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Les licences libres ne suffisent pas !

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Ces dernières années, des actions localisées, éclatées, fébriles, ont enfanté une contestation amoureuse d’elle-même, une galaxie d’impatiences et d’impuissances, une succession de découragements

Serge Halimi, Stratégies pour une reconquête, Le Monde Diplomatique, Septembre 2013.

 

Cette citation de Serge Halimi s’inscrit dans un article qui vise à donner des pistes aux militants de tous poils pour mettre en place une action efficace pour rétablir un peu de justice dans ce bas monde. Or, il me semble que cette dernière  s’applique parfaitement au mouvement du libre. Malgré les fleurs que nous nous envoyons à longueur de forum, je constate année après année que les gens s’usent et se renfrognent faute de véritables victoires…

Les licences libres ne sont pas magiques…

J’ai longtemps cru au mythe fondateur du Libre : les licences libres allaient faire naître toute une panoplie de pratiques tellement fabuleuses qu’elles emporteraient dans un raz-de-marée les pratiques privatrices. Je nous croyais invincibles car, tel le virus, nous étions tenaces, mutants et contagieux !

Je n’ai jamais cessé une seul seconde de croire que le partage et la culture (du) libre allait améliorer les choses, et je m’émerveille tous les jours des prouesses des hackers et des partageux de tout pays. Cependant, il y a un aspect de mon conte de fée que j’ai dû remettre en question : les outils (juridiques, techniques, virtuels,…) que nous fabriquons ne sont pas magiques. Non seulement ils peuvent devenir inutiles si on s’en sert mal, mais ils peuvent aussi être utilisés contre nous !

Un(e) licence/logiciel/machine libre est un outil et rien de plus !

Cette introduction sonne comme un tas d’évidences et vous commencez peut-être à croire que je vous prends pour des buses ! Il n’en est rien, et si je prends la peine de poser tout ça par écrit, c’est bel et bien parce que la croyance que les licences libres se suffisent à elles mêmes est diablement tenace dans notre mouvement !

Certes, cet outil -comme tout outil- aura permis, par sa seule existence, des changements et des avancées significatives. Cependant -comme tout outil- il ne fera jamais rien de plus que ce qu’on lui fera faire !

Il y a beaucoup d’exemples d’outils fabuleux porteurs d’espoirs qui ont été vidés de leur sève. L’un d’entre eux se trouve d’ailleurs juste sous votre nez. Je parle bien entendu d’Internet !

Internet, porte en lui les germes de l’abolition des frontières, du partage sans limite, de la communication sans barrières… Cependant cela n’est pas si simple, car dès qu’un outil est potentiellement source de pouvoir (ou de perte de pouvoir), il devient source d’enjeux.

Or, bien qu’internet soit un espace virtuellement infini, nous constatons de plus en plus que ces enjeux ne peuvent pas coexister pacifiquement. C’est d’ailleurs pour cela que la Quadrature du Net, l’April ainsi que bien d’autres associations doivent se battre quotidiennement pour éviter que les pousses de liberté semées par les pionniers du net se retrouvent écrasées par un centre commercial virtuel géant.

De révolutionnaire à publicitaire il n’y a qu’un pas

Ce qui est vrai pour internet l’est tout autant pour les licences libres. Après avoir bossé 2 ans dans une boite qui vend de l’open-source, je puis vous affirmer que les quatre libertés fondamentales ne changent que très peu les pratiques quotidienne d’un éditeur de logiciel. Il s’agit d’un argument de vente efficace mais les relations fournisseurs/clients obéissent aux mêmes règles que celles d’un éditeur propriétaire. Il en va de même pour la culture :  récemment, la SACEM nous aura également prouvé qu’il suffisait d’un accord pour réduire les Creative Commons au rang de vulgaire objet promotionnel pour leurs sociétaires

Un outil doit servir un but et non l’inverse

Ces détournements des licences libres prouvent bien qu’un outil doit être un moyen et non une fin. Ça paraît relever du bon sens, mais force est de constater que les libristes affichent (pour la plupart) la diffusion des licences libre comme unique objectif ; il est très rare de voir des gens se questionner sur ce qui se passera après ( que faire si ça marche ? que faisons-nous si ça ne marche pas ?).

