Éditorial de mars 2018 de linuxmao.org

Éditos

Alors, les romains avaient fait de Mars leur dieu de la guerre.
Il était fils de Jupiter. Pas le nôtre, de Jupiter, mais l’original !
Sa mère, Junon, s’était débrouillée pour enfanter du petit guerrier sans avoir eu de rapport charnel avec son époux. Il faut dire qu’il l’avait agacée à propos des origines de leur fille, Minerve, dont la mère biologique était une nymphe de passage.
Une fleur magique aurait finalement fécondé Junon, sur les conseils de Flore… la bien nommée !
Et voilà Mars scintillant dans les mythologies, au sein de notre calendrier, dans la ronde des planètes les plus illustres (avec ou sans les moustiques de monsieur Bowie) ainsi qu’au firmament des barres chocolatées.
Comme quoi la vraisemblance n’est pas la garantie du succès, hormis sur linuxmao, où tout demeure tangible et vérifiable…

 

Quoi de neuf ?

Depuis la parution du dernier éditorial, nous ont rejoint : rojo, Ignorante, OlivSteelPan, horsdelacage, ohedidonc, TX230, tonyhifipro, garmin, Echo1, mzf, Maharmouzet, minou, ssachot, Widmir, MatM, jlcord, Psychogay, anais, omalley, Abdelaid, surian, tiseon, javez846, Tetard.48, sergey, Dubistor, VoiceOverTroubledWater, Leo Philippon, Oa, TanjTelbi, eleonore, Motokiyo, jmbnet, dubuiss, smart’S, Hachesse.
Bienvenue à vous toutes et tous !

Musique sur linuxmao

Les votes sont toujours ouverts pour la joute n°13, venez écouter les morceaux des participants et laisser vos commentaires Image .

Quelques productions autonomes ont été partagées dans la section de forum dédiée à cela :

 

Musique libre en dehors de linuxmao

Liste de lecture des nouveautés pour le mois de Février 2017 chez les copains de DogmazicImage .

Nouveautés sur LinuxMao

Des chiffres :

Le nombre de visiteurs uniques du mois d’octobre 2017 est de 32779. linuxmao.org, c’est à ce jour, 6335 utilisateurs inscrits, 2289 « pages de documentation », les > 84800 messages dans les « forums », et d’autres fioritures.

D’autre part, nous avons eu 36 nouvelles inscriptions depuis la rédaction du dernier éditorial du site c’est à dire en 28 jours.

Nouvelles pages :

Coté administration :

Comme pour le mois de Janvier 2018, le train-train habituel de modération des forums et d’entretien du site. La page Spencer Jackson a été intégrée dans la structure du Portail Développer. L’hibernation se passe bien, on attend les premiers miels de printemps tranquillement. Grouha !

Samuel, en phase intense de création et d’enregistrement, préfère se retirer de l’équipe d’administration.
Il continuera, nous assure-t-il, à participer à la vie des forums, ainsi qu’il le fait régulièrement depuis dix ans.
Merci, Samuel, pour tout le travail accompli et heureux de toujours te compter parmi nous, administrateur ou pas !

Coté logiciel sur LinuxMAO

 

 

Coté logiciel en dehors de LinuxMAO

Depuis la publication du dernier éditorial, olinuxx, r1 et Houston4444 ont relevé les mises-à-jour suivantes :

 

Post scriptum

Merci à sub26nico, allany, r1 et olinuxx pour l’écriture de cet édito, et on se retrouve le mois prochain pour une revue de l’actualité du mois écoulé !

 

 

PS : article originel sur linuxmao.org

Chronique – Escape From The Dying Star


CC by-nc-nd 2.5

Voici un album que j’écoute régulièrement depuis plusieurs années (2010 pour être précis). C’est un album d’électro métal instrumental contenant 10 titres, dont une intro et un remix, datant de 2009.

On y retrouve des tempos relevés avec les riffs mono-note typiques, agrémenté de breaks mid-tempo et de synthés qui tachent sur les refrains. Un morceau comme « Dead End » est tout à fait représentatif, si vous ne deviez en écouter qu’un ça serait sans doute celui-là, il procure en effet un fort bon sentiment d’élévation. Le reste de Escape From The Dying Star vous pousse en avant de la même manière, à coup de rythmiques jungle, de diverses syncopes et de plans mélodiques. Bref vous l’aurez compris il y a un peu de tout, c’est globalement assez in-your-face (à l’exception d’un ou deux titres), et diablement efficace !

