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Vers la musique libre – Bordeaux, février 2001

Zikos et amateurs de musique, ce message vous concerne ! Le texte qui va suivre se propose de vous causer d’un projet qui risque fort de révolutionner le marché de la musique, en pleine crise d’identité. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble nécessaire de parler de GNU. GNU est ce qu’en France les médias ont coutume d’appeler Linux (il serait plus juste de dire GNU/Linux), c’est-à-dire, un système d’exploitation entièrement libre, des programmes informatiques libres eux aussi, fruit du travail souvent bénévole de nombreux programmeurs à travers le monde.

GNU est régi par une licence très particulière, la GNU General Public License, qui garantit à tous

La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).

La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1).

La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin (liberté 2).

La liberté d’améliorer le programme, et de publier vos améliorations pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3).

(extrait de la traduction de Karl Pradène d’un texte de Richard Stallman intitulé « Qu’est-ce qu’un logiciel libre ? »)

Il est à noter, comme le précise d’ailleurs M. Stallman dans le même texte, que libre ne veut pas dire gratuit. Il existe des logiciels gratuits qui ne sont pas libres (freeware) à côté de nombreux logiciels et systèmes d’exploitation qui sont non seulement libres mais aussi gratuits (parfois les utilisateurs payent pour leur copie d’un programme informatique libre, parfois, c’est gratuitement qu’ils l’obtiennent). Le logiciel libre constitue une révolution, il circule sans entrave dans un univers pourtant marqué par la recherche du profit : lorsque vous copiez un logiciel Microsoft, même gratuit, et que vous le refilez à un pote, cela s’appelle du piratage et c’est puni par la loi (le copyright n’autorise qu’une copie par personne, aucune modification du produit n’est tolérée).

Richard Stallman, fondateur du projet GNU a trouvé un procédé très astucieux pour diffuser les produits informatiques tout en les les protégeant : le copyleft, ou copyright inversé. Le copyleft donne le droit de faire autant de copies que l’on veut d’un logiciel libre ; la copie devient libre à son tour et acquiert automatiquement le même statut que l’original, etc. Le but d’une telle entreprise étant de permettre à un plus grand nombre d’utilisateurs d’accéder aux produits informatiques en invitant les programmeurs comme les utilisateurs à « partager », « aider son voisin ».

La GPL n’est pas qu’une incitation à la copie et à la modification des logiciels (accès au code source), elle est aussi garante du respect des auteurs de logiciels libres (avant de mettre un logiciel sous copyleft, M. Stallman suggère de le mettre d’abord sous copyright afin de protéger son/ses auteurs), ainsi qu’un appel à un esprit plus communautaire, moins mercantile. A titre d’exemple, une distribution GNU/Linux (il en existe un nombre croissant) coûte rarement plus de 300 FF dans le commerce et vous donne accès à des milliers de logiciels – dont celui que j’utilise pour rédiger cet article. La quasi totalité des éléments du système et des logiciels fournis étant libres et gratuits, vous ne payez en somme que le packaging ; vous pourrez ensuite en faire ce que vous voudrez.

Tout ce préambule était destiné à vous éclairer sur le contexte dans lequel s’élabore actuellement la Free Music Public Licence, héritière musicale en ligne directe de la GNU GPL.

Musicien depuis un certain temps, je me suis toujours demandé quel était le meilleur moyen pour diffuser la musique que je compose. Cela m’embêtait fort d’être obligé de passer par une liste toujours plus longue d’intermédiaires vampiriques, ou muets, et lorsque je me suis par hasard intéressé au projet GNU, ça a tout de suite fait tilt : « Pourquoi pas une licence du même type pour la musique ? ». J’eus la chance d’échanger quelques mots avec R. Stallman sur ce sujet lors de sa venue à Bordeaux l’été dernier, pour les rencontres mondiales du logiciel libre. Il m’indiqua l’e-mail d’un étudiant de l’Université de Berkeley, Ensor avec lequel je me mis tout de suite en contact. Ensor travaille actuellement avec l’aide d’un avocat, Me Lawrence Lessig à l’élaboration du texte de la Free Music Public Licence (FMPL), le texte est aussi en germination avancée chez Ram Samudrala, auteur de nombreux – et fort instructifs – articles sur la philosophie de la musique libre. Il existe déjà quelques sites web qui diffusent de la musique libre, de nombreux musiciens y proposent déjà leur musique (on trouvera en fin d’article les adresses de ces sites).