Or cela pose de nombreux problèmes :

  • Les débats se cristallisent sur les outils ce qui empêche toute mise en perspective ou élargissement (d’autant plus que de choisir un outil sans but est absurde… C’est comme choisir une mèche de perceuse sans savoir si le mur est en béton ou en bois)
  • De fausses dissensions apparaissent sur des détails faute de pouvoir prendre la hauteur pour constater que le débat est absurde (et si je vous disais que la clause NC et la clause SA peuvent servir le même objectif… )
  • Personne ne remarquera, ni qu’un outil obsolète ou inefficace, ni l’apparition d’un meilleur outil (ce qui revient à défendre mordicus votre mèche à bois, même après avoir en avoir usé 10cm sur un mur en béton – parce que vous comprenez, une mèche c’est cher et le magasin il est loin).

En d’autres termes, toute discussion de l’outil est confondue avec une discussion sur le but,  ce qui fausse complètement tout débat.  Pour filer ma métaphore de trou, c’est comme si vous disiez à votre collègue que sa mèche n’est pas bonne et qu’il vous rétorque  : « On a besoin de percer un trou là ! Si tu comptes m’en empêcher va-t-en tu ne m’aides pas ! ». L’objectif (percer un trou) et le moyen (la mèche) sont mêlés : la discussion est impossible.

En face, ils ne confondent pas…

A l’inverse, il est bon de noter que l’une des principales caractéristiques du capitalisme (il faut appeler un chat un chat) est de combiner un but infiniment simpliste (accumulation maximale de richesse) avec une absence totale d’état d’âme concernant les moyens. Lorsque les licences libres sont instrumentalisées par Google, il n’y a pas de tergiversation sur le but de ses dernières : ils s’en emparent tant qu’elles présentent un intérêt et les abandonneront du jour au lendemain quand ça cessera d’être le cas !

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Quels objectifs ? Le projet politique !

Pour les moyens, pas de soucis : on est bon ! On a des logiciels super, des juristes super, des machines super et plein d’idées géniales ! Bref, on a toutes les meilleures mèches de perceuse du monde (oui j’aime ma métaphore). Vous l’aurez compris le problème, c’est le but. Le but lointain, grand, beau et inatteignable vers lequel on veut aller, l’horizon pour lequel on se bat.  Or, là aussi il faut appeler un chat un chat : cela s’appelle un projet politique.

Qu’ouï-je ? Politique !?

(au vu des incompréhensions systématique du terme « politique », un aparté s’impose !)

La Politique est une magnifique idée. Cela consiste tout bêtement à se rendre compte que l’on n’est pas seul au monde et qu’il va falloir trouver des solutions communes avec les gens de son espèce dans le respect de son environnement (ce qui ressemble pas mal au Libre quand on y pense). Or, pour beaucoup de gens, la confusion est totale entre politique, politicien, parti politique… malheureusement, cela entraîne le plus souvent un rejet immédiat…

Or refuser le Politique revient implicitement à laisser les pleins pouvoirs aux professionnels de la politique (qui sont, sans surprise -depuis les années 80-  les premiers à entretenir une idée de fin de la politique et de fin des idéologies). Le principe d’une élite qui refuse que le bas peuple l’ampute de ses privilèges est quelque chose que l’on retrouve aussi dans le débat  musiciens amateurs vs professionnels.

C’est quoi le projet politique du libre, alors ?

Il n’y a pas un projet politique, mais des projets politiques !  Sauf que, vu que personne ne prend la peine d’identifier clairement ses buts, le mouvement du libre finit par ressembler à une galère où chaque rameur s’active dans une direction sans savoir où les autres veulent aller (et sans savoir trop où lui-même veut aller) ! Or, lorsque que personne ne rame à l’unisson, tout le monde s’épuise avec, en prime, la frustration de voir notre beau bateau emporté par le courant dominant.

Il serait grand temps d’arrêter de ramer n’importe comment et de savoir qui veut aller où ! Pour prendre un exemple extrême (mais réel) : certains voient le libre comme d’un outil de lutte contre le capitalisme tandis que d’autres y voient un moyen de booster la compétitivité des entreprises… Peut-être vaudrait-il mieux les mettre dans des bateaux différents, n’est-ce pas ?

Libristes vous voulez ramer vers où ?

Si vous faites du libre parce que vous trouvez ça pratique, c’est parfait ! Je ne dis pas qu’il faut tous qu’on se mette à rêver du grand soir ! Je pointe juste du doigt le fait que sans projets politiques – en parallèle des utilisateurs a-politiques- le mouvement du libre stagnera ou disparaîtra.