S’il y a un reproche à faire à cet album, c’est bien la prod un peu trop clean et synthétique qui en ressort, cela se ressent particulièrement sur la batterie, qui malgré le travail évident reste un peu froide. Un morceau comme « The Gathering », proche d’un groupe comme Red Harvest, sur lequel il y a énormément de jeux de toms aurait vraiment bénéficié d’une vraie batterie. Surtout que la section rythmique est vraiment classique du métal : guitare-basse-batterie, sans fioriture électro sur le kick ou la caisse claire.

L’album file d’une traite, les morceaux sont variés, catchy et amples, tout ce qu’on aime dans ce style !

Un petit mot du remix du titre éponyme par Technomancer, il s’agit d’un remix techno, il est donc relativement plus répétitif que le morceau d’origine. Il propose un déroulement de très bonne facture et d’excellentes parties, même s’il est aussi très long (plus de 8 minutes!), on est donc pas fâché que ça s’arrête à un moment donné. Surtout bien sur si dans l’électro métal c’est le métal que vous préférez.

Espérons donc que Laho, nous sorte un jour la suite de cet excellent album !

Bandcamp
Lien Dogmazic

Résumé des nouveautés dans LibraZiK-2 depuis fin janvier 2018

LibraZiK studio audio est (toujours) un système audio‐numérique complet et libre pour les ouvrages musicaux. LibraZiK est un projet qui a pour objectif de fournir un système robuste, prêt à l’emploi et avec une documentation à jour, aux francophones souhaitant faire de la musique assistée par ordinateur (MAO).

Logo LibraZik

Un mois est passé depuis le résumé des nouveautés dans LibraZiK-2 depuis fin décembre 2017 publié sur musique-libre.org. Je vous propose dans cette nouvelle de survoler un peu les évolutions ayant eu lieu dans LibraZiK-2.

Mises à jour

Nouveaux logiciels

Digital-Scratch

Digital-Scratch est un lecteur audio piloté par une platine vinyle. Il nécessite un disque vinyle time-codé comme un disque Serato, FinalScratch ou Mixvibes.
Digital-Scratch - présentation

Solfege

Solfege est un programme d’entraînement de l’oreille avec lequel il est possible de travailler les intervalles harmoniques et mélodiques, les accords, les gammes et les rythmes, et d’ajouter de nouveaux exercices à l’aide d’un simple fichier au format texte.
Solfege - présentation

TapeuTape

Tapeutape est un échantillonneur virtuel au format WAV contrôlable par MIDI et qui est hautement configurable et permet de créer des instruments, des kits, des ensembles, des variations. Il est conçu pour les performances en live.
Tapeutape - présentation

Blop-LV2

L’ensemble de greffons Blop-lv2, greffons BLOP qui étaient déjà présents en format LADSPA, et qui arrivent également au format LV2.

Raysession

Ray-session est un gestionnaire de session compatible NSM. Il est codé par houston4444, un membre de linuxmao.org, bravo à lui !

Fabla-2

Fabla2 est un échantillonneur avancé possédant de multiples couches, banques, pads, effets intégrés, et routage, qui n’est pas encore sorti officiellement car il est encore en phase bêta. Il est une réécriture (avec la volonté d’en faire un échantillonneur plus généraliste) de Fabla qui est un échantillonneur spécialisé pour la batterie.
Fabla2 - présentation

Distrho-extra

Distrho-extra est un ensemble de greffons qui apporte plusieurs nouveaux greffons au format LV2 :

  • radium-compressor, un très chouette compresseur qui était déjà présent dans LibraZiK-2 en tant que logiciel autonome mais qui arrive maintenant en tant que greffon LV2
  • Argotlunar2, un broyeur de son plutôt avancé
  • LUA protoplug, un outil permettant de scripter en live des greffons en langage LUA
  • Pd Pulp, un outil permettant de charger des patches pure-data en tant que greffon LV2 Distrho-extra - présentation

Mes nouvelles traductions

(note : toutes ces traductions ont été envoyées en amont pour qu’elles profitent à tout le monde)

Logiciels spécialisés en musique assistée par ordinateur (MAO)

  • complément de traduction pour le gestionnaire de paquet Synaptic ;
  • mise à jour de la traduction du tracker Tutka pour sa nouvelle version ;
  • mise à jour de la traduction de Qtractor ;
  • améliorations de la traduction de Ray-session.

