musique libre : http://www.musique-libre.com/

(6) Musique libre ? C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous ! : http://www.minirezo.net/article819.html

Olivier Blondeau

Vers une musique libre…

C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous !
Publié le mardi 29 mai 2001, sur le site uZine.net
par Ether-Michel Pillequant

Sur le mode de la Gnu GPL, s’élabore la FMPL ou free music public license : Rico Da Halvarez, collaborateur et correspondant en France de Ram Samudralah et Ensor, parle.

Vers une musique libre…

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne ! Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU. GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux  [1]), c’est-à-dire, un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde. GNU est régi par une licence très particulière, la GNU General Public License, qui garantit à tous :

-  La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
-  La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).
-  La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).
-  La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).
 »

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent). Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit : lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant : le copyleft, ou copyright inversé. Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels (accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs), ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile. A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant) coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce  [2] et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans lequel s’élabore actuellement la Free Music Public License, héritière musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose. Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas une licence du même type pour la musique ? ». J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite en contact. Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL), le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique (on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique. Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises malhonnêtes telles que l’appropriation « commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL, celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la modification (arrangements différents, samples, interprétation différente, remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.) des œuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD : la copie licite ou copyleft. Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à 120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ; de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur, à l’oubli de tant d’œuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL. La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore, si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site. Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y exprimer sur la question, si elle vous intéresse. Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3 a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le consommateur-voleur. Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ? Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité ! Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ? Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs – nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un havane, Serge ? »). Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment, un paquet d’entre nous sont obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte. Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre, d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres : rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanes.

[1] Plus exactement, ce qu’on appelle une distribution Linux est en fait la combinaison du système d’exploitation Linux et d’une flopée d’utilitaires GNU conçus pour ce système (NDLR).

[2] Et beaucoup moins cher chez Ikarios, NDLR.

Ether-Michel Pillequant
Cet article a été publié dans le numéro de février 2001 de la Linha Imaginot dont je remercie les membres pour leur gentillesse ! Voir aussi :
-  musique-libre.com
-  vnatrc-bortch.org

Musique libre ? C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous !

Par Ether-Michel Pillequant

Sur le mode de la Gnu GPL, s’élabore la FMPL ou free music public license : Rico Da Halvarez, collaborateur et correspondant en France de Ram Samudralah et Ensor, parle.

Vers une musique libre…

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne !
Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU.
GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux
[1]), c’est-à-dire,
un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent
bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde. GNU est régi par une licence très particulière, la GNU
General Public License, qui garantit à tous :

  • La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
  • La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).
  • La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).
  • La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont
pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois
les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent).
Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit :
lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant :
le copyleft, ou copyright inversé.
Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement
le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand
nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme
les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels
(accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de
logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman
suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs),
ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile.
A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant)
coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce
[2]
et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour
rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des
logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que
le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans
lequel s’élabore actuellement la Free Music Public License, héritière
musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel
était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose.
Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus
longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par
hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas
une licence du même type pour la musique ? ».
J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce
sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres
mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de
l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite
en contact.
Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence
Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL),
le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur
de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la
musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la
musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique
(on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme
son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique.
Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises
malhonnêtes telles que l’appropriation
« commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté
aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre
copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à
respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de
joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier
informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les
nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre
est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL,
celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens
solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans
le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en
légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la
modification (arrangements différents, samples, interprétation différente,
remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.)
des oeuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le
musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité
pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD :
la copie licite ou copyleft.
Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le
vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à
120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous
de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ;
de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus
de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens
provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur,
à l’oubli de tant d’oeuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de
potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL.
La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001.
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires
sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore,
si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera
certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa
pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que
le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi
nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site.
Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de
Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux
qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y
exprimer sur la question, si elle vous intéresse.
Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des
responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé
des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3
a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le
consommateur-voleur.
Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ?
Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont
engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne
voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle
ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont
fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité !
Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens
techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ?
Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu
électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs –
nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le
contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un
havane, Serge ? »).
Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment,
un paquet d’entre nous sont
obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte.
Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre,
d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système
inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres :
rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanes.

[1] Plus exactement, ce qu’on appelle une distribution Linux est en fait
la combinaison du système d’exploitation Linux et d’une flopée d’utilitaires
GNU conçus pour ce système (NDLR).

[2] Et beaucoup moins cher chez Ikarios, NDLR.

Ether-Michel Pillequant

Cet article a été publié dans le numéro de février 2001 de la Linha Imaginot dont je remercie les membres pour leur gentillesse !
Voir aussi :

  • musique-libre.com
  • vnatrc-bortch.org