Un intérêt pour chaque initiative…

Si vous faites parti d’une initiative libre et que vous y êtes pour changer le monde -et pas seulement votre ordinateur (je sais qu’il y en a parmi vous)- il faut définir vers quoi vous allez. En effet, il y a fort à parier que vous avez déjà un projet politique tacite que vous partagez avec vos collègues mais que vous n’avez jamais pris la peine de formuler. Or, clairement identifier ses buts est tout bénef. Loin de « fermer » votre initiative, c’est tout l’inverse qu’il se passera :

  • Cela permet aux nouveaux venus de savoir s’ils se reconnaissent dans votre initiative (sans ça, ceux qui devaient partir partiront quand même… mais avec une perte d’énergie pour les deux partis)
  • Un but permet de cadrer les débats stériles (voir plus haut)
  • Contrairement à ce que vous pouvez penser, cela simplifie les compromis (il n’y a pas de suspicion de « trahison » si le compromis est clairement identifié comme une étape nécessaire entre la situation actuelle et le but)
  • Créer des liens forts (les liens basés sur des valeurs et des objectifs communs sont les plus solides qui soient)
  • Créer des liens en dehors du microcosme libriste (si vous avez de grands objectifs, ils dépassent forcément la sphère du libre et seront forcément partagés par d’autres dans d’autres domaines)
  • Avoir des actions plus larges (le libre n’est pas isolé du monde, ainsi des lois, des politiques économiques ou des normes culturelles peuvent faire infiniment plus de mal au Libre que des contraintes techniques – Ces grands obstacles sont insurmontables  si on ne partage pas le combat avec des acteurs hors libre)
  • Motivation ! (les combats du libre sont des combats de longue haleine où les victoires sont amenées à s’espacer. Si on ne sait pas vers quoi on marche difficile de se motiver…)

Et pour le Libre en général !

Comme dit plus haut, je n’ai aucun problème avec les mouvements a-politiques au sein du libre, il en faut. Cependant, si on veut qu’il reste des a-politiques qui s’enthousiasment  de tout ça, il faut aussi des éclaireurs qui veulent aller percer l’horizon pour ramener de nouveaux trésors.

Qui pour voguer à contre courant pour aller vers des contrées oubliées telle que l’égalitarisme ? L’économie du don? Vers l’écologisme numérique ? Le féminisme ?

 

Et Musique Libre ! alors ? prenons nous les rames ?

 

 

Newsletter 1er trimestre 2012

Rédacteurs : Gilles, Equilibre, Yza, Aisyk, Tumulte.

www.dogmazic.net

Dogmazic est un projet de l’association Musique Libre ! qui a pour but de créer une archive composée de créations musicales d’artistes ayant trait à la culture libre. Cette plate-forme se veut être un lien entre artistes et auditeurs afin de faciliter le partage d’œuvres placées sous une licence libre et ouverte permettant un échange légal des biens culturels.

Ce projet bénévole existe grâce à la contribution des adhérents de l’association et aux artistes déposant leurs œuvres sur la plate-forme. N’hésitez pas à nous rejoindre ou faire un don si l’envie vous en dit.
Bonne zic !

Sommaire

  • L’association Musique Libre ! vous souhaite une excellente année 2012
  • Une newsletter trimestrielle
  • Une nouvelle équipe aux commandes !
  • La SACEM utilisera les CC : libre attitude ou freewashing ?
  • La brève Dogmazic
  • Des nouvelles de Pragmazic
  • Développement de la V3 du site : c’est parti !
  • Rejoignez-nous !

L’association Musique Libre ! vous souhaite une excellente année 2012

Pour commencer, nous vous souhaitons tous nos meilleurs vœux pour cette année qui s’annonce mouvementée ! Nous sommes heureux de vous voir toujours plus nombreux à accorder de la valeur à la musique libre et à la culture libre, un partage sans égal des œuvres sur Internet (et dans la vie de tous les jours) permettant une diffusion culturelle jamais vue il y a de cela quelques années.

Pour les nouveaux venus, Dogmazic est un projet d’archive musicale de l’association Musique Libre ! Il vous permet de proposer vos créations musicales (dont les auteurs détiennent les droits) afin de créer un lieu de rencontre privilégié avec le public et de garantir la légalité de l’archive avec les licences libres et ouvertes.