Autres (utilisés par le projet LibraZiK)

Autres (pas utilisés par le projet LibraZiK)

  • traduction complète de nm-tray ;
  • contributions à la traduction du logiciel cagette ;
  • contributions à la traduction de hunspell.

Documentation

Sur la toile

La page DON a été mise à jour. Le projet LibraZiK possède maintenant une page Liberapay pour que ce soit plus logique pour les personnes souhaitant donner. Les dons réalisés sur la page LibraZiK de Liberapay sont automatiquement reversés sur mon compte perso (trebmuh). J’en ai profité pour mettre à jour de ma page perso sur Liberapay en y ajoutant plusieurs logiciels que je traduis.

Un avis (plutôt positif, chouette !) a été déposé sur la page LibraZiK-2 chez audiofanzine. Merci à son rédacteur, ça fait plaisir de savoir que c’est une affaire qui roule pour lui !

Flouze

Il y a maintenant 8 mécènes réalisant un don récurrent sur Liberapay pour un total de 8€ et des brouettes par semaine. C’est chouette car ça veut dire que 8 personnes on fait l’effort de s’ouvrir un compte sur liberapay, de le charger en monnaie, et d’effectuer un don hebdomadaire pour le boulot fait sur LibraZiK. Merci à elles et eux ! Puissiez-vous faire des émules ! D’autres types de dons (comme du matériel informatique par exemple) sont les bienvenus et vous pouvez lire la page DON à ce sujet.

Post‐scriptum

Et c’est tout bon pour un résumé des principales nouveautés de ce mois-ci. Si vous souhaitez davantage d’informations, vous êtes invités à consulter les différents billets du blogue qui comprennent plusse de détail, et aussi lire la documentation du projet.

Bonne Zik à vous !

 

Des liens et des liens…

Le mouvement des cultures libres est plus grand qu’on ne le croit, et encore, nous n’avons ici qu’un bout du bout de la pointe du sommet de l’iceberg…

Des collectifs à la pelle…

netlabels et collectifs
On est là !!!

On me demande parfois « mais où sont les artistes, les collectifs, tu peux m’en citer quelques uns ? » Vous savez quoi ? Sur le blog ! Non, pas forcément dans les articles qu’on publie, enfin, si mais ce sont des coups de cœur, des albums qu’on a remarqué, des univers qu’on souhaite vous faire partager, d’ailleurs pas forcément présents sur Dogmazic aussi… Mais beaucoup de nos découvertes musicales se font grâce aussi aux liens que nous avons sur notre blog, oui ceux-là même, à gauche, intitulés « Musiques Libres ! » ou « Netlabels et Collectifs ».

Car oui, il y en a plein, des tonnes, des univers totalement différents (de la pop indonésienne de Kanal30 à l’ambient sud-américaine du LaBel Netlabel)…

Découvrez et faites-nous découvrir !

Bonnes découvertes, et si l’envie vous prend de nous faire découvrir à votre tour des pépites, n’hésitez pas à nous en parler sur le forum ou sur IRC (chat en direct), nous nous ferons un plaisir de vous publier !

Chronique – Naskigo



CC by-nc-sa 4.0

Dernière publication en date sur le site, Naskigo, par 6klop, est un court album d’électro-baroque de 7 titres pour environ 35 min de musique.

Le titre éponyme est orienté ambient-baroque, avec l’usage d’instruments classiques, là où le second : « Kalai », surprend par sa rythmique drum’n bass. Ces deux morceaux donnent une image assez claire de la musique de 6klop : des nappes planantes, parfois inquiétantes ou bruitistes, cohabitent avec des sonorités plus douces de cors, de violon ou de contrebasse.

Les morceaux décrivent des paysages assez complexe, fourmillant de détails, un joli travail d’orfèvre, comme le développement de « Mir » : sa caisse claire frottée et sa basse inversée. À la limite des larsens, le son y glisse doucement vers l’industriel, mais sans jamais n’être agressif ou brutal.Ça rappelle un peu un groupe comme Orka, si certains connaissent…

L’album se termine sur deux titres : « Crane » et « Spectre ». Le premier est plus répétitif. Ils proposent leur lot de surprises (les claviers sur l’intro de « Spectre »), ainsi que de beaux chevauchements rythmiques.

Naskigo est définitivement très visuel, il fait venir très facilement images et sensations à l’auditeur. Il n’y a nul doute qu’il puisse aussi aisément servir d’accompagnement pour d’autres arts. Les morceaux « simples » côtoient les compositions plus complexes, cela ne présage que du bon pour le prochain, si prochain il y a !