Lorsque son texte sera juridiquement validé, la FMPL donnera, comme son inspiratrice informatique le droit de copier et de modifier la musique. Elle protégera bien entendu les musiciens contre les entreprises malhonnêtes telles que l’appropriation « commerciale » de leur musique par un tiers qui n’y aurait apporté aucune modification, et/ou aurait arbitrairement apposé son propre copyright sans tenir compte du/des auteurs de celle-ci. Les clauses à respecter impérativement pour diffuser de la musique libre sont de joindre le texte de la licence à la musique (sous forme de fichier informatique présent dans le CD, ou le fichier MP3) et de préciser les nom et contact du/des contributeur(s) (de même, tout logiciel libre est accompagné de la GNU GPL).

Toute entreprise commerciale sera régie par les termes de la FMPL, celle-ci ayant pour but principal de créer une communauté de musiciens solidaires, de stimuler la créativité par l’échange de connaissances dans le respect et la courtoisie, de faire circuler et de protéger la musique en légalisant la reproduction (fini le procès Napster !), d’autoriser la modification (arrangements différents, samples, interprétation différente, remix, ajout de paroles, d’instrumentation différente, reprises, etc.) des œuvres musicales et de supprimer les intermédiaires entre le musicien et le public (vente directe, téléchargements ou CD, possibilité pour le public d’enregistrer les concerts, etc.).

Il y a donc une réponse légale au trafic de copies illicites de CD : la copie licite ou copyleft. Il y a aussi une réponse au tarif exorbitant des CD (moins cher que le vinyle, c’est ce qu’on nous disait dans les années 80, bilan, le CD est à 120FF, pour un coût réel de fabrication se situant largement en dessous de 10FF).

Les musiciens ne touchent que 4% du prix versé par le public pour leurs CD ; de plus, ce barème est variable (les musiciens « connus » reçoivent plus de 4%, les autres, moins de 4%). A l’inégalité des chances entre les musiciens provoquée par l’attitude cynique sans ambiguïté des « géants » du secteur, à l’oubli de tant d’œuvres musicales sous prétexte que celles-ci n’ont pas de potentiel commercial, il y a une réponse : cette réponse, c’est la FMPL. La FMPL sera sans doute terminée – au plan légal – courant 2001. N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez des précisions supplémentaires sur ce sujet épineux, ou si vous souhaitez soutenir notre action, ou encore, si vous avez de bonnes objections à apporter à ce projet qui ne manquera certainement d’en soulever de nombreuses et cruciales pour sa pérennisation.

Toute contribution est bien entendue la bienvenue. J’invite tous ceux que le sort des exclus (volontaires ou non) du show business (et ils sont aussi nombreux que talentueux) intéresse à participer au développement du site. Vous pourrez bientôt y télécharger la musique d’Exorciste de Style, de Loubia Dobb System (deux projets auxquels je travaille), et de tous ceux qui auront envie d’y proposer leur musique. Vous pourrez aussi vous y exprimer sur la question, si elle vous intéresse. Nous ne misons d’emblée que sur l’honnêteté du public, son sens des responsabilités vis-à-vis de la société de consommation, et son respect supposé des créations musicales. Le système actuel et le développement du MP3 a malheureusement enfanté une nouvelle race de consommateur : le consommateur-voleur. Celui-ci aura-t-il un peu plus de scrupules à s’approprier de la musique libre ? Finira-t-il par acheter ma musique, et celle de ceux qui comme moi se sont engouffrés dans cette brèche ? Il la paiera moins cher que celle qu’il ne voulait plus payer, c’est déjà un bon argument. Il saura ensuite qu’elle ne profite pas à un producteur véreux, mais à celui ou ceux qui l’ont fabriquée.

Musiciens : la recherche seule du profit affame la créativité ! Ne sommes-nous pas de plus en plus nombreux à avoir les moyens techniques de produire de la musique de qualité par nous-mêmes ? Alors pourquoi attendre qu’un gugus en costard infroissable bleu électrochoc daigne – peut-être un jour, rien n’est moins sûr d’ailleurs – nous autoriser à pénétrer dans son joli bureau pour y signer le contrat du-siècle-de-la-mort-qui-tue (« Un havane, Serge ? »). Nous pouvons nous passer de lui, n’est-ce pas, amigos ! Pour le moment, un paquet d’entre nous sont obligés de trimer à autre chose qu’à leurs compos pour gagner leur croûte. Musiciens, mélomanes, labels indépendants de France, de Navarre, d’Amérique ou du Lesotho, aidez-nous à libérer la musique de ce système inégal et verrouillé, qui engraisse les uns pour mieux dépouiller les autres : rejoignez le camp de la musique libre !