La nouvelle année commence, et avec elle de nombreux projets. L’association Musique Libre !, qui a vu son équipe dirigeante totalement renouvelée lors de son Assemblée Générale Extraordinaire de novembre 2011, porte un projet. Celui de pérenniser, puis de faire évoluer cette idée d’une culture libre, par le biais de son site, Dogmazic.net, mais aussi par ses actions et prises de positions faisant évoluer les débats et les perceptions de chacun.

Une newsletter trimestrielle

La nouvelle orientation de l’association souhaite une plus grande participation de ses adhérents à l’élaboration de ses communiqués et de ses prises de positions. C’est pourquoi la lettre que vous lisez en ce moment a été rédigée conjointement par plusieurs mains, celles de l’équipe communication de l’association, composée d’Equilibre, Yza, Gilles, Aisyk et relue par le Bureau de l’association. Elle sera trimestrielle et a pour objet de vous informer de l’évolution de l’association, des événements liés à celle-ci, de ses besoins, de Dogmazic, de Pragmazic et de l’actualité qui touche de près ou de loin à la culture libre.

Une nouvelle équipe aux commandes !

L’association se divise désormais en équipes opérationnelles, qui permettent à tout adhérent qui le souhaite, d’investir un champ qui lui tient à cœur. De la modération, à la communication, de la technique et administration du site, au merchandising ou aux sélections de playlists, tout adhérent a la possibilité de venir nous filer un coup de main, pour partager ses envies et son enthousiasme. Le projet collectif est bien une priorité de l’association !

Voici les équipes opérationnelles décidées en AGE :
Dev / WebDogmazic V3, Technique, Fonctionnalités :

  • ORL
  • Dj3c1t
  • Shangri-L
  • Manu
  • Tumulte

Admin / Syst Dogmazic au quotidien, Sécurité des données/serveurs :

  • ORL
  • Jérôme
  • Olivier

Vie Asso Vie des listes, projets à faire, idées, dynamisation :

  • Aisyk
  • Equilibre
  • Incaudavenenum
  • Zeco
  • Decay

Communication de l’association par le biais de son site, newsletters…

  • Aisyk
  • Deep
  • Yzayza
  • Equilibre
  • Héloise

Modération Modération des archives, courriers, résolution de conflits :

  • Aisyk
  • Christophe E
  • Shangri-l
  • Zeco
  • Bituur
  • Boneshadow

Playlistes, Travail de sélection thématique des playlistes, animation du site :

  • Tumulte
  • Manu
  • Decay
  • Deep

Aide Juridique, Conseils pratico-pratiques en juridique et licences :

  • Christophe E
  • Aisyk
  • Organisation de spectacles, partenariats…
  • ORL
  • Marco
  • Héloise

Intervention / Action Politique, Représentation de l’association, courriers techniques et communications de l’association :

  • Christophe E
  • Rico
  • Bituur
  • Aisyk

Merchandising (T-Shirts, badges, boutique…) :

  • Equilibre
  • Shangri-l

La SACEM utilisera les CC : libre attitude ou freewashing ?

Creative Commons et la SACEM viennent de signer un accord par lequel la SACEM accepte que ses adhérents utilisent une des 3 licences Creative Commons clause NC (Non commercial). Cet accord valable depuis le 1er janvier 2012, remet gravement en cause la notion de libre diffusion portant sur ces licences Creative Commons clause NC.

Par exemple : lors de la fête d’une école, si les enfants entonnent en cœur le tube « bye bye M’sieur l’instit » du groupe « ch’ti tom » récemment inscrit à la SACEM, et déclaré auprès de celle-ci en CC-by-NC (Non Commerciale), ladite école devra payer la SACEM sans même avoir loué des chaises ou fait payer l’entrée. Le paiement de la redevance de la Sacem s’applique puisque cette dernière ne reconnaît pas les usages non commerciaux hors du cercle familial restreint.

Auparavant cet usage aurait été simplement considéré comme non commercial et pouvant totalement être exempté de redevance SACEM car les licences CC-by-NC reconnaissent des contextes non commerciaux. Mais en adhérant à la SACEM, les auteurs cèdent une grande partie de leurs droits et n’ont plus aucune possibilité de choisir et de lever la clause lors d’usages qu’ils considèrent comme non commerciaux.