Lien Dogmazic

Déclaration d’indépendance du Cyberespace

Parce qu’en ce jour, John Perry BARLOW est décédé à l’âge de 70 ans et que ses apports sont immenses (archive.org, EFF, Grateful Dead…), voici la Déclaration d’indépendance du Cyberespace qu’il a écrite en 1996.

Texte original sur le site web de l’EFF, 9 février 1996. Traduction : Hache, février 1996

Hier, l’autre grand invertébré à la Maison Blanche a signé le Telecom « Reform » Act of 1996, tandis que Tipper Gore prenait des photos numériques de l’événement pour les inclure dans un livre appelé 24 heures dans le Cyberespace [24 Hours in Cyberspace].

On m’avait aussi demandé de participer à la création de ce livre en écrivant quelque chose d’approprié à la circonstance. Étant donné l’horreur que serait cette législation pour l’Internet, j’ai jugé que le moment était bien choisi pour faire acte de résistance.

Après tout, le Telecom « Reform » Act, qui est passé au Sénat avec seulement 4 votes contre, rend illégal, et punissable d’une amende de 250 000 dollars, de dire « shit » en ligne. Comme de dire l’un des 7 mots interdits dans les médias de diffusion grand public. Ou de discuter l’avortement d’une façon ouverte. Ou de parler des fonctions physiques autrement que dans des termes purement cliniques.

Cette législation cherche à imposer des contraintes sur la conversation dans le Cyberespace plus fortes que celles qui existent aujourd’hui dans la cafétéria du Sénat, où j’ai entendu des indécences colorées dites par des sénateurs des États-Unis à chaque fois que j’y ai dîné.

Cette loi a été mise en oeuvre contre nous par des gens qui n’ont pas la moindre idée de qui nous sommes, ni où notre conversation est conduite. C’est, comme l’a dit mon ami et rédacteur en chef de Wired Louis Rosseto, comme si « les analphabètes pouvaient vous dire quoi lire ».

Eh bien, qu’ils aillent se faire foutre.

Ou, de façon plus pertinente, prenons maintenant congé d’eux. Ils ont déclaré la guerre au Réseau. Montrons-leur combien rusés, déroutants et puissants nous pouvons être pour nous défendre.

J’ai écrit quelque chose (avec toute la pompe appropriée) qui je l’espère deviendra un des moyens dans ce but. Si vous le trouvez utile, j’espère que vous le ferez passer aussi largement que possible. Vous pouvez omettre mon nom si vous voulez, parce que je ne me soucie pas qu’on me crédite du texte. Vraiment pas.

Mais ce que j’espère, c’est que ce cri trouvera un écho dans le Réseau, changeant et croissant et se multipliant, jusqu’à devenir un grand hurlement égal au crétinisme qui vient de nous être infligé.

Voici donc…

Déclaration d’indépendance du Cyberespace

Seule l’erreur a besoin du soutien du gouvernement. La vérité peut se débrouiller toute seule.
—Thomas Jefferson, Notes on Virginia

Gouvernements du monde industriel, vous géants fatigués de chair et d’acier, je viens du Cyberespace, le nouveau domicile de l’esprit. Au nom du futur, je vous demande à vous du passé de nous laisser tranquilles. Vous n’êtes pas les bienvenus parmi nous. Vous n’avez pas de souveraineté où nous nous rassemblons.

Nous n’avons pas de gouvernement élu, et il est improbable que nous en ayons un jour, aussi je ne m’adresse à vous avec aucune autre autorité que celle avec laquelle la liberté s’exprime. Je déclare l’espace social global que nous construisons naturellement indépendant des tyrannies que vous cherchez à nous imposer. Vous n’avez aucun droit moral de dicter chez nous votre loi et vous ne possédez aucun moyen de nous contraindre que nous ayons à redouter.

Les gouvernements tiennent leur juste pouvoir du consentement de ceux qu’ils gouvernent. Vous n’avez ni sollicité ni reçu le nôtre. Nous ne vous avons pas invités. Vous ne nous connaissez pas, et vous ne connaissez pas notre monde. Le Cyberespace ne se situe pas dans vos frontières. Ne pensez pas que vous pouvez le construire, comme si c’était un projet de construction publique. Vous ne le pouvez pas. C’est un produit naturel, et il croît par notre action collective.