Wagdi, Eric Aouanès

Comment faire son cd de musique libre ?

Comment faire son cd de musique libre ?

Enregistrer sa musique

Il existe dans le monde du libre des solutions alternative, souvent peu onéreuse, évidemment le matériel a toujours un coût mais on peut aussi recycler un pc en studio d’enregistrement :
voir les distributions Linux dérivées, spécialisées dans la musique ou le multimédia comme Librazik, Ubuntu Studio, Apodio, 64 studio …

Quelques références indispensables :
Réaliser un CD audio avec Audacity
Studio libre (lien archivé)
Musique Assistée par Ordinateur sous Linux

et n’oubliez pas :
Jusqu'en 2003, Billyboy a enregistré ses démos avec une console Behringer et une carte son ISIS sur un Pentium 166 avec 48 Mo de RAM. Démos qui lui ont quand même permis de faire une cinquantaine de concerts par an. Inutile donc de vous jeter dans un investissement énorme si votre but est de faire des démos et que votre budget est serré. N'écoutez pas les fondus du matos qui vous disent “pas ça, c'est de la merde”. Il n'ont pas forcément tord à leur niveau ou de leur point de vue, mais avez-vous besoin de plus pour démarrer ? Ne perdez jamais de vue vos propres objectifs.

Faire presser son CD
  • La pochette

Prenez contact avec une entreprise spécialisée dans le pressage de CD, on en trouve plein dans le bottin ou sur internet.
S’ils sont sérieux, ils vous donneront les normes exactes à respecter pour votre pochette : formats des fichiers à fournir, gabarits, etc …
Je ne vous cacherai pas que faire une pochette c’est un métier ! si vous avez un graphiste sous la main passez lui un coup de fil !
Si vous le faites tout seul, bonne chance …
Gimp et Scribus seront vos amis.

Il faut entre autre :
– penser à utiliser une définition de 300 dpi (point par pouces ? je crois), ça veut dire une bonne définition d’image
– faire attention à l’ordre des pages du livret
– faire attention aux marges qu’on vous donnera, prenez toujours un peu plus (d’expériences … ratées)
– utiliser des formats de couleurs CMJN, c’est à dire en quadrichromie
– pour le rond CD, si vous utiliser 1 ou 2 couleurs faites attention au format de l’image, on peut vous demander d’utiliser une couleur particulière pour les tracés

  • Mentions obligatoires

ah ! les Mentions obligatoires, voila qui est très intéressant !
Sachez qu’en tant que militant du libre, vous n’êtes soumis qu’à 2 d’obligations : le logo Compact Disc, et le logo PAI (ou DP).

Attention à bien expliquer votre démarche et la licence que vous utilisez à la boite de pressage à qui vous vous adressez, s’ils n’ont pas l’habitude, ils vous demanderont d’appliquer toutes les mentions obligatoires pour les adhérents de la SACEM, ou appliqueront eux même les divers logos Sacemiques et autres “Tous droits réservés …”.

Le logo Compact Disc peut vous être fourni, sinon vous le trouverez sur le web.
Le logo PAI “Propriétaire Actuellement Inconnu” signifie que vous n’êtes pas connu de la SACEM. Ce logo n’existe pas vous pouvez créer le votre ou jeter un œil à ceux sur Dogmazic :

Bien sur il faut préciser le type de licence libre que vous avez choisi, mettre un joli logo CC ou autre ainsi qu’une référence au contrat choisi.
N’oubliez le nom du groupe et le titre du CD, ça se fait.
Dans le cas DP, Domaine Public, vous pouvez aussi créer votre logo il n’existe pas non plus.

  • Demande SDRM

C’est la société de Reproduction des Droits Mécanique chez qui vous devez déposer obligatoirement une demande de pressage, avec le nombre d’exemplaires, s’ils sont destinés à la vente, à la promotion, bref un tas de détails liés au CD lui-même. Cette démarche permet à la SACEM de calculer les droits que vous devez payer si vous utilisez des morceaux de membres. Par exemple si vous avez eu la bonne idée d’adhérer à la SACEM et que vous faites une demande de pressage pour votre CD avec vos chansons, vous vous retrouvez à payer des droits de reproduction sur votre propre CD … En musique libre, votre demande sera examinée sous quinzaine et si tout est correct, on vous demandera la modique somme de 0 euros pour avoir le droit de presser votre CD.
le site de la SDRM

 


Ébauche à compléter…
Sources :
le post de Dana sur Dogmazic
www.lachips.propagande.org (lien archivé)