Ce n’est qu’un exemple et nous pourrions en trouver bien d’autres, car la SACEM pose ses principes de perception de ses redevances sur le fait qu’un événement public doit payer la musique utilisée au même titre que l’électricité ou l’eau. Résultat : des événements a priori « non commerciaux » (à but non lucratif) sont considérés comme commerciaux par la SACEM.

Ajoutons à cela l’exception pour « usages mixtes » pour lesquels la SACEM ne veut pas s’embêter à faire le tri entre les titres en licence CC clause NC et les autres titres de son répertoire. Là encore l’usage des titres pourtant en licence ouverte, sera considéré comme commercial.

Enfin, les auteurs sociétaires de la SACEM ne pourront pas publier leurs œuvres avec les licences Creative Commons acceptées par la SACEM sur des sites acceptant les dons, ou des publicités. Selon cette clause, impossible de faire circuler un chapeau à la fin d’un spectacle de rue. Ne sont pas autorisées : « Toute utilisation d’une œuvre donnant lieu à une contrepartie, financière ou autre, sous quelque forme, à quelque titre et pour quelque motif que ce soit et quel qu’en soit le bénéficiaire ».

Au final peu d’usages publics rentreront réellement dans le cadre « non commercial ». On est en droit de se demander pourquoi choisir de telles licences si ce n’est pour entretenir une illusion de « libre attitude » ou opérer une sorte de « freewashing ».

On est surtout en droit de se demander pourquoi Creative Commons a signé cet accord et cédé aux exigences de la SACEM en acceptant cette définition ultra-restrictive de ce qui est « non commercial ».

C’est tout cela que l’association et le collectif RSR dénoncent par ce communiqué :
https://musique-libre.org/2012/01/a-propos-de-l%e2%80%99experience-sacem-creative-commons

Si vous souhaitez vous joindre à notre mécontentement vous pouvez apposer votre signature ici : http://www.revolutionsoundrecords.org/index.php?e=page&id=957

La brève Dogmazic

Du coté de Dogmazic, un petit hack qui ajoute des publicités pour bien commencer l’année, ceci a été très vite géré du coté de notre nouvelle équipe d’administrateurs système. Le site est sans publicités. S’il y en a, c’est un mauvais plaisantin qui tient à nous faire perdre notre temps, qui nous est précieux.

Au niveau de la communication interne de l’association, souvent critiquée, nous sommes en train de mettre en place des listes de diffusion. Cela nous permettra de communiquer directement entre nous et laisser une trace du travail effectué, question de transparence.
Du nouveau également du coté de la future version de Dogmazic, la fameuse « v3 », pour laquelle un forum a été spécialement ouvert. Ce forum a pour objet de recueillir toutes les idées, envies et autres doléances afin qu’elles soient débattues et intégrées au futur site de Dogmazic. Votre aide est, comme toujours, la bienvenue. N’hésitez pas également à faire valoir vos compétences ou simplement venir donner votre avis.

Toutes les infos pour y accéder ici: http://www.dogmazic.net/modules.php?ModPath=phpBB2&ModStart=viewtopic&t=6711&t=6711&sid=58a8f185c08d08619435a351272cfb35&npds=0

Autrement l’archive fonctionne, tout va bien !

Des nouvelles de Pragmazic

Pragmazic, la société sœur du projet Dogmazic édite des bornes de musique libre avec l’archive musicale. Elles permettent d’écouter et de télécharger sur un baladeur audio toutes les œuvres souhaitées. Grâce à leur écran tactile, leurs écouteurs et leur forme à l’effigie de l’autruche de Dogmazic, ces bornes en accès libre font la une des médiathèques !

Toutes nos félicitations à nos complices de Pragmazic qui au deuxième semestre 2011 ont conquit 3 départements (Loir-et-Cher, Côte d’or et Finistère) ainsi qu’une seconde borne en Gironde à Gradignan et ont distribué pas moins de 8 bornes Minimazic Duo !

Rejoignez-nous !

Comme beaucoup d’associations, nous faisons appel à vous pour participer humainement ou financièrement aux différents projets lancés par Musique Libre ! C’est pourquoi, nous vous invitons à nous rejoindre, soit sur le forum de Dogmazic, soit en devenant adhérent de l’association ou simplement en faisant un don pour financer l’infrastructure (serveurs, noms de domaine, frais divers).