Vous n’avez pas participé à notre grande conversation, vous n’avez pas non plus créé la richesse de notre marché. Vous ne connaissez pas notre culture, notre éthique, ni les règles tacites qui suscitent plus d’ordre que ce qui pourrait être obtenu par aucune de vos ingérences.

Vous prétendez qu’il y a chez nous des problèmes que vous devez résoudre. Vous utilisez ce prétexte pour envahir notre enceinte. Beaucoup de ces problèmes n’existent pas. Où il y a des conflits réels, où des dommages sont injustement causés, nous les identifierons et les traiterons avec nos propres moyens. Nous sommes en train de former notre propre Contrat Social. Cette manière de gouverner émergera selon les conditions de notre monde, pas du vôtre. Notre monde est différent.

Le Cyberespace est fait de transactions, de relations, et de la pensée elle-même, formant comme une onde stationnaire dans la toile de nos communications. Notre monde est à la fois partout et nulle part, mais il n’est pas où vivent les corps.

Nous sommes en train de créer un monde où tous peuvent entrer sans privilège et sans être victimes de préjugés découlant de la race, du pouvoir économique, de la force militaire ou de la naissance.

Nous sommes en train de créer un monde où n’importe qui, n’importe où, peut exprimer ses croyances, aussi singulières qu’elles soient, sans peur d’être réduit au silence ou à la conformité.

Vos concepts légaux de propriété, d’expression, d’identité, de mouvement, de contexte, ne s’appliquent pas à nous. Ils sont basés sur la matière, et il n’y a pas ici de matière.

Nos identités n’ont pas de corps, c’est pourquoi, contrairement à ce qui se passe chez vous, il ne peut pas, chez nous, y avoir d’ordre accompagné de contrainte physique. Nous croyons que c’est de l’éthique, de la défense éclairée de l’intérêt propre et de l’intérêt commun, que notre ordre émergera. Nos identités peuvent être distribuées à travers beaucoup de vos juridictions. La seule loi que toute nos cultures constituantes pourraient reconnaître généralement est la règle d’or [« Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’ils te fassent », NdT]. Nous espérons pouvoir bâtir nos solutions particulières sur cette base. Mais nous ne pouvons pas accepter les solutions que vous tentez de nous imposer.

Aux Etats-Unis, vous avez aujourd’hui créé une loi, le Telecommunications Reform Act, qui répudie votre propre Constitution et insulte les rêves de Jefferson, Washington, Mill, Madison, Tocqueville et Brandeis. Ces rêves doivent maintenant renaître en nous.

Vous êtes terrifiés par vos propres enfants, parce qu’ils sont natifs dans un monde où vous serez toujours des immigrants. Parce que vous les craignez, vous confiez à vos bureaucraties les responsabilités de parents auxquelles vous êtes trop lâches pour faire face. Dans notre monde, tous les sentiments et expressions d’humanité, dégradants ou angéliques, font partie d’un monde unique, sans discontinuité, d’une conversation globale de bits. Nous ne pouvons pas séparer l’air qui étouffe de l’air où battent les ailes.

En Chine, en Allemagne, en France, à Singapour, en Italie et aux Etats-Unis, vous essayez de confiner le virus de la liberté en érigeant des postes de garde aux frontières du Cyberespace. Il se peut que ceux-ci contiennent la contagion quelque temps, mais ils ne fonctionneront pas dans un monde qui sera bientôt couvert de médias numériques.

Vos industries de plus en plus obsolètes se perpétueraient en proposant des lois, en Amérique et ailleurs, qui prétendent décider de la parole elle-même dans le monde entier… Ces lois déclareraient que les idées sont un produit industriel comme un autre, pas plus noble que de la fonte brute… Dans notre monde, quoi que l’esprit humain crée peut être reproduit et distribué à l’infini pour un coût nul. L’acheminement global de la pensée n’a plus besoin de vos usines.

Ces mesures de plus en plus hostiles et coloniales nous placent dans la même situation que ces amoureux de la liberté et de l’autodétermination qui durent rejeter les autorités de pouvoirs éloignés et mal informés. Nous devons déclarer nos personnalités virtuelles exemptes de votre souveraineté, même lorsque nous continuons à accepter votre loi pour ce qui est de notre corps. Nous nous répandrons à travers la planète de façon à ce que personne puisse stopper nos pensées.

Nous créerons une civilisation de l’esprit dans le Cyberespace. Puisse-t-elle être plus humaine et plus juste que le monde issu de vos gouvernements.

Davos, Suisse
8 février 1996