Si un événement concernant le libre se déroule dans votre région n’hésitez pas à nous le faire savoir afin que nous puissions relayer l’information. Le blog de l’association va aussi servir à cela dorénavant.

Bonne zic !

Lettre Ouverte au sujet de la mission Zelnik

Monsieur le Président de la République,

Vous avez rappelé lors de vos vœux au monde de la culture votre volonté de protéger les œuvres et les artistes ; vous avez exprimé votre bienveillance toute particulière à leur égard.

Cette bienveillance ne peut pas être orientée seulement auprès de ceux qui se revendiquent appartenir à la « filière musicale » ; Au regard du droit d’auteur, chaque citoyen pratiquant un art, naïf ou pertinent, peut disposer des droits de toute cession sur ce qu’il crée et produit.

Cela est particulièrement vrai à l’heure où Internet permet techniquement de diffuser ses œuvres ; cela demande aujourd’hui à la société de s’adapter à ce média qui ne peut plus être discriminatoire.

Parce que nous avons la conviction que cette question doit être centrale, nous comptons sur votre bienveillance pour rappeler le droit pour chacun de pratiquer les arts et de participer à la vie culturelle de son pays ; et plus particulièrement à l’heure du bouleversement numérique.

Nous comptons aussi sur vos actions pour rappeler les valeurs auxquelles nous sommes tous attachés.

Continuer la lecture de Lettre Ouverte au sujet de la mission Zelnik

L.A. 2013, une compilation de soutien à Dogmazic.

L.A. 2013, une compilation de soutien à Dogmazic.

par l’association Taenia Solium [avril 2009]

 »L.A. 2013 », une compilation de soutien au site Dogmazic.net et à l’association Musique Libre. C’est une cassette 13 titres tirée à 300 exemplaires avec pochette sérigraphiée et livret, diffusée à prix libre. Les bénéfices iront soutenir Dogmazic, site de téléchargement gratuit et légal de musiques placées sous licences ouvertes (copyleft).
Cette cassette est disponible auprès des groupes, dans différentes distros et en envoyant un peu d’argent et un mot gentil à notre adresse. Si vous souhaitez la diffuser, contactez-nous.
La compilation est sur la page disques. Ci-dessous, plus de détails.
A bientôt.

FACE A 1. Le Temps des Mobylettes – Laws of destiny /// 2. Dure-Mère – Quien La Mato A Lulu /// 3. Sex Drugs & Rebetiko – Kaigomai /// 4. Fast Arbeit Babies – Nécromancie /// 5. Revengers – N’être humaine /// 6. Unhinged – Personne ne sourit plus FACE B 1. Stanok’n’roll – 4 minutes mortelles /// 2. No Shangsa – Running on mars /// 3. Parpaing – 35 mm /// 4. Scarb – Génisse matrice /// 5. Headwar – Sick Mr /// 6. Marylin Rambo – Bouine Bouine /// 7. Louise Mitchels – Massilia Sauce Guindou

Pour les férus de propriété intellectuelle, voici les licences des morceaux (les utilisations pour lesquelles vous avez l’accord explicite des auteur-e-s) : ici pour Dure-Mère, Scarb, Stanok, No Shangsa, pour les Louise Mitchels et pour Unhinged. Pour Sex Drugs & Rebetiko, Marylin Rambo, Headwar, Parpaing c’est ici, mais pour Le Temps des Mobylettes ça se passe . Enfin, c’est ici pour les Fast Arbeit Babies et pour Ze Revengers.

Pour la commander :

Taenia Solium
10 rue Yves Farge
38600 Fontaine
taenia-solium.net

Une compile K7.
Depuis que l’association taenia solium édite des disques, on a toujours cherché à subvertir les règles du commerce. Comment faire circuler des objets qui ne sont pas des marchandises? On a tenté plusieurs manières : compilations gratuites, disques à prix libre. Aucun de nos disques n’est soumis au copyright classique : la musique est faite pour circuler. C’est donc logiquement qu’on a mis tous les morceaux de nos disques en téléchargement gratuit sur taenia-solium.net et dogmazic.net. Légal, gratuit, associatif, militant : le téléchargement sur Dogmazic est une bonne alternative au réseau social-commercial Myspace.
Mais nous ne sommes pas un ‘net label’. L’existence d’objets physiques qu’on peut prêter, donner ou perdre est très importante pour nous, et nous prenons grand plaisir à fabriquer nous-même les pochettes en nous mettant de l’encre sur les doigts, et à donner ces disques à nos amis ou à des inconnus. Le numérique permet la copie à l’infini sans perte de qualité, mais l’aspect abondance du téléchargement est aussi plein d’effets pervers. On se souviendra toute notre vie du vinyle que notre grande soeur nous a offert à 12 ans, alors qu’un mp3 parmi 25000 autres est vite oublié. Les cadeaux dématérialisés, copiés en 1/4 de seconde ont sûrement moins de valeur qu’un bon vieux bout de plastique et de carton emballé dans du papier-cadeau à fleurs. Sans parler que sous l’image idyllique qui présente internet comme synonyme de Liberté, et le téléchargement comme la transmission planétaire de toute notre production ârtistique, Internet est un réseau farci à la pub, où Big Brother is also downloading you, et où la richesse cesse d’exister sur simple caprice : demain mon disque dur meurt, et les 15 giga de musique que j’avais dessus aussi. Alors je me rabattrais sur mes vinyles, mes cassettes et mes disques!
Bref, nous sommes un peu défiants quant à la dématérialisation de la musique… mais nous sommes sur Dogmazic. Alors une manière que nous avons trouvé de soutenir l’action de Dogmazic et de l’association Musique Libre !, c’est d’éditer cette compilation paradoxale. Une compilation de soutien car même si Dogmazic c’est gratuit ça coûte des sous pour l’entretien et la bande passante (environ 650 euros par mois), et au lieu d’agir en simple consommateur de truc gratuit, et bien là on participe, on soutient.
Une bonne vieille cassette. Analogique. Avec une pochette et un livret. Qui pourra fondre au soleil. Qu’on peut mettre dans un autoradio. Qu’on peut offrir à ses parents. Un bout de plastique fabriqué à Lyon, une pochette imprimée à Grenoble. Un objet vrai dans mes mains, avec du vrai son, pas du mp3 qui supprime une fréquence sur deux sous prétexte que mon oreille fait pas la différence (mais mon coeur si!). En plus si ‘le cd c’est dépassé’ alors la cassette plus personne ne s’en souvient ! Pourtant la cassette c’est bien, c’est solide et ça ne saute pas dans mon vieux camion sur les petites routes. Et enfin une cassette ça à deux faces, pour fabriquer une ambiance de compil, ça change tout !
Finalement, c’est un beau paradoxe de ressortir ce format du passé pour soutenir une association technophile.

Prix Libre ?
Cette cassette coûte environ un euro à la production. 300 exemplaires : 300 euros avancés par taenia solium. Au dessus de 1 euros, les sous sont reversés en soutien à Dogmazic. On s’est dit que ça serait pas mal du coup de vendre cette cassette 3 euros ou 4 euros, peut-être 5. Puis on s’est dit, démerdez vous, soutenez comme vous voulez et pouvez, on ne va pas encore vous imposer un truc! On vend donc cette cassette à prix libre, et les sous récoltés iront dans les caisses de Musique Libre pour continuer l’aventure.

Licences libres et temps de cerveau disponible.
Les licences libres, on peut s’en foutre royalement, soit parce qu’on préfère adhérer à la sacem et assumer la propriété intellectuelle (ainsi que de financer les boites de disques), soit parce qu’on s’en fout de la légalité et que la liberté d’une œuvre n’attend pas l’autorisation de ceux qui font des lois. Quand on est dans ce deuxième cas, il peut arriver qu’en se réveillant un matin on aille sur intenet et qu’on trouve ses morceaux sur un site qui fait du pognon et de la merde. On s’en fout moins d’un coup. Le but n’est pas tant de savoir si les licences libres sont  » la solution  » à un système commercial liberticide, mais de faire des choix : entre partage universel et lutte contre la récupération, entre gratuité désintéressée et gratuité qui permet de rendre ton cerveau disponible à la pub, entre donner ta musique à des mercenaire du Web 2.0 ou la mettre à disposition sur un site où il y a une charte et une éthique claire. Qui a dit que mettre ses morceaux en téléchargement était plus simple que de faire un disque ou une cassette ? En tout cas, ça vaut le coup de soutenir des gens qui font qu’on a encore le choix, comme Dogmazic.

Punk et cie ?

Le choix des groupes qui sont sur cette compilation s’est fait un soir de réunion au vin rouge chez Romain suite à une discussion monumentale sur Los Angeles 2013, et un débat sur son sens profond. Autrement dit on n’a pas tergiversé pour savoir si les groupes qu’on avait envie de mettre c’était du punk ou pas (il paraît que le punk c’est dans ton coeur pas sur ta tête) si c’était uniquement des gens d’un même mouvement ou d’une même famille. En général ces groupes ne recherchent pas la professionnalisation, vendent leur disques pour trois cacahuètes quand ils ne les donnent pas, traversent l’Europe (et même plus) pour un micro-défraiment. Ils évoluent dans les circuits do-it-yourself (alias fais le toi-même ton concert ton disque ton bar ta sécu etc.), Et ça leur plaît, oui, oui, et à nous aussi. Tous les groupes de cette compile ont une page sur Dogmazic.

Los Angeles 2013.

Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) est un film américain réalisé par John Carpenter, sorti en 1996. Le débat est donc lancé, film de merde ou film culte ? Pour ma part j’ai un faible pour les films de SF des années 80/90 avec des héros un brin loosers, genre Johnny Mnemonic ou Madmax, alors à Los Angeles 2013, je dis oui !
Mais quel rapport avec cette cassette me direz-vous ?
Et bien c’est simple. Je crois qu’il est possible et même probable que nous voyons de nos yeux le déclin de cette débauche de technologie qui sert d’arme au quotidien. Plus d’internet, plus de satellite, plus de portable donc, ton disque dur te fait un joli serre livre, et là, tu t’aperçoit d’un coup, que t’as plus d’amis parce qu’il étaient sur Faceback et Meetoc, t’as plus de musique car tes 1230 morceaux étaient sur ton i-truc et qu’il marche plus, t’as plus de photos, t’as plus de lettres, etc. Le mot ‘virtuel’ prend donc tout son sens et le mot ‘réalité’ qui lui est juxtaposé parait bien décalé tout d’un coup. La jolie réalité, avec un brin d’indépendance dans le mode de fabrication, un petit objet d’une richesse incroyable qui peut aller de ma main à ta main… Allez Snake, fait plaisir à l’incroyable romantique obscurantiste que je suis, tape 666… et bienvenue chez les humains !

Merci aux groupes, à Olive pour le mastering et à Sylvain pour le lapin.

Association taenia solium, avril 2009.

Vers une musique libre…

C’est possible, on y travaille, rejoignez-nous !
Publié le mardi 29 mai 2001, sur le site uZine.net
par Ether-Michel Pillequant

Sur le mode de la Gnu GPL, s’élabore la FMPL ou free music public license : Rico Da Halvarez, collaborateur et correspondant en France de Ram Samudralah et Ensor, parle.

Vers une musique libre…

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne ! Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU. GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux  [1]), c’est-à-dire, un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde. GNU est régi par une licence très particulière, la GNU General Public License, qui garantit à tous :

-  La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
-  La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).
-  La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).
-  La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).
 »

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent). Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit : lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant : le copyleft, ou copyright inversé. Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels (accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs), ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile. A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant) coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce  [2] et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans lequel s’élabore actuellement la Free Music Public License, héritière musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose. Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas une licence du même type pour la musique ? ». J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite en contact. Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL), le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique (on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique. Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises malhonnêtes telles que l’appropriation « commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL, celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la modification (arrangements différents, samples, interprétation différente, remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.) des œuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD : la copie licite ou copyleft. Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à 120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ; de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur, à l’oubli de tant d’œuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL. La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore, si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site. Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y exprimer sur la question, si elle vous intéresse. Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3 a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le consommateur-voleur. Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ? Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité ! Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ? Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs – nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un havane, Serge ? »). Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment, un paquet d’entre nous sont obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte. Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre, d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres : rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanes.

[1] Plus exactement, ce qu’on appelle une distribution Linux est en fait la combinaison du système d’exploitation Linux et d’une flopée d’utilitaires GNU conçus pour ce système (NDLR).

[2] Et beaucoup moins cher chez Ikarios, NDLR.

Ether-Michel Pillequant
Cet article a été publié dans le numéro de février 2001 de la Linha Imaginot dont je remercie les membres pour leur gentillesse ! Voir aussi :
-  musique-libre.com
-  vnatrc-bortch.org